Ce samedi, 198 coureurs s’élanceront de Liège, en espérant rallier Paris, trois semaines après. Parmi eux, pas mal de Français. Mais seule une poignée d’entre-eux se distingueront. Revue d’effectif.
Alpe d’Huez, le 22 juillet dernier. En haut du plus mythique des cols français, rythmés par ses impressionnants virages, le Français Pierre Rolland s’impose. Pas en partant du dixième kilomètre, comme nos coureurs avaient pris l’habitude de procéder ces dernières années. Le protégé de Jean-René Bernaudeau, lui, s’est imposé à la pédale, et devant deux immenses grimpeurs, l’esthète Contador et le régulier Samuel Sanchez. Un peu moins d’un an après, Rolland se présente au départ de son quatrième tour de France, rempli d’ambitions. L'Espagnol suspendu, Schleck absent, on se prend, nous aussi, à rêver d'un sacre français, dans trois semaines, sur les Champs-Elysées. Cyrille Guimard et Thierry Bourguignon, anciens coureurs devenus consultants, commentent pour nous les chances françaises.
« Là, on joue au loto » Onzième l’an passé, Pierre Rolland, qui se déclare lui-même en meilleure forme, fait figure de plus grande chance française, avec les doutes qui entourent son coéquipier Thomas Voeckler. Mais les cent kilomètres de contre-la-montre, et son jeune âge, pourraient être rédhibitoires. C’est du moins l’avis de Bourguignon : « Un gars en pleine forme est présent, même s’il y a trop de chronos qui l’handicapent... C’est un très bon coureur, on savait qu’il avait du potentiel. Mais je ne veux pas me précipiter. Le nouveau Hinault ? Le nouveau Virenque ? Mais au Dauphiné, dès que la route s’est élevée, on n’a plus vu les Français. Et le Dauphiné est un très bon révélateur de ce qui se passera en juillet ». Cyrille Guimard est de même avis. Rolland, et les autres, sont encore trop tendres : « Honnêtement, compte-tenu des cent kilomètres, difficile de voir le podium. Il va perdre six ou sept minutes en contre-la-montre. Sauf si il se glisse dans une échappée, mais là, on joue au loto. Et en montagne, il ne pourra, au mieux, que suivre les meilleurs. Coppel, lui, peut se permettre de limiter les dégâts en contre-la-montre, mais il ne tient pas les meilleurs en montagne. Pour Voeckler, le problème est de savoir si vraiment, il n’a pas du tout roulé ces derniers jours. Si c’est vraiment le cas, il ne pourra pas se montrer à son avantage. Ça se saurait si on pouvait marcher sans s’entraîner ! ». Voilà nos rêves de maillot jaune français à Paris envolés…
« Ce Tour va nous surprendre » Mais à défaut de monter sur la plus haute marche, les Français pourraient jouer un rôle majeur, dans cette édition 2012 de la grande boucle. Oui, l’équipe Sky est impressionnante. Mais derrière, c’est le désert. Thierry Bourguignon confirme : « Ce Tour va nous surprendre. L’absence de grands leaders peut favoriser les Français. Il faut surtout éviter les courses d’attente qui régnaient sur le Tour ces dernières années. Elles sont aussi ennuyantes pour les spectateurs qu’elles ne favorisent pas nos coureurs. En mettant un peu de folie, les Français pourront tirer leur épingle du jeu ». L’ancien coureur de BigMat-Auber pense à quelqu’un en particulier : « Moi, je vois bien Sylvain Chavanel briller. Déjà grâce aux nombreux contre-la-montre, un exercice qu’il apprécie. Et avec quelques coups d’éclats, je le vois bien se placer dans le top 10 à Paris ». Réponses lors de ces trois prochaines semaines. Sur le bord de la route, ou dans votre canapé…