Depuis le début de l'affaire Brandao, l'Olympique de Marseille adopte une stratégie très étrange. C'est en tout cas ce qu'analyse Emmanuel Daoud, avocat du barreau de Paris pour le cabinet VIGO et spécialiste de ce genre de dossiers.
Le 10 Sport : Brandao sera défendu par un avocat commis d'office. Étrange pour un footballeur, qui gagne très bien sa vie, de ne pas choisir son avocat dans une telle affaire ? Emmanuel Daoud : Très surprenant, en effet. Brandao a largement eu le temps de choisir, ce qu'on appelle, un avocat désigné. Peut-être est-il abasourdi ou tétanisé par les évènements mais ça m'étonne beaucoup de le voir être défendu par un avocat commis d'office.
D'autant qu'il doit être entouré. Et donc pas seul pour organiser sa défense ? Je m'interroge principalement sur le rôle du club. L'Olympique de Marseille dispose d'assez d'expérience et d'outils pour pouvoir correctement réagir dans cette affaire. Et ce qui se passe ne correspond pas à l'habituelle méthodologie. En tout cas à celle qui permettrait au joueur de se défendre dans les meilleures conditions.
C'est-à-dire ? Prenez l'exemple de l'affaire Zahia. Lorsque Franck Ribéry et Karim Benzema ont été cités, le Bayern Munich et le Real Madrid ont immédiatement protégé leur joueur.Chacun a contrôlé et maîtrisé sa communication. Chaque club a soutenu son joueur pourtant cité dans une affaire peu glorieuse puisqu'il s'agissait de relations tarifées avec une jeune femme mineur. Pour Brandao, je n'ai pas le sentiment d'avoir affaire à une stratégie de protection.
"POUR SON IMAGE, C'EST DRAMATIQUE"
Pour se séparer d'un joueur, c'est une bonne stratégie... Je n'irais pas jusque-là, parce qu'il faut rester prudent et humble dans de telles circonstances. Nous n'avons pas tous les éléments pour pouvoir juger. Par contre, c'est vrai que le club aurait pu lever une autre option en appelant à la présomption d'innocence et en soutenant ardemment son joueur jusqu'à son procès. Pour le moment, je n'ai rien vu de tel.
L'image du joueur, et pour conséquent du club, en prend un sacré coup ? C'est dramatique. La simple suspicion suffit à ternir une image. Il n'y a qu'à prendre les affaires de dopage. Dès que le doute plane sur un sportif, c'est terminé. Dans la société civile, c'est la même chose dans les affaires de pédophilie. Le soupçon fait beaucoup de dégâts. Par ricochet, il en fait aussi sur l'image du club.
La carrière de Brandao en prend un coup ? Son image, surtout. Alors même si ce n'est pas une tête de gondole comme peut l'être un Gourcuff, avec tout le poids publicitaire que ça engendre, Brandao reste un joueur de l'Olympique de Marseille. Donc exposé. Et donc sujet à subir plus de difficulté que n'importe quel autre joueur.
Emmanuel Daoud est avocat au barreau de Paris pour le cabinet VIGO. Il a notamment défendu l'athlète Eunice Barber après son altercation avec des policiers.