Extraits de l'audition de la Ministre des Sports Roselyne Bachelot devant la Commission des Affaires Culturelles à l'Assemblée. Roselyne raconte la grève des joueurs de l'intérieur et le discours qu'elle a tenu aux Bleus.
Mme Tabarot, présidente de la Commission des Affaires Culturelle.
L’attitude des joueurs envers les supporters et la presse a été inacceptable. Leur grève a nui à l’image de la France dans le monde. Il est tout de même incroyable de devoir rappeler de telles évidences : figurer dans la sélection nationale, ce n’est pas seulement une reconnaissance mais bien une responsabilité importante et un honneur rare. Comment un joueur peut-il l’oublier ?
Parviendrons-nous à réintroduire de l’éthique dans ce sport et à rappeler aux joueurs les valeurs attachées au maillot bleu frappé du coq et malheureusement d’une seule étoile, au moins jusqu’à la prochaine Coupe du monde '"
Mme Bachelot, Ministre de la Santé et des Sports.
"Cette situation a commencé le dimanche 20 juin après-midi. Après avoir accepté, dans un premier temps, l’exclusion de Nicolas Anelka, conséquence de ses propos injurieux à l’égard de Raymond Domenech, les joueurs ont pris la décision de bouder l’entraînement, sans mesurer les conséquences de leur acte. À partir de là, la machine s’est emballée, tout s’est précipité. J’ai alors rejoint Bloemfontein pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être.
À ce moment, je le rappelle, certains médias soulevaient l’hypothèse, catastrophique si elle s’était réalisée, que l’équipe de France ne se présente pas sur le terrain pour affronter l’Afrique du Sud, pays hôte. Je suis intervenue à la demande de Nicolas Sarkozy pour éviter un tel drame et demander aux joueurs de se ressaisir. Une réunion entre le président de la Fédération, le sélectionneur, le capitaine de l’équipe de France et moi-même a eu lieu. Je souhaitais les entendre et essayer de comprendre comment ils en étaient arrivés là. Puis j’ai rencontré les joueurs pour leur dire des choses très dures mais nécessaires. Pour couper court aux polémiques, je vais vous lire les propos que je leur ai tenus :
« Je ne suis pas venue devant vous pour porter des jugements ni instruire des procès. Ce temps viendra plus tard, soyez-en convaincus. Une chose est certaine, vous avez perdu la bataille de la communication mais vous avez perdu beaucoup plus que cela : vous avez perdu l’estime de la classe politique, de la presse, y compris la presse mondiale, du monde du sport – pas un sportif ne s’est levé pour vous défendre –, des citoyens, des sponsors, des jeunes. C’est pour vous un désastre.
« Dans ce champ de ruines, je suis la seule à vous avoir soutenus et à vous soutenir. Je vous parle comme une mère. Je peux vous parler franchement, je ne vous ai jamais tiré dans le dos. La réalité de la situation, il faut l’affronter de face. Ce n’est pas seulement un mauvais moment à passer. Rien ne sera comme avant. Ce sont vos gosses, tous les gosses pour qui vous ne serez plus des héros. Ce sont les rêves de vos compagnes, de vos amis, de vos supporters, que vous avez brisés. Ce sera l’image de la France que vous avez ternie, comment voulez-vous que l’on se souvienne de vous ?
« Demain, c’est le dernier match de cette phase mais c’est aussi peut-être votre dernier match de Coupe du monde. Cette Coupe du monde, vous en avez rêvé depuis que vous êtes gamins. Avant le match, réputé ingagnable, contre les All Blacks, Raphaël Ibanez, le capitaine de l’équipe de France, avait écrit une seule phrase sur le tableau : “Comment voulez-vous que l’on se souvienne de vous '” Oui, comment voulez-vous que l’on se souvienne de vous ? Alors, battez-vous ! »
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http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cedu/09-10/c0910054.asp#P2_66