Présent à Londres pour accompagner l’équipe de France, Patrice Hagelauer est ravi de la performance des Tricolores, qui ont décroché deux médailles, sur les courts de Wimbledon. Le directeur technique national a surtout vu un groupe naître. Entretien.
Le tennis français revient avec deux médailles de Londres, vous êtes un DTN comblé ? Oui, pour plusieurs raisons. On est parti avec cinq garçons, on revient avec quatre médaillés. On est vraiment content, c’est une satisfaction. C’était sympathique. Tout le monde était hyper motivé, ils étaient tous fous de faire les Jeux.
Quel était l’objectif fixé ? On avait un espoir avec Jo en simple après sa demi-finale à Wimbledon. Il a fait un bon tournoi, ça a été difficile pour lui contre Djokovic après son long match contre Raonic qu’il a gagné 25-23. Ensuite, on pensait qu’on pouvait avoir une médaille en double. Ça nous a aidés pendant des années en Coupe Davis, on a gagné de nombreux doubles importants. Une médaille oui, mais deux alors... Le top, bien sûr, aurait été qu’ils se jouent en finale pour l’or. Mais on est doublement content. Ils ont tous gagné face aux Espagnols qui nous ont souvent enquiquinés. Ils n’ont perdu que contre les frères Bryan, qui sont quasiment imbattables sur gazon aujourd’hui.
Quand on voit la rage de Gasquet durant le match pour la médaille de bronze, on sent qu’ils sont vraiment allés les chercher avec les tripes. Ça s’est vu tout au long de la compétition. Ils ont joué des matchs longs, ils ont sauvé des balles de break, des balles de match. C’était particulier. Ils avaient tous une faim terrible de victoire, de ramener une médaille. Avant les Jeux, Jo répétait : ‘’Il faut absolument que je ramène une médaille, en simple ou en double, peu importe le métal ! Il faut, il faut !’’ Le fait de l’avoir, vous ne pouvez pas imaginer le bonheur qu’ils avaient. Quand ils sont sortis du court, ils nous ont serrés dans les bras, tout le staff. Tout s’est fait en groupe. On n’avait peu de terrains pour s’entraîner, tout le monde s’est accroché, on s’est débrouillé ensemble. Les terrains étaient aussi compliqués pour Jo. Il est massif, là c’était plus glissant qu’à Wimbledon. Il courait avec l’appréhension. Il a des appuis marqués, forts, c’était difficile pour lui là. Mais il voulait absolument cette médaille.
On a vraiment senti une équipe de France unie... Ils étaient tous vraiment motivés. Il y avait un côté un peu particulier. Ils étaient tous ensemble, le staff, les joueurs, les filles, dans les maisons près de Wimbledon. C'était très sympa. Ça leur a vraiment permis de se rapprocher. Tous les soirs, ils regardaient les JO ensemble. Ils voyaient tous les autres français se déchirer. Ça ajoute à la motivation de chacun. Les JO, c’est magique. Il y en a qui ont fait le choix d’aller à la cérémonie d’ouverture, d’autres non parce qu’ils avaient un match le lendemain. Ils ont été au contact des autres athlètes. C’est une ambiance unique, qu’on ne retrouve pas, même en Coupe Davis. On a vécu un moment particulier, avec le staff, avec Arnaud Di Pasquale, avec le Dr Montalvan, avec Lionel Roux. Il y a eu un esprit d’équipe très fort. Même Alizé Cornet, elle a fait un très bon premier match face à Paszek qui lui avait mis 6-2, 6-1 à Wimbledon. Au deuxième tour (face à Hantuchova), elle a été battue par plus forte qu’elle. Mais on sentait qu’elle avait envie.
C’est de bon augure pour la Coupe Davis ? Oui, surtout qu’il y a un nouveau capitaine, que ce soit chez les garçons ou les filles. Arnaud (Clément) nous a téléphoné tous les jours, plusieurs fois par jour même pour savoir comment ça se passer, comment ils allaient. Il n’était pas là à Londres, mais il était vraiment présent. Il sera là à New York pour l’US Open. Il y a quelque chose à faire avec cette équipe. Je pense que ça peut vraiment rigoler pour eux.
Avec ces médailles olympiques, ils vont arriver booster à l’US Open. Est-ce que l’un d’entre eux, sur cette dynamique, peut faire quelque chose de grand ? Le circuit reprend son cours, c’est totalement différent. Au Canada et aux Etats-Unis, il va faire très chaud, très humide. Il faut qu’ils arrivent à l’US Open en forme, pas entamés physiquement pour faire un bon tournoi. A Londres, là, ils ont vécu un moment magique. Ils étaient en groupe. Maintenant, ils vont devoir se repositionner dans le circuit. C’est une dynamique différente, chacun travaille et évolue avec son clan.
Gaël Monfils, en revanche, a manqué la fête... Avez-vous eu des nouvelles ? Oui, il les a appelés tout le temps. Gaël était triste de manquer les Jeux Olympiques. Pour lui, c’est une déception. Il en rêvait, il adore cette ambiance. Gaël, s’il pouvait, il ferait plein de sports. Il vit le sport au quotidien. Dans le groupe, tout le monde a eu une pensée triste pour lui.