L'arrivée des Qataris au Paris Saint-Germain laisse pour le moment planer un grand flou. Suffisamment pour s'interroger sur les véritables raisons de leur venue.Hormis Michel Platini, aussi conservateur qu’il était visionnaire, tout le monde a applaudi l’arrivée des Qataris au PSG. Tout simplement parce que Qatar rime avec dollars et que chacun a entrevu l’espoir de poser un croc dans le gâteau. Une fortune sans limite qui a choisi de mettre quelques ronds dans le club de la capitale française, après avoir tourné autour pendant près de trois ans. « Paris est plus qu’un investissement pour la famille royale, explique Bertrand Marchand, entraîneur français qui entretient des liens étroits avec le Qatar. Le gendre de l’Emir m’a très souvent confié qu’il était fou amoureux de Paris. Et il n’est pas le seul de la famille ». En effet, l’épouse de l’Emir du Qatar a récemment racheté l’enseigne Le Tanneur pour 15 millions d’euros, simplement par amour pour Paris… et les sacs à main. « Ils connaissent très bien Paris, ils y habitent une partie de l’année, souligne Christophe Bouchet, ancien président de l’OM et de Sporfive. Mais ils ne sont pas venus là pour faire du tourisme. Ce sont des gens qui ont compris que le sport était le meilleur outil de communication au monde. De ce vecteur central pour nos démocraties, ils en font une logique d’entreprise. Et ça marche… »
Plus fort que les Ch’tis Après avoir obtenu l’organisation du Mondial 2022, le Qatar est toujours en quête d’image, mais désormais de crédibilité. En rachetant le PSG, comme le fond souverain a pu le faire avec Malaga (Espagne), les Qataris s’offrent la possibilité d’éprouver leur savoir-faire aux yeux de l’Europe. Et donc, de se faire connaitre un peu plus. « La France n’a pas compris qu’en mettant suffisamment de moyen dans le sport, on pouvait récolter des choses qui n’ont pas de prix, poursuit Christophe Bouchet. Regardez l’Espagne. L’Etat a investi de l’argent, du temps et de l’énergie. Et qu’est-ce que ça donne ? Un pays reconnu dans le monde entier pour être le meilleur dans toutes les disciplines. Dans un certain sens, la démarche des Qataris s’inspire de cela. » Bon, le Qatar n’a pas encore remporté de Tour de France ni de Coupe du monde de football, mais le pays dont la superficie ne dépasse pas celle du Nord-Pas-de-Calais (11 437 km² contre 12 414 km²) est aujourd’hui connu dans le monde entier. « Le PSG n’est pas le Real Madrid, d’accord, mais tout le monde connaît Paris, poursuit Bertrand Marchand, consultant pour la chaîne Al Jazira. Toutes les capitales européennes ont au moins deux clubs au plus haut-niveau. En investissant à Paris, les Qataris veulent frapper fort et montrer qu’ils sont capables de réussir ce que personne n’est jamais parvenu à faire : un grand club à Paris ».
De la forme pour du fond Téléguidée par l’Elysée, où le PSG compte l’un de ses plus grands supporters (le patron des lieux…), l’arrivée de QIA (Qatar Investisment Authority) à Panam ne s’apparente donc pas qu’à un simple coup de com’. « La Coupe du monde, ils l’ont, lance Francis Graille, ancien président du PSG. Ils ne vont pas acheter un club pour se justifier, ça ne rimerait à rien ». Pourtant, c’est bien pour soigner son image que ces pétrodollars ont été investis. Selon un financier français travaillant pour les clubs du Moyen-Orient, « le Qatar n’a pas apprécié d’être associé à de affaires de corruption. L’honneur est une chose très importante dans ce pays et cela peut motiver un esprit de revanche vis-à-vis de la Fifa et du grand public. Ils n’ont pas envie d’être assimilés à ces gens qui s’offrent tout ce qui passe sous leur nez. Leur stratégie européenne est donc très simple : investir plusieurs millions d’euros dans des clubs à potentiel de visibilité important, suffisamment malléables pour construire une réussite sportive. Et qui dit réussite sportive, dit image positive… » Le Qatar a en effet la capacité financière de s’offrir un Real Madrid comme un FC Barcelone (leurs fonds propres sont estimés à 85 milliards de dollars). Mais quel mérite aurait-il à maintenir un succès déjà existant ? A Paris, bien qu’il s’agisse d’une entreprise d’image, il y aura donc du fond. Au moins pour ces dix prochaines années.
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