Les prochaines élections à la tête de la Confédération Africaine de Football (2021) laissent déjà entrevoir plusieurs candidats potentiels. Tour d'horizon.
Enlisé dans des affaires de corruption, Ahmad Ahmad, l’actuel président de la Confédération africaine de football, est sur la sellette. Infantino a profité des déboires judiciaires du Malgache pour faire main-basse sur la CAF et mettre la confédération sous « respiration artificielle ». En Afrique du Nord, plusieurs personnalités se sont mises en ordre de marche en vue des élections de 2021. Ces scrutins doivent permettre de nommer les membres du comité exécutif de la FIFA, les six membres africains devant siéger au comité de la FIFA et le président de la CAF. Depuis 1968, aucun Nord-Africain n’a dirigé la CAF. Qui sont les prétendant nord-africains au poste ? Revue d’effectif.
Maroc : Fouzi Lekjaa, le « fonctionnaire »
Ahmad Ahmad a toujours été soutenu par le Maroc et le président de la CAF l’a bien rendu au royaume. Il ne s’en est jamais caché, affirmant : « Je suis fier de mon amitié avec le royaume qui a tant fait pour le football continental ». Mais la chute annoncée du Malgache aiguise les appétits jusque dans le royaume chérifien. Actuel premier vice-président de la CAF, Fouzi Lekjaa, tâte déjà le terrain. Également directeur du Budget de l'État depuis neuf ans, après avoir gravi les échelons de l’administration fiscale marocaine, Fouzi Lekjaa a plus à perdre qu’à y gagner dans cette histoire. Mais le Marocain a quelques cartes en mains : stratège, il est habitué aux tours de passe-passe lors des élections. En 2013, il avait dissuadé son concurrent, Ali Fassi Fihri, de se présenter à sa propre succession. Lekjaa avait ensuite orchestré une campagne pour décrédibiliser Abdelilah Akram, le patron, déjà fragilisé, du Wydad de Casablanca. Il avait alors été élu avant la mise en conformité des statuts de la FRMF avec les nouvelles exigences de la FIFA. Après une annulation, l’élection de Lekjaa à la tête de la FRMF avait finalement été validée par l’instance internationale. Malgré les différents obstacles, Lekjaa, en fin stratège, s’ouvre deux cas de figure : si Ahmad Ahmad se représente, il ne se mettra pas sur son chemin et pourrait se contenter d’une des deux places de l’Afrique du Nord au sein du Conseil de la FIFA, occupées aujourd’hui par l’Égyptien Abou Rida et par le Tunisien Bouchamaoui. Si Ahmad Ahmad renonçait, Lekjaa pourrait se positionner. Une source proche du palais marocain indique cependant que l’homme n’est pas maître de son destin : « La candidature à la CAF est gérée par les politiques, Lekjaa ne pourra y aller que si le palais l’y autorise ».
Hani Abou Rida, le « bâtisseur »
En Égypte également, la CAF représente un enjeu politique, d’autant plus important que la Confédération a son siège au Caire. Seul candidat à s’être officiellement lancé dans la course, l’ancien secrétaire général de la CAF, l’Egyptien Amr Fahmy, est mort à l’âge de 37 ans. Un événement qui pourrait pousser Hani Abou Rida, homme d’affaires fortuné, à se présenter à la présidence de la CAF. Mais avant de viser la CAF, Abou Rida compte bien briguer la présidence de l’EFA, la Fédération égyptienne de football. Après avoir été écarté de la présidence de l’EFA suite à l’élimination prématurée de la sélection égyptienne lors de la dernière CAN, Abou Rida sera opposé à l’ancien gardien international Ahmed Shobeir. Une fois sa conquête de la présidence de sa fédération acquise, Hani Abou Rida pourrait être un candidat sérieux à la présidence de la CAF. Il pourrait tout aussi bien se contenter d’être reconduit dans son poste de représentant de l’Afrique du Nord au sein du Conseil de la FIFA. Abou Rida a, à son actif, l’exploit d’avoir mis en place l’organisation et le financement de la CAN 2019 suite à la défaillance du Cameroun. Cette organisation au pied levé reste un bon point pour lui, du fait des cours délais et des énormes négociations qu’il a eu à mener avec les différentes instances.
Tarek Bouchamaoui, le « visionnaire »
Membre du Conseil de la FIFA et membre exécutif de la CAF, le Tunisien Tarek Bouchamaoui a, à demi-mots, annoncé qu’il se portait candidat à la présidence de l’instance africaine. Homme d’affaires averti, dont les activités se trouvent principalement en Égypte, le Tunisien est un passionné de football et possède un savoir-faire en management. Il a, depuis plusieurs années, réussi à tisser un bon réseau et bénéficie d’un bilan positif à la commission d’arbitrage de la CAF ou encore à la commission des compétitions interclubs. Sans le dire, Tarek Bouchamaoui se pose comme l’anti-système et semble vouloir remettre la CAF sur de bons rails. « C’est un légaliste, incorruptible et il est déterminé à mettre fin à l’image de corruption qui ternit la CAF, depuis qu’Ahmad en est le président », affirme une source proche du dossier. Bouchamaoui est également un homme de projet, on l’a notamment vu lors de son mandat à la tête de la commission d’arbitrage entre 2011 et 2013. Il avait entamé une réforme profonde permettant une meilleure formation des jeunes arbitres, avec un plan d’action pour la formation, l’encadrement et le suivi des arbitres, il a encouragé les jeunes et fait appel aux meilleurs techniciens. Les dirigeants politiques tunisiens n’ont pas encore pris à bras le corps le dossier CAF 2021. Mais Tarek Bouchamaoui devrait être le candidat naturel. « Notre fédération a intérêt à soutenir la candidature de notre seul candidat Tarek Bouchamaoui, qui en a vu de toutes les couleurs de la part d’Ahmad Ahmad à cause de sa position dans l'affaire Esperance/Wydad », résumé l’ancien footballeur international tunisien, très influent sur les réseaux sociaux, Abdelkrim Bouchoucha.
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