Quel sera l'impact de la Coupe du Monde de Football 2018 sur la Russie ?
La rédaction

Dans moins de trois mois, la Coupe du Monde ouvrira ses portes en Russie. Une compétition qui pourrait avoir des retombées autres que sportives.

Au printemps 2018, le monde entier aura les yeux sur la Russie qui accueillera pour la première fois la Coupe de Monde de football. Les investisseurs et les tradeurs qui gardent un œil sur la volatilité du Forex et le cours des actions, eux, se questionnent surtout sur la rentabilité de la Coupe du Monde la plus chère de l’histoire. C’est une volonté d’accorder leur chance à de nouvelles nations qui a poussé la FIFA à accepter la candidature de la Russie pour l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2018. Ambitieuse, la proposition russe promettait d’organiser la compétition dans 13 villes et 16 stades, à travers 9 fuseaux horaires, et mettait notamment en évidence l’opportunité que représente le tournoi de sortir définitivement l’empire soviétique des vestiges du communisme et de la guerre froide. Un évènement sportif de grande ampleur, certes, mais dont les ramifications s’étendent aussi à la scène économique, commerciale et politique. On espère ouvertement que sa réussite sera partagée avec l’industrie et les commerces locaux et contribuera au succès politique de ses supporters. Le triomphe du projet est donc indispensable, et la Russie n’a pas lésiné sur les moyens. Directement ou indirectement, l’État a investi près de 600 milliards de roubles (environ 20 milliards de dollars), et on estime que 35 % provient d’investisseurs privés. Le premier Rapport Annuel du Comité d’Organisation Local Russe liste la rénovation de 12 stades, mais aussi les nombreuses modifications à apporter à l’infrastructure aéroportuaire, à l’hôtellerie, aux réseaux routiers, sans parler de l’adoption de la loi sur la Fan ID, qui permet à tout titulaire d’un billet pour un match de coupe du monde d’accéder au territoire russe sans visa, uniquement muni d’une pièce d’identité valide. Succès économique incontestable, ou catastrophe budgétaire ? Les médias russes sont sceptiques et estiment que les chances de rembourser ces frais phénoménaux par les recettes sont faibles – RBC estime la dépense totale à environ 13 milliards de dollars, soit 10 % de plus que le budget original, et déplore la courte durée de l’influx économique escompté. Le Kremlin réplique qu’il faut voir plus large que cette démarche économique primitive. En effet, comme le veut le contrat, une grande partie des bénéfices est reversée à la FIFA, et les organisateurs sont conscients que la part des recettes reversée à la fédération russe et estimée à quelques 3 milliards de dollars ne suffira pas à rembourser les frais invraisemblables d’infrastructure. C’est donc sur l’impact économique indirect que mise la Russie, ce dont se réjouissent d’ores et déjà les compagnies aériennes, les hôtels et restaurants, les stations balnéaires et les revendeurs de merchandising, sans parler de l’impact touristique et culturel des infrastructures remises à neuf. Après les jeux olympiques de Sotchi, la Russie a confiance en ce nouveau projet qu’elle considère plus politique qu’économique. Les Jeux Olympiques de 2014 ont notamment permis d’attirer l’attention du monde entier sur la région de Krasnodar qui compte bien voir son potentiel touristique largement renouvelé, et le Kremlin estime que la coupe du monde de football de 2018 ne peut avoir qu’un effet positif équivalent.