Séguin : « Une victoire référence »
La rédaction

Damien Séguin, amputé de la main gauche dès la naissance, a décroché un troisième titre mondial en 2.4mR, sa spécialité. Entretien.

Damien, comment jugez-vous votre troisième titre mondial ?
Il tombe à pic. Après deux mondiaux en demi-teinte (4e en 2010 et 7e en 2011), j’avais à cœur de démontrer que je pouvais encore gagner sur des épreuves majeures, en présence de tous les meilleurs. Certes, je dominais les épreuves de Coupe du monde, mais il manque toujours des prétendants au podium mondial ou olympique. Ce nouveau titre arrive six mois avant les Jeux paralympiques de Londres (29 août – 9 septembre). C’est donc très bon pour la confiance.

Pénalisé pour un départ volé dès le premier jour, avez-vous douté ?
Non. Je ne me suis pas posé de questions. Comme j’ai grillé mon joker dès le premier jour, la pression est montée d’un cran. Mais cela m’a permis de rester très concentré et déterminé jusqu’au dernier jour.

Par son scénario, ce championnat est-il la course de référence qui vous manquait depuis les Jeux de Pékin ?
J’avais besoin d’une belle victoire sur un championnat majeur. Ce succès me conforte dans mes choix puisque je testais du nouveau matériel. Oui, on peut parler de victoire de référence. Surtout que j’ai enchaîné sur un plan d’eau différent, à Miami, lors de la première étape de Coupe du monde, dix jours après ce titre. J’ai donc réussi à maintenir la pression et à m’adapter.

Depuis les derniers Jeux comment a évolué l’adversité ?
Depuis les Jeux d’Athènes, les choses bougent. J’avais plusieurs longueurs d’avance, notamment en ce qui concerne le matériel, en 2004. Depuis, l’écart avec la concurrence s’est réduit. J’ai toujours un peu d’avance mais il m’a fallu beaucoup travailler. Les adversaires sont plus professionnels dans leur approche. À Londres, nous serons plus nombreux qu’il y a quatre ans à viser le podium.

Dixième de la Route du Rhum en 2010, deuxième de la Jacques Vabre en 2011. Ces courses au large servent-elles vos ambitions paralympiques ?
Pas directement car les deux bateaux sont très différents. En revanche, j’adore naviguer. C’est une passion et un plaisir… La réflexion quant à l’approche technologique sur ces deux bateaux m’aide évidemment à rester dedans. Par ailleurs, on cumulant les courses au large et les courses handis sur 2.4, je maintiens une dynamique permanente. J’arrive ainsi à me transcender.

Allez-vous effectuer des choix dans votre programmation en vue des Jeux de Londres ?
Oui. Je ne vais pas faire de courses au large cette année, pour arriver au top aux Jeux. Avec mes entraîneurs, nous avons retenu les leçons des années 2009 et 2010. Je vais donc me concentrer sur les épreuves de Coupe du monde en 2.4 et sur d’autres régates hors coupe du monde. Je participerai notamment à la régate organisée sur le plan d’eau des Jeux londoniens, en mai.

À Londres, l’objectif sera de récupérer votre titre ?
Bien entendu. À Pékin, j’ai terminé deuxième derrière le Canadien, Paul Tingley. Il a un profil particulier. Sur l’eau, il joue un peu à la loterie. À Pékin, le plan d’eau lui allait parfaitement. Mais il ne sera pas mon seul concurrent.