Battue en finale à Pékin il y a quatre ans en -63 kg, Lucie Décosse est parvenue à se remettre au travail et à décrocher, enfin, à 30 ans, le dernier titre qui lui manquait : l’or olympique. La Française le doit à une incroyable métamorphose et une remise en question, marquée par un passage dans la catégorie supérieure.
Elle avait tout gagné dans sa carrière -trois titres de championne du monde, quatre de championne d’Europe, une médaille d’argent olympique-, il ne lui manquait plus que l’or olympique. Battue en finale à Pékin en 2008 en -63 kg, Lucie Décosse y est enfin parvenue ce mercredi à Londres, en -70 kg, en réalisant une journée parfaite jusqu’en finale, où elle s’est facilement défaite de l’Allemande Kerstin Thiele sur un waza-ari et deux yukos. Tête de série numéro 1 et numéro 1 mondiale, elle a tenu son rang, ne croulant pas sous la pression. A 30 ans, la Chaumontaise possède désormais le plus beau palmarès du judo féminin français. Un CV du même acabit que celui de David Douillet et Teddy Riner, les deux plus grands judokas français de l’histoire. « Je n’y crois pas, a-t-elle répétée, en larmes, à de nombreuses reprises au micro de France 2 quelques instants seulement après sa victoire. Franchement, la journée s’est super bien passée. Je ne voulais pas me mettre la pression. J’ai vu que Gévrise était tendue hier, je me suis dit qu’il faut se lâcher. J’ai tellement travaillé pour ça, je suis contente d’avoir réussi, mais c’est trop bizarre. J’avais tellement envie de ce titre. »
L’échec à Pékin, l’origine du succès Depuis 2008 et sa terrible défaite en finale à Pékin, Lucie Décosse a, en effet, tout fait pour inverser la tendance et décrocher enfin l’or olympique. « Je crois qu'au moment où l'arbitre annonce ippon en finale des Jeux olympiques à Pékin, elle est déjà projetée vers Londres », soulignait récemment son entraîneur Larbi Benboudaoud, présent depuis trois ans à ses côtés. L’échec pékinois digéré, Décosse s’est directement projetée vers Londres avec, comme première décision radicale, un changement de catégorie. Présente chez les -63 kg depuis le début de sa carrière, elle a décidé de passer dans la catégorie du dessus, en -70 kg, poussant rapidement sa compère Gévrise Emane, championne du monde de la catégorie en 2007, à faire le chemin inverse. Une métamorphose qui devenait inévitable. « Pendant des années, je me suis serré la ceinture. Mes repas se limitaient bien souvent à une tranche de jambon et un peu de salade. Mon poids de forme se situait aux alentours de 70 kilos. J'avais en permanence 6-7 kilos à perdre. Mon corps a morflé, je devenais exécrable avec les autres, expliquait Lucie Décosse au Monde. Mes parents ont dégusté à cette époque. Je me passais littéralement les nerfs sur eux. Du coup, après les JO, j'ai décidé de monter dans la catégorie supérieure des –70 kg. » Deux titres de championne du monde plus loin, à Tokyo en 2010 et à Paris en 2011, un autre de championne d’Europe, à Tbilissi en 2009 et, enfin, ce titre olympique à Londres ce 1er août 2012, Lucie Décosse a réussi son pari !