Dans son film diffusé ce soir sur France 2, ‘Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde’, Gaël Leiblanc a suivi pendant six mois le phénomène jamaïcain. Récit.
Pourquoi avoir choisi Usain Bolt ?
À la base, je suis un grand fan d’athlé. C’est toujours un sport que j’ai bien aimé. J’ai commencé à filmer aux Jeux paralympiques de Sydney au sein de l’équipe de France d’athlétisme. Après, c’est une affaire de rencontre. En 2004, j’ai fait un coup avec Justin Gatlin. J’étais entré dans sa voiture, etc… Quatre ans plus tard, à Pékin, je suis avec la mère de Bolt et sa fiancé, quand il devient champion olympique.
C’est là que vous avez l’idée de faire ce film ?
Non, l’idée de faire un film vient un an plus tard, après Berlin. On m’a répondu que je m’y prenais un peu tard parce qu’il y a un tas de réalisateurs qui déboulaient à Kingston, des productions américaines, etc… J’ai quand même tenté ma chance, comme j’avais tissé un petit lien avec lui en 2008. On lui a dit : « Pourquoi pas le Français ' » Et il a dit oui.
Pas simple de tourner un film sur la vie d’un sportif, encore en activité, qu’on ne peut pas diriger ?
J’ambitionnais depuis très longtemps de faire un grand film sur le sport. J’avais cette envie-là et je suis tombé sur un mec hors-norme qui m’a laissé une liberté absolument totale. Pour ça, j’ai un grand respect pour Bolt parce qu’il n’a pas voulu trahir qui il était, donner l’image d’un autre mec. Il le dit lui-même : je ne suis pas un mec qui lit beaucoup, je joue à la Playstation.
Vous avez pu tout filmer ?
Il nous a laissé tout filmer. On le voit vomir à l’entraînement… Une star comme lui qui se laisse filmer en train de dégueuler, dans l’Histoire du sport et même du showbiz ou n’importe quoi, ça n’existe pas. Si Paris Hilton, peut-être (rires)… Il a voulu jouer le jeu, jusqu’au bout. Et quand les gens voient cette scène dans le film, ils ne sont pas dégoûter, ils se disent : ‘Wahou… Quand même, c’est dur’. Et je pense qu’il avait à cœur de montrer ça, même s’il ne nous a donné aucune consigne.
Le tournage n’a pas été trop éprouvant : 6 mois, 60 jours de tournage, 85 heures de rush ?
On ne sort pas « indemne » de la vie de Bolt. Dans le sens où ce qu’il vit au quotidien, notamment quand il est « en tournée », est très intense. J’en suis même rassasié et je ne l’envie pas du tout. Je vais suivre les Jeux avec plaisir, parce que j’aime le sport et notamment l’athlétisme. Et je regarderais Usain avec les mêmes étoiles qu’au début. Mais ce sera différent… J’ai partagé son intimité, j’ai vu la coulisse… Ce sera différent.
L’une des grands scènes du film, c’est lorsque vous le filmer après le drame de Daegu. Vous êtes la seule caméra au monde à saisir ces images ?
Après le faux-départ de Daegu, je rentre dans la chambre de Bolt il est minuit. Il est avec Blake et cherche à regarder le foot. Ils matent un match de Manchester United qui gagne 8-1, je crois. Blake va se coucher et il est 1h30. Moi j’ai déjà pas mal d’images et sans avoir l’intention de filmer une interview, je me mets face à lui et on discute. Pendant une heure et demi, deux heures. C’était un moment assez incroyable.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, chez lui ?
Son humour. C’est un mec qui est très drôle, il a une répartie… La première fois que je l’ai vu à Pékin, en 2008, je vais pour lui donner le dvd et je lui dis : « Tiens Usain, j’étais avec ta mère et ta fiancée hier ». Et là, un peu menaçant, il me répond : « Ma mère et ma fiancée ? Mais je vais te botter les fesses : » J’ai de suite accroché (rires).
Qu’a-t-il pensé du film ?
Je lui ai montré chez lui, à Kingston, il y a deux mois. Il a été étonné de quelques archives et nous a demandé où avions-nous pu trouver tout ça. Surtout vers les années 2002-2003, quand il arrive à Kingston. Un Allemand l’avait suivi à l’époque et j’ai récupéré ce qu’il avait filmé. Sa séquence préférée, c’est l’explication de son 100 m à Berlin, quand il découpe chaque partie face caméra.
Dans le film, on sent que Londres est un rendez-vous décisif dans sa carrière ?
Il a fait de l’athlétisme pour son père, il a séché ses larmes pour sa mère, il a été champion olympique pour son peuple, il a été l’homme le plus rapide du monde pour son coach. Mais je crois que là, il est à un tournant de sa vie : à Londres il va devoir gagner pour lui. Et il va falloir qu’il se pète les tripes pour aller chercher au fond de lui, comme il a pu le faire quand il était junior et qu’il a démarré au plus haut-niveau.
Vous pensez qu’il peut être battu ?
L’Histoire a prouvé qu’il n’était pas imbattable. L’échec de Daegu, les défaites contre Blake. Depuis deux ans, il est bousculé. Y a des mecs qui sont derrière lui qui lui mettent des coups de coudes. Bruxelles, par exemple, lorsqu’il fait 19’’26, il prend une belle claque dans la gueule. Il comprend que les mecs sont là et qu’il n’aura pas de répit.
C’est vraiment un personnage hors-norme, même dans la vie ?
Bolt me fait un peu penser à Platini. Même si Platini peut paraitre plus cassant, plus rude, Bolt partage la même liberté. Elle vient de son enfant, la manière dont il a vécu. C’est un mec libre sans pour autant être incontrôlable ni puant.
Extrait du film de Gaël Leiblanc, "Usain Bolt, l'homme le plus rapide du monde", diffusé ce soir sur France 2.
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