France-Angleterre, le fameux « crunch », est le match le plus attendu du Tournoi des VI Nations. Mais pourquoi Français et Anglais se détestent-ils autant ?
« Il faut reconnaître que si on n'aime pas les Anglais, c'est parce qu'ils sont souvent les plus forts. Ils nous battent régulièrement. » Un constat signé Bernard Laporte, qui poursuit : « Devant, ils nous ont toujours tenus tête. On n'a jamais eu peur des Ecossais, des Gallois ou des Irlandais, mais face aux Anglais, c'est différent. Ils ont toujours eu des avants avec du caractère. Face à eux, on sait que ça va être dur dans l'affrontement. » Et l'ancien sélectionneur du XV de France (1999-2007), aujourd'hui à la tête du Rugby Club Toulonnais, sait de quoi il parle. Par deux fois, « ses Bleus » ont mordu la poussière face à l'Angleterre en demi-finale de la Coupe (2003 et 2007). Voilà une bonne raison de les haïr. Et ce n'est pas notre victoire en quart de finale du dernier Mondial néo-zélandais qui y changera quelque chose. Le XV de la Rose reste la première nation de l'hémisphère Nord a avoir soulevé le trophée Webb-Ellis.
Comme un derby ! Le fameux « crunch », même s'il semble moins croustillant cette année, reste le rendez-vous attendu par les deux équipes. Et peu importe le passage des générations, la rivalité est toujours aussi exacerbée. « Cette rivalité se transmet sans qu'on ne sache vraiment pourquoi. C'est assez bizarre explique Alexis Palisson ('? sélections), victorieux du Grand Chelem face aux Anglais en 2010. Mais un France – Angleterre, c'est un peu comme un Biarritz – Bayonne. On nous fait comprendre que s'il y a un match à ne pas perdre, c'est celui face aux Anglais. » Un sentiment partagé par Sébastien Bruno : « C'est le derby du VI Nations ! Et si les Anglais sont nos principaux ennemis, c'est aussi en raison d'une différence de culture. Ils nous prennent pour des gens arrogants et laxistes alors qu'eux incarnent la rigueur. » Ce n'est pas Simon Shaw, deuxième-ligne anglais exilé au RCT, qui dira le contraire. « La rivalité entre la l'Angleterre et la France est forte. Mais c'est également le cas avec l'Irlande, l'Ecosse et le Pays de Galles. La vérité, c'est que toutes les équipes nous détestent et veulent nous battre » sourit l'ancien international (72 sélections). Ce sera encore le cas ce dimanche (coup d'envoi 16h). D'autant qu'après deux victoires (Italie et Ecosse) et un nul (Irlande), le XV de France peut toujours s'offrir une finale de Tournoi à Cardiff la semaine prochaine en cas de succès sur les Anglais, même si les rêves de Grand Chelem se sont envolés.
Laporte : « Les Anglais sont faibles » « La France voudra montrer un autre visage que celui face à l'Irlande. Les Bleus auront une belle réaction assure Alexis Palisson. Bernard Laporte n'est pas très inquiet sur l'issue de la rencontre. « Ce sera un gros match, même si l'équipe anglaise est en reconstruction. Je les ai trouvés faibles sur les trois premiers matchs. Ils ne vont pas nous poser de problème, même s'il faut rester vigilants. » Sébastien Bruno insiste : « Les Français seront revanchards. Si on rivalise dans le défi physique, les Anglais n'existeront pas. Mais ils ne vont rien lâcher. » Même Simon Shaw ne croit pas à la victoire de ses compatriotes. « La France a de très bons joueurs et si elle montre le même visage que lors de la finale du Mondial, elle a 99% de chances de l'emporter car je ne suis pas certain que les nouveaux joueurs sélectionnés en Angleterre soient les meilleurs. La politique est de préparer la prochaine Coupe du monde. L'Angleterre est en train de le payer. » Une bonne occasion de réduire les écarts. Car depuis 1906, le bilan du XV de France est négatif : 37 victoires, 7 nuls et 51 défaites...