Cyclisme - Mondiaux : « L’attitude de Van der Poel et Evenepoel, c’est inacceptable »
Alexandre Higounet

En remportant le titre Mondial dimanche après son doublé Giro-Tour, Tadej Pogacar rejoint au palmarès Eddy Merckx et Stephen Roche, les deux seuls à avoir accompli un tel exploit dans une saison. Pour l’Irlandais, si le raid de Pogacar au Mondial est fantastique, l’attitude passive de ses rivaux Van der Poel et Evenepoel au moment de l’attaque est hautement critiquable.

Dimanche dernier, en partant seul à quasiment cent kilomètres de l’arrivée lors de l’épreuve sur route des championnats du monde, Tadej Pogacar a réalisé un exploit exceptionnel susceptible de marquer sa carrière, comme il a marqué les esprits. A commencer par ceux de Remco Evenepoel et Mathieu Van der Poel, ses deux principaux concurrents pour le titre de champion du monde, qui ont laissé partir le Slovène, persuadés qu’il lançait ici une offensive impossible condamnée à l’échec.

« S’il n’y avait pas eu les Strade Bianche ou Liège Bastogne Liège… »

Comme rapporté par cyclingnews.com, Remco Evenepoel a ainsi commenté après la course : « Je veux dire, au moment où il attaque au sommet de la montée, je me trouvais à côté de Mathieu Van der Poel. Nous avons pensé que c’était un mouvement suicidaire et que tout allait se regrouper. Mais au bout du compte, il était dans un grand jour et a roulé aussi vite que nous l’avons fait à sa poursuite, alors il le mérite. Lorsque l’on regarde sa saison, il est celui qui mérite de porter le maillot de champion du monde. Je pensais que nous avions le contrôle de la situation et j’ai dit à Tiesj Benoot que si nous parvenions à maintenir l’écart à 50 secondes, ce serait parfait. Dans une course, vous pourriez dire que c’est aisément contrôlable, surtout avec le vent de face sur la partie la plus longue de la montée. Quand nous sommes de nouveau arrivés sur la montée raide, j’ai vu mes gars passer derrière. Il ne restait plus que Tim Wellens et Maxim Van Gils pour rouler. J’ai alors dit à Maxim : ‘’Roule à bloc jusqu’au sommet et ensuite j’essaierai de relancer la course’’. Mais je pense que Tadej était juste dans une journée spéciale. Je ne referais pas les choses différemment. Chaque gars normal vous dirait que 100 kilomètres dans ces conditions, c’est beaucoup trop long, mais je pense que cette année, Tadej n’est pas normal. Comme je l’ai dit, il mérite son titre. De notre côté, il n’y a pas de raison de nous rendre fous ou tristes avec cette course. Nous avons essayé, nous avons fait le maximum ».

« Le fait qu’ils laissent partir Pogacar comme ça, c’est inacceptable »

Une prise de position fortement contestée par l’ancien champion Stephen Roche, qui avait lui aussi réalisé un triplé Giro-Tour-Mondial en 1987, et qui a expliqué au micro de cyclismactu.net : « S'il n'y avait pas eu les Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège... Je serais d'accord avec eux. Mais il n'en est pas à son premier coup d'essai donc pour des coureurs de ce niveau, ce n'est pas acceptable comme excuse. Pour moi, Pogacar reste Pogacar, il est capable de faire n'importe quoi, n'importe où et n'importe quand. Il fallait le surveiller et les coureurs ont un peu mal jugé ou ils étaient endormis, mais il n'y a pas d'excuse de rater Pogacar. C'est le grand favori, son maillot vert est voyant, on ne peut pas dire qu'on ne l'a pas vu partir. Si on le voit partir, il faut y aller. Là, tout le monde dormait. Ce gars-là, il ne faut pas le laisser partir, parce qu'on lui laisse 1 mètre, ça en devient 100 et après c'est terminé. Le fait qu'ils le laissent partir comme ça... Ce n'est pas acceptable ».

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