La boxe, sport masculin par essence ? Aziza Oubaita, championne du monde et styliste de profession, démontre le contraire avec élégance.
Boxe. Femmes. Rien qu’associer ces mots fait s’étrangler certains adeptes des sports de combat. Quand Hilary Swank émeut dans Million Dollar Baby, les boxeuses souffrent dans l’ombre de la réalité d’un milieu assez machiste. Comme Maggie Fitzgerald dans le film oscarisé de Clint Eastwood, Aziza Oubaita s’est heurtée au scepticisme de ses premiers entraîneurs. Comme Maggie, Aziza a fini par terrasser doutes et adversaires pour devenir une référence de la discipline. Mais à la différence de Maggie, Aziza assume entre ses entraînements une vie professionnelle riche. La boxe ne valorise pas les charmes féminins, acceptons-le. Mais est-ce une raison pour s’habiller comme un sac quand on monte sur le ring après tant d’efforts à l’entraînement ? Styliste de profession, Aziza a donc décidé de relier ses deux passions. Elle sera la première femme à refuser de boxer avec des vêtements d’hommes pour réaliser sur mesure ses propres tenues. Repérée par Jimmy Colas, Aziza lui confectionnera sa tenue pour un championnat de France.
Créatrice pour Asloum et Tiozzo Un marché s’ouvre alors à elle. De fil en aiguille, Aziza est demandée par des grands champions de boxe anglaise, boxe française et même MMA. Mayhar Monshipour, Brahim Asloum, Souleymane M’baye, Christophe Tiozzo, Hassan N’Dam ou encore Myriam Lamare boxeront avec ses tenues. Des marques célèbres (Adidas, Everlast,…) s’attachent également ses services. Cette success story s’est pourtant forgée dans l’âpreté des salles de boxe. Inscrite à 24 ans en boxe française à l’ASPTT Stalingrad pour se défouler, Aziza est repérée après quatre mois d’entraînement et effectue ses premiers combats. A Colombes, elle fera la première rencontre charnière pour sa carrière. Mais dans la douleur. En la voyant, Fati Mira lui demande ce qu’elle fait dans sa salle puis accepte presque à contrecoeur de la tester. Il ne le regrettera pas. Forçat de l’entraînement, Aziza, qui s’entraînera par la suite avec Silver Niangou porte de Pantin, devient championne de France, d’Europe et du monde en boxe française et boxe anglaise ! Pionnière dans sa discipline, Aziza pourrait disputer son dernier combat le 26 mars en Argentine lors d’un championnat du monde face à Carolina Raquel Duer. Pour tirer sa révérence en toute élégance.
Aziza Oubaita : « Devenir la styliste incontournable »
Tu vas disputer un combat pour une ceinture mondiale le 26 mars en Argentine… Je voulais raccrocher en beauté ce qui n’a pas été une mince affaire à réaliser à cause du manque de propositions de combat, du manque d’argent et du manque de sérieux des fédérations qui détiennent les ceintures. Les stratégies de certains promoteurs peu scrupuleux pour protéger leur championne sont néfastes également.
La boxe féminine a-t-elle un avenir en France ? Elle a de belles années devant elle d’autant plus qu’elle va être dynamisée par sa première participation aux JO de Londres en 2012. J’espère que ça attirera d’avantage les sponsors et les télés, et par le même occasion élèvera le niveau général qui parfois malheureusement laisse à désirer. Si j’avais été plus jeune, j’aurai rêvé de combattre au Jeux Olympiques. Mais je ne regrette rien finalement car la boxe amateur, c’est pas mon truc. J’ai toujours préféré largement la sincérité de la boxe professionnelle.
Quelles sont tes envies pour ta vie professionnelle dans la mode ? J’ai envie de devenir la styliste incontournable dans les sports de combat au niveau national avant la fin 2011 et ensuite m’étendre sur l’Europe et le Monde !