Thierry Bourguignon et Benoît Vaugrenard réagissent pour Le 10 Sport au décès de Laurent Fignon, dont ils évoquent le fort caractère qui l'a accompagné tout au long de sa carrière de coureur.
Thierry Bourguignon (ancien coureur de 1990 à 2000)
« Ça fait mal même si on s’y attendait à une échéance plus ou moins brève. J’ai un ami qui est également décédé de cette maladie cette année à 45 ans. Laurent s’est battu jusqu’au bout.
Je garderai de lui l’image d’un battant, l’image du vainqueur mais aussi l’image du vaincu avec ce Tour de France perdu pour 8 secondes en 1989. Ça m’avait fait très mal à l’époque. J’étais encore chez les amateurs et j’avais trouvé ça horrible de perdre comme cela.
Il était très controversé dans le milieu. Je l’ai plus apprécié vers la fin de sa carrière. On a fait plusieurs critériums ensemble quand il a fait ses adieux. Il semblait plus détendu. Pendant sa carrière, il paraissait parfois agressif, il a refusé des autographes à des enfants, ce qui est rare dans le milieu. Mais c’était sa personnalité. Il avait aussi l’image d’un sportif intello. C’était l’homme à la queue de cheval. »
Benoît Vaugrenard (coureur chez la FDJ)
« C’est une grande tristesse. Le cyclisme français et international perd un grand champion. Je n’ai pas eu l’occasion de le côtoyer pendant le dernier Tour de France mais l’on prenait des nouvelles par le biais de notre directeur sportif à la FDJ (Marc Madiot) qui le connaissait bien.
C’était un grand coureur avec un caractère très fort. Il avait un moral exceptionnel, impressionnant. Il l’a encore montré en combattant sa maladie. C’était un vrai gagneur.
Il a eu des mots assez durs parfois avec la nouvelle génération. Cela nous a un peu déçu mais il était comme ça. C’était Laurent Fignon. Il était un peu brut de décoffrage. »
Luc Leblanc (RMC)
Il était un peu à part, il était distant du peloton, un caractère pas simple. J’ai toujours eu un peu de mal au niveau des relations, mais j’ai toujours eu du respect pour lui. C’était un peu l’intellectuel, un des rares bacheliers du peloton. Dans ses commentaires, on sentait quelqu’un qui maitrisait ses propos. (…) C’est beaucoup d’émotion pour moi que de le voir partir. C’était un très, très grand coureur.»
Bernard Hinault (i>télé)
« Jamais on aurait pensé que ça aurait été jusque-là. A l'image du personnage, il s'est battu, jusqu'au bout. Et malheureusement il n'a pas gagné. »
David Douillet (i>télé)
Il était très diminué sur le tour de France, mais je croyais qu'il allait gagner ce défi. Je pensais que ça irait de mieux en mieux. Ca me met un coup personnel, parce que c'était un ami, et ça met un coup à tout le sport français. C'était quelqu'un de très attachant. Un homme intègre, qui avait des vraies valeurs, celle des grands champions. Il va énormément nous manquer, il savait transmettre la passion du cyclisme et essayait de faire évoluer les choses. On a perdu quelqu'un de grand.»