La Tunisie à l’assaut de la présidence de la CAF
La rédaction

Le 12 mars prochain, les instances dirigeantes de la Confédération africaine de football éliront leur nouveau président. Alors que la CAF meurt de la corruption, la transparence sera l’un des enjeux du scrutin. Le Tunisien Tarek Bouchamaoui, réputé intraitable sur ce sujet, espère pousser le Malgache Ahmad Ahmad vers la sortie…

Le 12 mars prochain à Rabat, le président de la CAF sera connu. Candidat à sa propre succession, Ahmad Ahmad espère se présenter seul. Plusieurs autres postulants à ce poste prestigieux avaient annoncé leurs velléités de se présenter, tout en assurant qu’ils ne s’opposeraient pas au Malgache si celui-ci visait un nouveau mandat. Mais depuis plusieurs jours, la donne a changé : en Tunisie, Tarek Bouchamaoui vient d’annoncer qu’il désirait être candidat. Membre du Comité exécutif de la CAF mais également du Conseil de la FIFA, l’homme d’affaires n’a jamais caché ses ambitions pour ce poste. Il vient désormais d’obtenir l’appui du ministre tunisien de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche. Ce dernier a reçu, lundi, le candidat à la présidence de la CAF à qui il a assuré de mettre tous les moyens en œuvre pour l’aider dans sa mission. La Tunisie espère ainsi mettre la main sur une place qui échappe aux pays d’Afrique du Nord depuis plusieurs décennies.

La gestion d’Ahmad Ahmad critiquée

Alors que le dépôt des candidatures est fixé au 12 novembre, Tarek Bouchamaoui pourrait donc, si la Fédération tunisienne de football l’adoube, être le principal opposant à Ahmad Ahmad. Le président actuel de la CAF doit faire face à plusieurs polémiques : accusé de conflit d’intérêts, il avait été arrêté et interrogé par la police en juin 2019 ; sa volonté de faire rejouer la finale retour de la Ligue des champions africaine après l’interruption du match avait également provoqué un véritable tollé, notamment en Tunisie ; enfin, sa gestion de l’institution laisse à désirer et un rapport du cabinet d’audit PwC avait montré le « manque de traçabilité de plusieurs transactions » et « l’absence de pièces justificatives comptables ». Le président de la CAF avait notamment été épinglé pour avoir encaissé des frais non justifiés.

Plus de diffuseur pour la Coupe d’Afrique des Nations

Ces derniers mois, il a donc été question de la candidature ou non du Malgache. La crise sanitaire de la Covid-19 a, semble-t-il, éteint les différentes polémiques. Mais Ahmad Ahmad reste décrié. Après avoir été dans le viseur de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclif), l’ancien ministre malgache est également pointé du doigt après la rupture du contrat entre la CAF et Lagardère. Ces derniers mois, la Confédération n’a pas trouvé de diffuseur, ce qui ne risque pas d’arranger la situation économique de l’institution. Malgré tout, une chape de plomb semble peser sur les prétendants au poste de président de la CAF : le Sénégalais Augustin Senghor, l’Egyptien Hany Abo Rida ou encore le Marocain Fouzi Lekjaa ont tous annoncé, ces derniers mois, leur ambition de se porter candidats à ce poste… avant de rappeler qu’ils seraient fidèles à Ahmad Ahmad si ce dernier rempilait.

Tarek Bouchamaoui : transparence et réformes au programme

Tarek Bouchamaoui, lui, semble déterminé à en découdre avec le Malgache. Et pour ce faire, le Tunisien peut compter sur un bilan positif lorsqu’il était à la tête de la commission d’arbitrage de la CAF ou encore président de la commission des compétitions interclubs. Passionné de football, Tarek Bouchamaoui est un légaliste, qui annonce vouloir redonner ses lettres de noblesse à la CAF. Le Tunisien ferait actuellement travailler une équipe sur son programme. Pour la rédaction de ce dernier, Tarek Bouchamaoui aurait demandé à ses équipes de mettre l’accent sur la réforme du modèle économique de l’institution, mais également sur la modernisation de l’administration. Parmi ses ambitions, également, celle de soutenir les fédérations pour développer les infrastructures, d’engager un peu plus les différentes zones dans le processus de décisions ou encore d’améliorer les compétitions pour proposer un meilleur produit sportif, en les ouvrant notamment à de nouveaux marchés. Un programme fort pour une personnalité qui, en Tunisie, fait l’unanimité. Adepte de la transparence et de la rigueur, Tarek Bouchamaoui veut appuyer sur ces deux valeurs pour tenter de redonner à la CAF un second souffle et sortir l’institution du marasme annoncé. Un président de fédération explique, sous couvert d’anonymat, que « seul Tarek Bouchamaoui peut aujourd’hui procéder au nettoyage des écuries d'Augias ». Réputé incorruptible, le statut de l’homme d’affaire lui confère d’ores et déjà le rôle d’outsider face à un Ahmad Ahmad que les affaires judiciaires ne finissent pas de disqualifier et qui voit, dans la CAF, une poule aux œufs d’or.

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