Toujours à la recherche d’une exposition médiatique et de réussite européenne, la Pro A de basket reprend ce soir. Réforme (finale en 5 manches et plus sur une sèche) et homogénéité devraient rendre le championnat de France attractif.
Seize équipes sont sur la ligne de départ de la saison en Pro A, si toutes n’ont pas le même objectif, elles espèrent secrètement être la fameuse « équipe surprise ». Celle qui aura réussi un recrutement malin et dont l’alchimie l’aura propulsé plus haut que prévu. Revue d’effectif.
Un gros wagon de tête Dans cette catégorie, nous classeront les équipes dont l’objectif avoué (ou celui que leur effectif devrait leur permettre), est une place en Euroligue. En premier lieu, Chalon-sur-Saône, le champion en titre. Couronné en juin dernier, meilleure équipe de la saison, l’Elan va vouloir éviter de prendre en pleine tête une compétition continentale gourmande en énergie. Gregor Beugnot, le coach, a pour cela fortement renforcé son effectif. Shelden Williams, au pedigree NBA, est la tête de gondole d’un recrutement judicieux. Surtout, les Bourguignons ont su garder leur star, Blake Schilb, meilleur basketteur de France depuis 2 saisons. L’Elan tentera un doublé que personne n’a réussi depuis 2004 (Pau-Orthez).
Mais le champion aura de sérieux challengers cette année et il lui faudra batailler pour garder sa ceinture. Paris-Levallois a fait l’effort de recrutement pour repositionner le basket francilien sur la carte. Avec un groupe stable (l’excellent Jawad Williams est resté) et des recrues de renom, les troupes de Christophe Denis ont les dents longues. Les jeunes internationaux français Antoine Diot et l’enfant du pays Andrew Albicy ont posé leurs valises en compagnie de l’ex-champion NCAA et joueur de Charlotte, Sean May. Si la mayonnaise prend, elle sera bien indigeste pour les adversaires, comme Le Mans.
Champion en 2004, souvent placé mais jamais gagnant depuis, le MSB s’est encore donné les moyens de réussir. Khalid El Amin, ex-Bull de Chicago, est venu remplacer le meilleur meneur de Pro A Taylor Rochestie, parti en Espagne. Une très bonne pioche et un joueur habitué à l’Europe, accompagné de Long, un tireur d’élite arrivé de Lituanie. Le Mans a gardé son ossature française et son pivot aux mains d’argent, Batista. Un savant mélange entre stabilité et sang neuf. A charge au coach JD Jackson de faire tourner la machine.
Enfin, dernière équipe de ce wagon, la Chorale de Roanne. Le club champion en 2007 a reconstruit avec une base solide de joueurs formés localement (les fameux JFL). Sangaré, Amagou and co ont pas mal d’heures de vol en Pro A et l’effectif d’ensemble est potentiellement capable de défendre le plomb. Avec des Américains au CV intéressant, cette Chorale pourrait rendre atone le reste de la concurrence.
Les play-offs comme Saint-Graal
Terminer la saison dans les 8 premiers est signe de phases finales au basket. Un objectif que revendiquent beaucoup d’appelés, avec des déçus à la fin, forcément. Le Sluc Nancy pourrait bien être un facteur X. L’effectif a encore bonne mine mais le club reste discret et surtout fait profil bas. Là où le SLUC envisageait le titre, il serait ravi de faire un Top 4 cette année. Après tout serait possible. Cholet se retrouve dans la même situation. Amputé de son stratège/architecte/gourou le turc Erman Kunter, l’équipe des Mauges essaiera de prendre un strapontin pour la post-season. Entre recrutement malin et politique de développement des jeunes (Gobert, Duport…), le CB devra quand même assurer un minimum de compétitivité. Arrivé du Havre, Jean-Manuel Sousa s’est vu confier un projet intéressant à moyen terme.
Grandeur et décadence, le BCM Gravelines-Dunkerque change de braquet cette année. Du moins en apparence. Les Nordistes sont la parfaite équipe que l’on oublie à l’automne pour être surpris par son rendement au printemps. Des choix moins clinquants mais pas forcément moins judicieux que par le passé, donnent des allures de poil à gratter aux hommes de Christian Monschau. L’ossature est là, solide, le rendement des JFL sera la clé d’une grande saison. Une saison que l’ASVEL a peu de chance de faire. Candidat légitime aux play-offs , le club le plus titré de France ne cesse de changer son équipe et cherche la stabilité. Cette fois, le recrutement a été ciblé très tôt et avec une dominante Pro A (Uche, Morlende). Les jeunes Lacombe, Jackson et Jean-Charles auront du temps de jeu, à eux de faire en sorte de monter d’un cran les ambitions de leur club. Mais Villeurbanne n’a pas vraiment de marge cette année, Pierre Vincent devra être plus sorcier que jamais pour connaître les mêmes joies qu’avec les Braqueuses. Autre coach charismatique, autre souci, Philippe Hervé à Orléans. Pillé à l’intersaison, l’OLB a reconstruit un effectif difficile à déchiffrer. Mais donner du crédit au coach n’est pas une folie tant sa capité à tirer le meilleur d’une équipe est avérée. Sur la longueur d’une saison, Orléans peut coiffer une autre équipe sur le fil. Un constat que l’on peut appliquer à Dijon. Un trublion capable du meilleur, de tomber un gros client dans un soir d’euphorie. Mais aussi capable de tomber vilainement, dans un jour sans.
Eviter la Pro B Il y aura peut être un ventre-mou cette saison en Pro A. Entre les équipes armées pour les playoffs et celles qui veulent éviter la descente, il y aura celle qui joueront les Guy Roux mais que l’on sait plutôt à l’abri la relégation. Poitiers et Strasbourg sont dans ce cas. Possiblement en play-offs en cas de saison en quasi-surrégime, les deux clubs à l’accent bien français seront épargnés par les frayeurs. Mais les équipes au-dessus sont peut être trop bien armées pour être réellement dérangées par des Pictaviens en reconstruction et des Alsaciens sans assez de certitudes. Limoges et Nanterre espèrent passer l’hiver au chaud. Si les supporters du CSP voient leur équipe essayer de gratter un spot en phases finales (pas impossible mais il faudra faire un sans-faute, et effectuer quelques exploits), le club devrait se maintenir sans frayeur en Pro A et ce serait déjà pas mal. Pour Nanterre, le rêve de jouer après la saison régulière doit habiter dans un coin de la tête de Pascal Donnadieu, l’entraîneur. Le groupe est soudé, l’équipe compliquée à jouer et si ça veut bien sourire… En tout cas, la première équipe qui arrivera la fleur au fusil se fera punir à Nanterre.
Reste les effectifs qui, sur le papier, devraient batailler jusqu’au bout. Le Havre est la victime désignée de la Pro A cette saison. Masse salariale famélique, effectif court en nombre, il faudra sortir un exploit pendant 9 mois. Dur. Boulazac est l’autre équipe supposée faible. Mais c’est surtout l’incertitude quant à l’adaptation de ses joueurs à la Pro A qui donne ce constat. Mais la solidarité du groupe et la façon dont il a dominé la Pro B le rend dangereux.
Par Ryad Ouslimani