Paris truqués : Le rôle mystérieux des compagnes des frères Karabatic
La rédaction

Libération dévoile aujourd’hui les procès verbaux d’audition dans l’affaire des paris truqués du match Cesson-Montpellier. On y a apprend le rôle primordial des compagnes des frères Karabatic. L’une aurait grillé son compagnon quand l’autre l’aurait sauvé du licenciement.

Triste affaire que celle des « paris truqués » qui, on le rappelle auraient été réalisés pour le compte du match Cesson-Montpellier, le 12 mai dernier. Pour repères, une information judiciaire avait été ouverte le 1er Août et c’est France 3 qui a révélé l’information selon laquelle des joueurs de handball, notamment de Montpellier, auraient participé à des paris sur la défaite de leur club. Le 2 octobre, suite à un emballement médiatique important, treize personnes sont mises en examen pour escroquerie et complicité d’escroquerie. Quatre parieurs dont un buraliste sont impliqués ainsi que sept joueurs dont les frères Karabatic (Luka et Nikola) qui sont dès lors mis sous le feu des projecteurs médiatiques. Tout d’abord écarté de son équipe, Nikola a recouvré le droit de réintégrer le staff montpelliérain mardi dernier. Dans la foulée, il est convoqué par Claude Onesta pour disputer les éliminatoires des championnats 2014 en Espagne. Il pourrait jouer ce dimanche contre la Turquie son match de reprise.

« Niquer le système » et « il n’y a pas mort d’homme »
On apprend aujourd’hui dans le journal Libération que les compagnes des frères Karabatic auraient joué un rôle important si ce n’est primordial dans ces possibles paris. Entendue le 13 septembre par la brigade financière, la compagne de Luka Karabatic aurait lâché le morceau. « Je sais que je suis là pour un pari bête et stupide. Luka n’était pas avec moi quand j’ai parié, mais il n’était pas loin. » aurait-t-elle concédé avant de préciser qu’il « lui a demandé de parier sur le match qui était selon lui perdu d’avance. Je ne suis pas bête, s’il me demande d’aller parier pour lui, je me doute que c’est parce qu’il ne peut pas le faire lui-même» apprend-on dans les PV d’audition que Libération s’est procuré. Sauf que quelques minutes plus tard, les policiers auraient réussi à prouver que le joueur serait lui-même allé parier 3900 euros dans un tabac parisien. Pour sa défense, la jeune femme avait plaidé la solidarité avec son compagnon : « Moi, je suis avec Luka, je ne me préoccupe pas de ce que font les autres », sauf qu’une conversation téléphonique avec sa mère donnerait un autre ton. Elle affirmerait notamment que si les compagnes ont joué pour leurs amis, c’était pour « niquer le système » et qu’il n’y avait « pas mort d’homme ». Des paroles qui pourraient mettre en évidence la faute de la débutante et dont Luka Karabatic pourrait être la première victime, alors qu’il pourrait être convoqué jeudi prochain pour un possible entretien préalable de licenciement.

« Je connais bien le handball »
L’autre femme impliquée dans cette affaire seraitt la compagne de Nikola Karabatic qui elle, aurait toujours refusé de communiquer invoquant le droit au silence, et qui se serait contenté de déclarer devant le juge : « J’ai parié de mon propre chef, avec mon argent : 400 euros, le reste (environ 1000 euros), c’était mes économies. Je ne l’ai jamais fait à la demande de Niko. Je l’ai fait parce que sept joueurs cadres étaient blessés. Je connais bien le handball. » pouvait-on lire sur l’un des procès verbaux. Pourtant, les incohérences sont nombreuses à défaut de preuve et la police la soupçonnerait d’être la tour de contrôle de ces opérations. On apprend notamment que la compagne de Nikola Karabatic aurait misé 1500 euros sur la défaite de Montpellier trois jours avant la rencontre, le 9 mai. La même somme aurait été débitée sur le compte de l’international tricolore. De plus, dans la matinée du 12 mai, la police aurait analysé le relevé des appels passés dans la matinée. Elle serait entrée en contact avec quatre des parieurs présumés, trois appels à la compagne de Luka Karabatic qui dit ne plus s’en souvenir et trois appels à Mladen Bojinovic, le joueur du PSG handball qui aurait reconnu avoir donné 4000 euros à un tiers pour parier à sa place. Enfin, elle joindrait cinq fois un ami très proche des frères Karabatic qui a lui misé 3600 euros ce jour-là, soit six fois son salaire. En résumé, beaucoup d’indices donc, mais peu de preuves.

Par Arnaud Boisteau