Pourquoi et comment l'ASSE et Gonzalo Bergassio s'affrontent sur les modalités de son transfert à Catane. Surréaliste et, surtout, pathétique quand on connaît toutes les clés du dossier.
On voudrait comprendre. Etre convaincus que la version des uns ne cache pas les vérités de l’autre. Gonzalo Bergessio, l’enfant chéri de Geoffroy-Guichard, est ainsi devenu l’indésirable de service, installé du jour au lendemain dans le groupe des lofteurs, provoquant la colère froide de son entraîneur Christophe Galtier. Mais que s’est-il vraiment passé ? Quelles sont les causes d’un tel retournement de situation, l’Argentin étant aligné comme titulaire lors des deux premières journées de championnat à Bordeaux et contre Nancy.
Une discussion d'homme à homme avec Galtier A la base du divorce, un amour inassouvi entre Bergessio et le club italien de Catane. L’Argentin, en Sicile, a été un véritable buteur (5 en 13 matches), apprécié de son entraîneur, de ses partenaires et adulé par les supporters locaux. En mai dernier, alors qu’il revient à Geoffroy-Guichard pour l’ultime rendez-vous de la saison face au PSG, Gonza espère que ses dirigeants vont trouver un accord avec Catane pour un transfert définitif. Des discussions ont lieu, à l’Etrat, et Roland Romeyer ouvre la porte à un départ à une seule condition : que Catane aligne aux environs de 4 millions d’euros. Montant qui n’arrivera jamais sur le bureau présidentiel de l’ASSE. Déçu et confronté aux problèmes de santé de sa femme lors de son accouchement, l’Argentin revient tardivement à Saint-Etienne lors du stage au Chambon-sur-Lignon. Il se fait une raison de rester dans le Forez mais tient à avoir une réelle explication avec Christophe Galtier. Bergessio veut jouer, Galtier lui accorde une place de titulaire. Bergessio veut de la confiance, Galtier lui en promet. Témoins, ses deux premières prestations à Bordeaux et contre Nancy. Seul hic, mais comment le reprocher à Galtier, Gonza quitte ses partenaires à l’heure de jeu, au terme de prestations moyennes.
Trois agents différents C’est durant cette période, au début du mois d’août, qu’interviennent les trois agents du joueur. Oui, ils sont trois… Un Argentin, un Italien et un intermédiaire marocain. Eux, comme le marché le permet jusqu’au 31 août, tentent toujours de transférer leur poulain à Catane. Qui dit transfert, dit commission. Qui dit transfert, dit argent frais pour les trois agents et prime à la signature pour le joueur. La règle est certes discutable mais elle a le mérite d’être parfaitement légale. Le tout premier clash intervient dans les trois jours qui suivent la victoire face à Nancy. C’est à ce moment précis que Galtier apprend les intentions des agents de Bergessio. Galtier, et on peut le comprendre, se sent trahi par son joueur. Et s’il ne dit rien à la presse pendant deux jours, laissant la rumeur Catane prendre corps dans les médias, il expose le fond de sa pensée devant les journalistes le jeudi lors d’un point presse. Bergessio, qui vient déjà de se mettre à dos son entraîneur, n’en a pas encore fini avec le club. Car les premières négociations entre les agents du joueur, Stéphane Tessier, Roland Romeyer et Catane débutent à l’hôtel du golf à Saint-Etienne.
Un trou de 400 000 euros Si les deux clubs trouvent rapidement un accord (transfert à hauteur de 1,9 million d’euros), un sérieux litige apparaît. Il concerne la différence de salaires entre ce que propose Catane et ce que touchait Bergessio à l’ASSE. Le calcul est simple : Catane offre un contrat de quatre ans à hauteur de 3,8 millions d’euros net. Soit 400 000 euros de plus que ce que toucherait Bergessio s’il restait jusqu’au terme de son contrat à l’ASSE. Ses agents demandent donc la différence et n’hésitent pas à rajouter dans la balance une prime qui leur est dévolue de 100 000 euros. Les Verts, bien entendu, refusent de payer. Mais se retrouvent confrontés à un dilemme que les agents de Bergessio ont vite compris : pour acheter un nouvel attaquant, l’ASSE doit vendre. Et donc récupérer l’argent du transfert. Le dossier est toujours bloqué. Bergessio, dont tout le monde loue les qualités humaines, est toujours à Saint-Etienne. Il semble avoir été « retourné » par ses agents, tel est, en substance, le discours que l’on tient dans les couloirs de l’Etrat. Rien ne l’empêche, pourtant, d’être déjà un joueur de Catane. Quoi qu’il advienne, on aurait aimé un tout autre scénario pour un joueur si attachant. Et d’autres méthodes que celles de ses trois agents.