PSG : Rabiot, Verratti, Draxler... Comment Emery a révolutionné le milieu du PSG
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

Depuis le début de saison, les éloges pleuvent sur l’armada offensive parisienne. À juste titre. Mais résumer le jeu du PSG aux statistiques de ses attaquants serait réducteur tant le milieu de terrain imaginé par Unai Emery brille. Décryptage.

Non au PSG il n’y a pas que la MCN. Si le trio offensif composé de Neymar, Edinson Cavani et Kylian Mbappe marche sur l’Europe et affole les statistiques, le milieu de terrain parisien n’est pas en reste. En effet, contrairement à ce que de nombreux observateurs pensent, Unai Emery a une vraie responsabilité sur les prestations parisiennes. Sa patte est bien visible sur le jeu du PSG et cela passe notamment par les choix forts réalisés par le technicien basque dans le cœur du jeu. Des choix payants jusque-là, et pourtant la tâche n’était pas aisée. Avec le départ de Blaise Matuidi et un Thiago Motta vieillissant, Emery a dû refaçonner le milieu qui avait fait la qualité et la force de l’équipe de Laurent Blanc. Pas une mince affaire, d’autant que c’est le seul secteur de jeu parisien qui s’est affaibli quantitativement l’été dernier. Mais avec Rabiot, Draxler et Verratti, l’entraîneur espagnol a constitué un trio ultra complémentaire et capable de permuter, ce qui offre de multiples possibilités durant le match. Emery a inventé un triangle évolutif qui rend le PSG totalement imprévisible.

La trouvaille de Draxler

Le premier vrai choix d’Emery, c’est le repositionnement de Julian Draxler au sein de ce milieu à trois. Joueur très offensif, l’Allemand a vu ses chances d’évoluer à son poste de prédilection se réduire de façon importante avec les arrivées de Neymar et Kylian Mbappe. Mais avec son intelligence tactique, l’ancien joueur de Wolfsburg a réussi à parfaitement s’adapter à son nouveau rôle. S’il occupe numériquement le poste laissé vacant par le départ de Blaise Matuidi, il apporte bien évidemment des choses différentes. Ses qualités techniques lui permettent de conserver le ballon et d’orienter le jeu en jouant très haut. En phase offensive, Draxler est une sorte de faux numéro 10, capable de délivrer des passes décisives comme contre Monaco (2-1). Mais ce n’est pas tout. L’Allemand se déporte parfois sur la gauche, offrant la possibilité à Neymar de repiquer dans l’axe et de délivrer des caviars à ses attaquants. Avoir Draxler est un luxe et réussir à le faire jouer avec les trois devant tout en gardant l’équilibre n’est pas un mince exploit qui permet au PSG d’être totalement imprévisible. Marquinhos disait même récemment que techniquement Draxler est le joueur le plus impressionnant. Son intelligence tactique est également loin d’être négligeable et lui permet même d’être plus que convaincant dans son repli défensif jusqu’ici. Résultat, un but et deux passes décisives lors ses deux dernières titularisations en Ligue 1.

L’évolution de Verratti 

On ne dirait pas comme ça, mais Unai Emery a également fait évoluer le jeu de Marco Verratti. En conférence de presse, le technicien basque évoquait d’ailleurs le nouveau rôle du natif de Pescara : « Contre Nantes, il a réalisé la prestation que nous souhaitions. Il joue à un niveau plus haut. Il peut encore s’améliorer comme être plus près de la surface adverse et pour marquer plus de buts comme contre Anderlecht. » La volonté d’Emery est donc claire, il veut que le petit Italien joue plus haut sur le terrain et apporte sa qualité de passes dans les derniers mètres. Et c’est ce qu’il se passe de plus en plus. Laurent Blanc aimait l’avoir comme rampe de lancement plus bas sur le terrain tandis qu’Unai Emery veut le voir améliorer ses statistiques que ce soit en passes décisives ou en but. S’il alterne parfois avec Adrien Rabiot dans les transitions offensives, Verratti se retrouve régulièrement à proximité de là surface adverse et donc à l’origine (et même parfois à la conclusion !) de nombreuses actions. C’est d’ailleurs en Ligue des Champions que c’est le plus flagrant avec ses deux buts et deux passes décisives. Emery est donc clairement en train de faire évoluer Verratti vers un rôle beaucoup plus offensif afin de profiter de sa qualité de passes dans les derniers mètres.

L’émancipation de Rabiot

Et ce n’est pas le seul joueur à se transformer sous les ordres d’Unai Emery. Adrien Rabiot prend en effet une dimension incroyable. Déjà très bon en relayeur, l’international français excelle dans un rôle de sentinelle qui n’a pas sa préférence. Et c’est là encore que l’ancien entraîneur du FC Séville entre en jeu. Convaincu que Rabiot a les qualités pour jouer devant la défense, Emery a su également le faire comprendre à son joueur en lui laissant la possibilité de se projeter vers l’avant. Présent à la récupération du ballon, le joueur formé au PSG a surtout la capacité de briser les lignes adverses balle au pied grâce à une projection rapide. Et ça Emery ne veut pas s’en priver. Les percées de Rabiot sont donc compensées par Verratti et si le Français évolue plus bas sur le papier, dans la réalité cela ne l’empêche pas d’être décisif en étant notamment à l’origine de l’égalisation de Neymar contre le Celtic Glasgow et de l’ouverture du score d’Edinson Cavani contre Monaco. Il offre donc un profil totalement différent de celui de Thiago Motta. Et si l’Italien est un excellent métronome doté d’une qualité de passes et d’une vision du jeu hors norme pour sortir les ballons, Adrien Rabiot semble plus correspondre à la philosophie de jeu d’Unai Emery. Privé de renforts l’été dernier dans l’entrejeu, l’entraîneur espagnol a donc réussi à créer un milieu de terrain d’une redoutable efficacité en s’appuyant sur les qualités de ses joueurs et en adaptant son organisation de jeu. Le trio formé dans le cœur du jeu parisien brille en partie parce qu’Emery réussit à les faire jouer ensemble et a fait comprendre à Rabiot et Draxler la nécessité de jouer plus bas sur le terrain tout en conservant le plaisir que leur procure le jeu à leur poste de prédilection. Bien évidemment, c’est le travail de tout entraîneur de trouver des solutions, mais quand cela fonctionne il faut le dire. Et les choix de l’entraîneur parisien portent leurs fruits. N’en plaisent à ses plus fervents détracteurs, Unai Emery a bel et bien une part de responsabilité importante dans les brillants résultats actuels du club de la capitale. Et dire que certains pensent qu’il ne s’appuie que sur le talent de Neymar et Mbappé... @Arthur_Montagne

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