Premier Français depuis 1920 à lever les bras en vainqueur sur les 500 Miles d'Indianapolis, Simon Pagenaud a donc remporté la plus grande course des Etats-Unis, voire du monde. Le Tricolore, déjà champion d’IndyCar en 2016, s'est fait un nom outre-Atlantique. Le pilote de 35 ans revient avec Le 10 Sport sur sa victoire, son image et sa rencontre auprès de Donald Trump. Entretien...
Comment pouvez-vous nous décrire votre victoire aux 500 Miles ? Un rêve ? Oui, le rêve d’une vie. Je rêvais d’être pilote de course dès l’âge de 4 ans en regardant Prost et Senna avec des batailles légendaires que l’on connaît. Les 500 Miles étaient un rêve fou totalement inaccessible, car tellement lointain et peu familier. Je souhaite rappeler que je ne suis pas issue d’une famille du milieu de la course automobile, et j’ai vraiment dû me construire moi-même dans cet environnement. Boire le lait fut un moment de douceur inouïe car seul le vainqueur à Indianapolis boit le lait, une tradition depuis Louis Meyer, qui débutait en 1933. C’est, très honnêtement, l’aboutissement de beaucoup de travail et de sacrifices. Je suis très fier et la preuve que les rêves peuvent donc devenir réalité ! Les derniers tours avec Alexander Rossi étaient tellement fous ! Oui, totalement, lorsque l’on regarde de l’extérieur. De mon côté, je m’étais tellement préparé pour ce moment-là, en regardant et analysant les courses des années passées en Nascar, IndyCar et même les courses cyclistes, où l’aspiration joue un rôle primordial. Tout s’est déroulé comme je l’imaginais. J’étais en pleine confiance et je n’ai jamais douté. J’étais dans le moment, sans aucune pensée du résultat ! Tout ce qui m’intéressait, c’était de comprendre les faiblesses et forces de Rossi pour pouvoir le contrer à la fin. Ce sont des moments magiques. Est-ce que vous considérez être en manque de considération en France alors que vous venez de succéder à Goux (1913), Thomas (1914) et Chevrolet (1920) ? Non pas du tout ! Au contraire, je trouve que les retombées en France ont été à la hauteur et cela continue. Nous avons une tournée médiatique prévue du 5 au 9 août en France, et il y a beaucoup d’intérêt de la part des médias et des institutions. Je pratique mon métier pour être le meilleur et remporter des courses et championnats, c’est là qu’est la priorité. La célébrité n’est pas un objectif même si ça vient avec les résultats, bien sûr. L’IndyCar est un sport qui mérite d’être suivi, car c’est un sport qui a de bonnes valeurs et le spectacle y est magnifique. Il faut des exploits comme celui-ci pour que ça marque ! Vous avez déjà piloté aux 24 Heures du Mans, aimeriez-vous à nouveau y participer ? Bien sûr, je reviendrai. Mais ayant vécu une période en or avec Peugeot et la 908 lorsque l’on se battait contre Audi, je souhaite revenir dans les meilleures conditions et me battre pour la gagne. En ce moment, ma priorité reste l’IndyCar et je souhaite gagner d’autres championnats et d’autres 500 Miles d’Indianapolis. On voit des pilotes de F1 venir en Indy, dont les derniers en date, Ericsson et Alonso. Est-ce que la Formule 1 vous tente ? Je ne suis pas intéressé par la F1. Je ne le suis plus. Je l’ai été bien sûr, mais je suis dorénavant dans la meilleure écurie du plateau en IndyCar. Je viens de remporter la plus grande course au monde, après avoir remporté le championnat (2016). Je suis au sommet du sport automobile aux Etats-Unis, que l’on peut appeler la F1 américaine si vous le voulez, et je roule pour Team Penske, qui est l’équivalent de Ferrari en Formule 1. J’aime l’IndyCar où tous les concurrents ont une voiture similaire et où tout le monde a une chance de gagner. Je ne ferai pas de course automobile si je n’étais pas dans une position pour gagner. Le désir de victoire est dans ma nature, j’ai besoin de gagner pour être heureux, je suis un battant. Imaginer démarrer une saison dans une voiture inférieure et n’avoir aucune chance de gagner me semble injuste. C’est certain, j’aimerais bien faire un essai pour voir comment la voiture se comporte car se sont de magnifiques machines aérodynamiques et dont la motorisation est fascinante. Un rêve serait de tester la McLaren d’Ayrton Senna dans les années 88 a 91. Dernière question, il est sympa Donald Trump ? Nous avons été très bien reçus à la Maison-Blanche. Ce fut un très grand honneur. Je suis conscient des différences politiques de chacun et je respecte cela. Mais nous étions présents avec Team Penske dans le cadre du sport automobile et d’un exploit sportif que le président des USA a apprécié. J’étais donc très fier de représenter la France à la Maison-Blanche et ce seront des souvenirs à jamais gravés dans ma mémoire. Propos recueillis par Jean-Guillaume Daunizeau @JG_Daunizeau @simonpagenaud