Paris peut il couler
La rédaction

Le Stade Français, club le plus titré ces dix dernières années (5 Brennus) pourrait ne pas participer aux phases finales. Difficultés sportives, mais également financières : est-ce le début de la fin pour le club de la capitale ? Pas sûr?

Huitième du Top 14. Voilà bien longtemps qu'on ne regarde plus la seconde partie du classement pour voir apparaître le nom du Stade Français... Avec 7 victoires, 4 nuls et 8 défaites, le bilan n'est même pas équilibré. Et paradoxalement, alors que les six premiers seront qualifiés pour les phases finales, une première depuis l'instauration de la poule unique, le Stade Français pourrait ne pas y participer. Ce serait également une première pour le club de la capitale.

« Une défaite et c'est terminé »Il reste sept matches au Stade Français pour inverser la tendance et combler son retard de six points sur Toulon (6e et premier qualifié). Mais le calendrier des Parisiens s'annonce des plus délicats avec un déplacement à Bourgoin, dès samedi. Il faudra ensuite enchaîner en mars avec la réception de Toulouse et des déplacements périlleux à Brive et Perpignan, avant de conclure par la venue de Clermont au Stade de France, début avril.

Un quasi sans-faute est attendu pour continuer de croire à une improbable qualification. « Le Stade Français a des circonstances atténuantes, explique Thomas Lombard. Entre l'hécatombe de blessés et les changements d'entraîneurs, c'est une équipe en reconstruction. » Mais pour l'ancien centre parisien, « le match à Bourgoin (samedi) est déjà décisif. En cas de défaite, ce serait terminé. » Pour Benoît August, ancien talonneur du club (de 2001 à 2004) aujourd'hui à Biarritz, « le Stade Français a encore les moyens de se qualifier. » On risque de vite le savoir.

En manque de leadersAu fil des ans, le Stade Français s'est construit une image d'équipe capable de renverser des montagnes. En s'appuyant sur un noyau dur de joueurs, fidèles au club, Max Guazzini, gardien du temple, s'assurait une transmission de patrimoine. Mais voilà, depuis deux saisons, les garants de cet état d'esprit si particulier sont partis (Auradou, James, Pichot, De Villiers, Dominici, Martin) et n'ont pas été remplacé. Idem du côté des leaders de jeu, avec les départs de Corleto, Hernandez et Skrela. « Il manque un vrai patron, estime Thomas Lombard. Il l'avait trouvé en la personne de Julien Dupuy. Mais il est suspendu. Son retour pourrait faire du bien psychologiquement et créer une émulation. Car avec des Szarzewski ou Leguizamon, cette équipe à de la moelle. Mais ça ne fait pas tout. »Pour Benoît August, « Paris connait un changement de génération lié à l'arrêt de plusieurs cadres. » Ne serait-il pas temps de donner les clés à la nouvelle génération justement ? « Il y a un passage à vide. Pendant que d'autres clubs portés par des mécènes émergent en même temps, poursuit August. Mais le Stade Français va vite rebondir. » On se souvient qu'en 2002, le club parisien n'avait pas disputé les phases finales. Les deux années suivantes, le Stade Français remportait le Bouclier de Brennus... « Ne nous enterrez pas si vite », glisse de son côté, Laurent Sempéré, après l’entraînement de mardi.

Problème d'infrastructuresMais le gros point noir qui pourrait causer la perte du club cher à Max Guazzini est sans aucun doute le manque criant d'infrastructures. Baladés de site en site pour s'entraîner, ce qui pouvait renforcer le groupe à une époque, cette situation grappille de l’énergie aux joueurs. Mais c'est surtout la construction d'un nouveau stade, très attendu, qui est indispensable au club de la capitale. Avec un nouveau Jean-Bouin de 20 000 places, le Stade Français doublerait ses chiffres de billetterie. Car la vente des produits dérivés et les délocalisations au Stade de France ne suffisent pas. Max Guazzini a d'ailleurs du se résoudre à ouvrir son capital en vendant pour environ 4 millions d'euros 20% des parts du club. « Il est peut-être trop exclusif dans son attachement et son investissement pour le club, s’interroge Thomas Lombard. Il va devoir s'ouvrir car aujourd'hui, nous sommes dans une logique d'entreprise. Mais je ne me fais pas de souci. Max est un homme de panache et de challenge. » Et son équipe se doit d’être à l’image de son président.