Vincent Parisi inaugure sa chronique avec la découverte du nouveau grand talent du MMA français Nayeb Hezam, futur combattant à l'UFC. Portrait avec interview en prime.
« Bruce Lee m’a donné envie de faire comme lui». OK, c’est un peu cliché comme façon de découvrir les arts martiaux, mais c’est bien par le biais des films de Bruce Lee que Nayeb Hezam s’est initié aux sports de combat. A 10 ans, Nayeb s’est lancé avec le judo puis le karaté pour ne plus jamais lâcher cet univers. Né à Livry-Gargan, adolescent à Montfermeil et désormais habitant de Sevran, Nayeb a été un gamin des cités. Normal donc qu’il se soit intéressé aux sports de combat ? Là encore, c’est un peu cliché, mais il confesse que son environnement l’a poussé à se dépasser : « Faut pas se voiler la face, grandir en banlieue c’est pas comme en pavillon, tu te fais souvent embêter. Où je vivais les grands aimaient bien frapper les petits, surtout moi qui était une vraie crevette. J’étais un peu une victime. C’est ce qui m’a donné envie de me défendre contre plus grand et plus lourd que moi. » Alors, Nayeb s’est mis à s’entraîner quatre heures par jour. Courses, tractions, pompes, pour au final soulever des combattants de 95 kg, lui qui pèse 64 kg. Juste hallucinant !
Sa soif d’entraînement l’a poussé à toucher à de multiples disciplines martiales et mené naturellement vers le MMA. En huit ans de carrière, Nayeb n’aura récolté aucune blessure mais beaucoup de victoires. Depuis 2009, il est le numéro 1 Français dans toutes les organisations nationales grâce à ses techniques de soumission qui achèvent les combats avant la limite. « Quand je combats, je veux gagner vite et sans prendre de coup. J’ai pas peur des coups mais juste envie de durer dans ce sport, alors je suis malin. »
Dans le coin de Kongo Nayeb Hezam et le MMA, c’est aussi l’histoire d’une rencontre. Un jour, Cheick Kongo, la grande référence française de la discipline, se rend dans son club de Montrouge. La star mondiale des + 93 kg repère immédiatement la hargne et le courage de Nayeb mais aussi sa simplicité, sa joie de vivre qui se voit dans les imitations de ses proches. Kongo le prend sous son aile et en fait l’un de ses partenaires d’entraînement. Nayeb suivra ainsi Kongo lors de plusieurs séjours de préparation aux Etats-Unis et l’accompagnera même dans son coin lors des combats de Kongo dans l’Octogone.
Adoubé par les meilleurs, Nayeb rêve désormais de l’UFC qui n’a jamais semblé aussi proche. Il peut prétendre l’atteindre prochainement car il est désormais une valeur sûre et un espoir pour cette discipline en recherche de respectabilité en France. Et je vous l’assure, avec des garçons tels que lui, les valeurs et le code moral des arts martiaux seront préservés !
Photo : copyright Yann Levy
Entretien avec Nayeb Hezam :
Hezam : « J’ai éliminé les jaloux »
Comment en es-tu venu à combattre en MMA (Mixte Martial Art – Combinaison de sport de combat et d’art Martiaux traditionnel) ? J’ai toujours aimé me mesurer aux autres. J’aimais la boxe, le karaté mais aussi la lutte, le judo et le sol, et le seul sport au monde qui comprenait tous ces aspects, c’était le Free fight dit MMA aujourd’hui.
Tu viens de faire une saison parfaite que ce soit au niveau national comme international en restant invaincu. Comment expliques-tu ces résultats ? Quand j’étais jeune, j’acceptais de combattre contre n’importe qui, mais ce n’était pas une bonne chose. Grâce à ma vie de famille et mon entourage, aujourd’hui j’ai mûri et pris conscience de mon réel potentiel. J’ai éliminé les personnes qui parasitaient ma vie, les jaloux. Je suis maintenant bien entouré avec des amis proches qui partagent ma passion et chérissent les mêmes objectifs. Mes résultats sportifs prouvent que j’ai bien fait.
Cette saison quels sont tes objectifs techniques et sportifs ? Mon premier but va être de progresser en pied poing, prendre conscience de mes capacités dans ce domaine, et surtout améliorer mais combinaisons de frappe et durcir mes attaques, tout en conservant mon niveau de lutte et de sol. Un stage en Thaïlande est déjà programmé en ce sens. Sur le plan sportif, je veux conserver ma ceinture de champion du FMC (Fighting Marcou Challenge) et remporter la sélection pour participer au prochain championnat du monde de Grappling. Je souhaite aussi combattre en Australie et au Brésil pour parfaire ma préparation à mon entrée à l’UFC, qui est mon rêve et mon objectif principal !