Quotas LEquipe bien avant Mediapart
La rédaction

Dans un ouvrage publié par L'Équipe le 23 octobre 2010 intitulé « 101 propositions pour le football français », bon nombre d'acteurs du football avaient déjà évoqué les critères de sélections physiques. Dans l'indifférence générale.

Au-delà des divers propos tenus par Laurent Blanc et les membres de la DTN, les révélations de Mediapart n'ont fait que mettre en lumière le sujet latent de la politique de formation du football français. Au mois d'octobre 2010, l'Equipe publiait en effet un livre blanc pour soulever, entre autres, ce débat des critères de sélections dans les catégories jeunes. Dans « 101 propositions pour le football français », certains avaient même pris des positions très claires, sans pour autant susciter l'émoi de ces derniers jours.

Christian Gourcuff (Entraîneur du FC Lorient) : « En équipes de jeunes, on a tendance à privilégier le court terme en alignant de grands gabarits, mais il faudrait être prêt à perdre chez les jeunes pour gagner ensuite et faire confiance à des joueurs qui sachent évoluer ensemble. (') La DTN peut influer sur les critères de promotion des jeunes en sélection. » Jean-Michel Larqué (Ancien international ? 14 sélections - ; président du district des Pyrénées-Atlantiques ; consultant de France Football, L'Equipe TV et RMC) : « Je crois qu'à force d'insister sur le travail physique dès les catégories de jeunes on a trop mis de côté l'aspect technique et analytique. »

Lionel Létizi (Ancien international ? 4 sélections - ; gardien de l'OGC Nice ; vice-président de l'UNFP) : « Le système français de formation a sans doute atteint ses limites. On produit dans les clubs des joueurs formatés sur le même modèle, grands, costauds, forts physiquement mais trop souvent dénués de créativité. »

Claude Puel (Entraîneur de l'Olympique Lyonnais) : « En France, on a la chance d'avoir un potentiel de joueurs athlétiques considérable, qu'on doit à nos joueurs de couleur, un profil de joueur dont ne dispose pas, par exemple, le football espagnol. C'est une force, un avantage immense, mais on s'est trop focalisés sur l'aspect athlétique ces dernières années, on n'a pas assez approfondi la relation des joueurs entre eux, sur le terrain (') Il faut redonner leur place aux petits gabarits, aux joueurs gabarits, aux joueurs à inspiration. On a le potentiel physique et technique pour disposer d'un football complet et reprendre l'avance qui était la nôtre quand la formation à la française avait dix ans d'avance. »

Francis Graille (Ancine président de Lille et du Paris Saint-Germain) : « La Fifa permettant à des jeunes joueurs d'origine étrangère de choisir la sélection d'un autre pays, se pose la question de savoir s'il est toujours intéressant de payer pour former de futurs internationaux étrangers. »

Etienne Mougeotte (Directeur Adjoint du groupe Le Figaro) : « Le système de formation « à la française » est périmée. En privilégiant l'individu au détriment du collectif, les centres de formation contribuent à façonner les prototypes de footballeur-roi. Quand les Allemands et les Espagnols fondent des écoles de jeu en faisant évoluer toutes les catégories d'âges selon les mêmes préceptes collectifs, les Français se contentent d'évaluer les joueurs selon leurs statistiques individuelles. Une approche restrictive qui favorise l'émergence de profils identiques : des joueurs athlétiques et endurants mais avec un altruisme limité. Comment s'étonner que les vedettes de l'équipe de France soient auto-centrées et déconnectées des réalités les plus élémentaires ' »

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