Alors qu’il peut se montrer distant et froid au premier abord, les différents témoignages dans l'Equipe de ceux qui le côtoient prouvent totalement le contraire. Décryptage de la méthode Ancelotti.
Carlo Ancelotti est un homme difficile à cerner. Auréolé de nombreux titres, entraineur de cadors européens, sa personnalité reste une énigme. Car si les résultats sont au rendez-vous, la méthode reste assez discrète. Le début de saison du PSG, en tête de la Ligue 1, est une nouvelle preuve de sa qualité d’entraineur et de meneur d’hommes. Avec un effectif remanié depuis l’arrivée des stars comme Ibrahimovic, Thiago Silva ou Alex, le technicien italien a parfaitement géré les mentalités des joueurs. Alors que Hoarau et Tiéné pourraient se plaindre d’un temps de jeu qui frôle le néant, on ne les entend pas. Une forme de respect. Il veut garder une certaine distance avec ses joueurs. C’est ce que l’on ressent à première vue chez lui et il ne s’en cache pas : « Je ne suis pas le père des joueurs mais leur entraineur ». Alors que Gerets était extrêmement proche de ses joueurs quand il entrainait l’OM et que les marques d’affection des joueurs, à l’image de Valbuena, se multipliaient, Carlo Ancelotti a une autre façon de voir les choses, tout aussi efficace.
Il fait l’unanimité Pour parvenir à rester proche de ses joueurs, il ne ressent pas le besoin de recevoir de nombreuses accolades. Les mots suffisent : « Il est proche de nous tous et a des valeurs humaines énormes. Il nous parle beaucoup, cherche à nous mettre en confiance pour qu’on évolue plus libérés une fois sur le terrain. Si je progresse, c’est grâce à lui et à son staff. » assure Blaise Matuidi. Pastore n’arrive pas à enchainer les bons matchs mais ne s’écroule pas et reste persuadé que cela viendra car il croit en son entraineur : « Il me demande souvent comment je vais, comment je me sens, si j’ai des problèmes. Il me montre que je compte pour lui. » S’il peut se montrer sévère pour le bien d’un joueur, Mister peut aussi avoir une pointe d’humour quand la situation le permet : « Je sais que vous êtes sortis ce weekend et que vous vous êtes couchés tard. La prochaine fois que vous faites ça, si vous ne voulez pas être sanctionnés, vous êtes priés d’inviter le staff. » avait-il sorti la saison dernière, après l’anniversaire de Sakho.
Une expérience inégalable A 53 ans, il n’a plus grand-chose à prouver. Si le défi parisien est un nouveau challenge, Ancelotti a déjà gagné l’estime de tous les spécialistes du ballon rond. Il n’a pas tout gagné d’un claquement de doigt. Ce sont les moments difficiles qui lui ont aussi permis de se dévoiler en tant qu’homme. Très à l’écoute, il avait par exemple permis à Florent Malouda, à la recherche de temps de jeu, de se relancer à Chelsea : « Je lui ai expliqué ma position, il a expliqué la sienne. Point final ». Tout cela peut paraitre banal mais la méthode a porté ses fruits. La marque de fabrique d’Ancelotti est clairement ce côté psychologue. En communiquant énormément et en ne faisant aucune différence de traitement entre les stars et le reste du groupe, à l’image de son expérience au Milan AC, Carlo Ancelotti parvient à maintenir le respect et une certaine complicité. Jusque là, le succès a toujours été au rendez-vous…
Par Mathieu Lefevre