Après des contretemps extra-sportifs, Souleymane Diawara est devenu le vrai leader qui manquait à l'OM. Si Mamadou Niang venait à quitter le navire, personne ne serait choqué de le voir récupérer le brassard de capitaine. Voici pourquoi.
Un discours de «brancheur» Il n’a pas encore assez accumulé d’heures de vol à l’OM pour espérer le brassard de capitaine. Avec les échéances du moment, Souleymane Diawara n’y pense certainement même pas mais il ne peut plus cacher son influence grandissante dans le vestiaire olympien. Si Marseille n’a plus perdu en Ligue 1 depuis 14 rencontres, il y est forcément pour quelque chose. C’est certain. Au-delà de ses compétences sportives (voir plus bas), il sait recadrer, être à l’écoute, épauler. Ainsi, il était premier à vouloir intégrer le timide Lucho Gonzalez cet été malgré son statut similaire de «rookie». Le décisif Argentin le lui rend bien, à sa façon. La méthode douce a toutefois ses limites puisqu’il excelle aussi et surtout dans sa manière d’enguirlander, voire de franchement rentrer dedans. «Sur le terrain, il nous parle beaucoup. Dans les moments difficiles, il dit ce qu’il faut faire ou ne pas faire et remonte le moral quand c’est difficile même s’il a parfois des mots durs. C’est un gagneur et il nous aide bien», admet Stéphane Mbia.
La filiation Niang La hiérarchie à l’OM concernant le brassard est officieusement établie : Mamadou Niang, Benoît Cheyrou, Taye Taiwo et Laurent Bonnart. L’avenir des deux premiers est incertaine au club, tout comme celle de Bonnart tandis que Taiwo n’est plus un titulaire indiscutable. Dans l’hypothèse d’un chamboulement de ces choix, le staff marseillais pourrait miser sur l’expérience de Diawara, qui semble le mieux placé pour assumer la filiation de Niang, son partenaire en sélection sénégalaise. L’homme, qui file sur ses 30 ans, arrive à maturité même si son impulsivité peut être rédhibitoire (son carton rouge à Madrid devant Cristiano Ronaldo). Ceci dit, il empêche les autres de tomber dans les mêmes erreurs : «Moi, dès que je me relâche, je sais que Souley va me brancher : «Alors Taiwo, t’as pas pris ton petit déj’ », assure Taye Taiwo dans Le Parisien.
Leader au sang froid(quand il veut) Depuis son arrivée sur la Canebière, tout le monde attend que Benoît Cheyrou devienne le leader naturel de l’OM. En début de saison, Bernard Pardo nous assurait même : «Ce qui a manqué à l’OM les saisons précédentes, c’est un vrai leader. Un mec capable de te transcender sur le terrain. Didier Deschamps en cherche un, je crois qu’il va tenter de façonner Benoît Cheyrou». Force est de constater que, dans son discours, il ne veut pas de son statut. Souley, vrai harangueur de foule, sait transcender ses partenaires. De plus, pour un défenseur central, il sait montrer l’exemple en ne franchissant pas autant la ligne jaune qu’il n’y paraît. Ainsi, il n’a écopé «que» de 4 cartons jaunes cette saison en Ligue 1, soit autant que Niang (un de moins que Cheyrou). De plus, il n’a jamais été expulsé, preuve qu’il sait aussi garder ses nerfs.
Un joueur qui sait se dépouiller Si Bordeaux a été champion de France en 2008-2009, il le devait déjà à Souleymane Diawara, présent dans le onze type de la LFP en fin de saison passée. Ses qualités athlétiques dans les duels, sa volonté d’aller au contact étaient louées par Laurent Blanc. Elles le sont toujours par d’autres. «J’ai un faible pour lui, il m’impressionne. Je l’adore. Je sens dans ses gênes quelque chose qui me fait penser à moi à l’époque. Diawara a la technique et l’impact physique. Il est plus grand et plus costaud que moi, au moins dix kilos», fait savoir Basile Boli. Pour ne rien gâcher, il sait aussi se montrer décisif du haut de ses 185 centimètres avec 4 buts cette saison en championnat. Toujours sur des montées rageuses, de la tête. «Il met des buts très importants et pourrait en mettre encore plus s’il y croyait», conclut Boli. Il reste quatre «finales» à Souley pour satisfaire son glorieux aîné.
Ambianceur cadrant avec le contexte marseillais Pourquoi les supporters l’adorent ? Parce que Diawara a très vite compris ce qui leur fait plaisir : être efficace et en rajouter. Quoi qu’il fasse, Souley est constamment dans le show, toujours dans l’extrême. «C'est un gars que j'apprécie beaucoup. Il super sociable, nature, pas formaté. Et puis il a un petit côté bad boy que j'aime bien», nous assurait Adil Rami la semaine dernière. Dans une soirée parisienne, Souley n’a ainsi pas hésité à enlever le haut et exhiber son torse… juste pour se faire installer un micro ! C’est aussi ça, Diawara. Sur le terrain, il sait aussi se sortir les tripes. «Il possède beaucoup de qualités que j'aimerais avoir, j'essaie de m'en inspirer. Par exemple, j'essaie d'être aussi imposant que lui dans les duels. Je suis déjà costaud mais pas autant que lui. Ses montées aussi m'ont impressionné quand j'ai joué contre lui. Les montées que je fais moi, ça vient de lui», estime Rami.