Bartoli Rezai pourquoi tant de haine
La rédaction

Les deux meilleures joueuses françaises continuent de s'écharper verbalement. Rivalité, jalousie ? La brouille ne date pas d'hier. Trois ans déjà que les deux jeunes femmes se livrent un duel à distance.Rezaï : «Marion, une fille difficile» Si vous voulez énerver Marion Bartoli, posez-lui une question sur Aravane Rezaï. L’inverse marche aussi. La dernière attaque est arrivée mardi. A celle de savoir si elle n’était pas agacée qu’on parle souvent de Rezaï et qu’on oublie que c’est pourtant elle la n°1 française, Bartoli a montré des signes d’agacement évidents : «Qu'on oublie ou pas, je m'en fous totalement. Ce n'est pas du tout ce qui m'intéresse. Très honnêtement, je n'ai pas besoin de voir arriver une autre joueuse française pour être motivée, je n'envie ni ne jalouse les résultats des autres. Je fais ce que j'ai à faire en pro business chaque jour et du mieux possible. Moi, je n'ai pas d'ambition à avoir, la joueuse qui a eu de l'ambition, vous l'avez déjà citée mais quand moi je fais une demie à Miami, j'ai l'impression que cela passe totalement inaperçu. Après, vous les journalistes, vous gérez comme vous voulez, ça n'est pas mon problème».

Clap de fin ? Non, certainement pas. Se sentant attaquée, Rezaï, 19e joueuse mondiale (Bartoli est 14e) depuis son succès à Madrid, il y a dix jours, a répliqué le lendemain, après sa qualification pour le troisième tour. «Marion est une fille très difficile. C'est un peu bizarre qu'elle ait un problème avec moi alors que je n'ai rien fait. Je n'ai pas la même éducation qu'elle. Je respecte beaucoup de joueuses, je fais mon truc et je m'entends avec plein de joueuses. Marion a vraiment du mal à s'intégrer avec les autres. Je n'ai jamais eu un mauvais comportement vis-à-vis d'elle, j'ai toujours respecté les joueuses. Si je suis médiatisée, c'est que je dois le mériter. Aujourd'hui, je fais partie de l'équipe de Fed Cup, j'essaie de m'intégrer. Si elle se plaint d'être moins médiatisée, il faut qu'elle fasse les mêmes efforts que moi.»

La guerre a commencé le le 29 mai 2007
La vérité a éclaté aux yeux de tous : les deux jeunes femmes ne s’apprécient donc pas. Ce n’est pourtant pas une nouveauté. La guerre des mots a vraiment débuté il y a trois ans, sur ces mêmes courts parisiens. Déjà, on sentait que Bartoli ressentait un peu de jalousie par rapport à sa cadette, qui venait à peine d’éclore sur le circuit. Le sort joue son rôle, puisqu’il réserve un duel entre les deux meilleures ennemies dès le premier tour. Le mardi 29 mai 2007, Bartoli domine Rezaï très facilement (6/2 6/4). La logique est respectée puisque la joueuse d’origine corse est alors dans le Top 30 depuis quelques mois (elle accèdera à la finale de Wimbledon, un mois plus tard). Mais Bartoli, en conférence de presse d’après-match, ne mâche pas ses mots.

Elle est énervée parce que la presse s’est plus focalisée sur son adversaire que sur elle et ne comprend pas pourquoi. «Normalement, je ne lis jamais la presse. Mais je m’y suis un petit peu intéressée. C'était plutôt la préparation Aravane Rezaï que la préparation Bartoli dans les revues. Je me suis dit : «elle joue contre personne, je n'ai pas de pression, ce sera tranquille». Je suis arrivée sur le court en me disant que c'est quand même moi qui ai gagné 3 tournois et pas elle. Elle a fait une finale la semaine dernière d'accord (ndlr, à Istanbul), mais sur toute l'année et notre carrière, il n'y a pas commune mesure entre mon palmarès et le sien. C'est quand même moi qui vais entrer favorite sur le court. C'est ce que j'ai fait avec un match en 2 sets où je lui laisse que 6 jeux». Rezaï ne répondra que timidement à ses attaques, faisant tout de même remarquer : «Je ne me sentais pas très, très proche de Marion dès le début. Je la considérais comme une autre joueuse française, c’est tout». La rivalité était née.

L’exemple de la Fed Cup
Et celle-ci a perduré jusque dans leur gestion de la Fed Cup. Comme par hasard, ce sont toujours ces deux-là qui se sont faites remarquer en refusant d’intégrer l’équipe de Nicolas Escudé pour des raisons techniques. En refusant de se séparer de leur structure d’entraînement respective, elles se sont coupées de cette équipe durant près de trois ans jusqu’à ce que le clan Rezaï accepte de laisser Aravane entre les mains du staff des Bleues. Le résultat a été fracassant en Allemagne, avec une belle victoire pour son premier match et un maintien dans le groupe mondial. Pendant ce temps, Bartoli devait ruminer devant son poste de télévision.