Jean Tigana aurait trouvé un accord avec Bordeaux pour reprendre la succession de Laurent Blanc. Cette solution séduisante au vu du CV et du charisme de l'ancien international est entourée de plusieurs interrogations au sujet d'un homme qui s'était retiré des affaires du football.
Deux entrevues auraient suffi à Jean Tigana pour s’extirper de sa retraite et accepter le défi lancé par Jean-Louis Triaud : succéder à Laurent Blanc. Si le président bordelais n’a pas souhaité confirmer cette arrivée, L’Equipe assure que l’ancien entraîneur monégasque a donné son accord aux Girondins. Attaché au club pour y avoir longtemps évolué, Tigana est également respecté pour ses titres glanés en tant qu’entraîneur. Mais ses faits de gloire remontent aux années 90 et son retrait volontaire du monde du football laisse interrogatif quant à sa réussite en Gironde.
Pourquoi Tigana va réussir à Bordeaux : - Tigana aime les Girondins : Marseillais de naissance, il a connu ses plus beaux moments en tant que joueur à Bordeaux où il a évolué pendant neuf saisons. Avec le club au scapulaire, il remporta trois titres de champion de France, deux Coupes de France et disputa une demi-finale de Ligue des Champions.
- Tigana l’entraîneur est un gagneur : Après un titre de vice-champion de France avec Lyon en 1995, il devient champion de France avec Monaco en 1997. Il fera également monter Fulham en Premier League en 2001 avant de remporter deux Coupes de Turquie avec le Besiktas en 2006 et 2007. Il conduisit également Monaco en demi-finales de Ligue des Champions en 1998.
- Tigana a les compétences : Ses titres exposés ci-dessus parlent pour lui. Il a démontré sa valeur en tant qu’entraîneur dès son premier contrat à Lyon. A une époque où l’OL n’était qu’un anonyme en première division, il a conduit le club rhodanien sur le podium avant de démontrer à Monaco qu’il savait gérer et tirer le maximum d’un effectif composé de stars (Barthez) et de jeunes prometteurs (Henry, Trezeguet).
A Fulham et au Besiktas, il aura vécu des expériences plus contrastées qui lui auront permis de découvrir d’autres aspects de sa profession, à savoir gérer un actionnaire omnipotent (Al Fayed) comme un environnement bouillant (Besiktas).
A ses qualités reconnues de technicien s’ajoutent un charisme naturel qui devrait le faire accepter d’un groupe encore marqué par l’ombre de Laurent Blanc. Tigana est l’un des rares entraîneurs à pouvoir ainsi rivaliser avec le Président sur le plan de l’aura.
Pourquoi Tigana va échouer à Bordeaux : - La reconstruction sera trop importante : L’exigence des résultats pèsera sur ses épaules. Mais ses dirigeants lui donneront-ils les moyens de retrouver la Ligue des Champions ? Marouane Chamakh est parti, Alou Diarra et Yoann Gourcuff sont susceptibles de l’imiter. Rayon arrivées, rien n’est annoncé et en dehors de ces cadres, l’effectif bordelais paraît limité pour viser le podium.
- L’ombre de Blanc sera trop gênante : Marc Planus racontait que des larmes avaient perlé sur les joues de certains joueurs à l’annonce du départ de Laurent Blanc. Les derniers mois difficiles n’auront pas altéré l’aura dont le Président jouissait auprès de ses joueurs. Certains d’entre eux vont même continuer à le fréquenter en sélection. La comparaison sera tentante et surtout gênante pour un entraîneur qui cherchera à asseoir son autorité.
- Il ne connaît plus assez le football français : Jean Tigana a entraîné en France pour la dernière fois en 1999. Cette décennie passée a forcément altéré sa vision de notre championnat d’autant qu’il semblait en être un observateur lointain lors de sa retraite. L’exemple de Didier Deschamps n’est pas rassurant. Très éloigné lui aussi à l’époque de notre championnat, DD avait mis plus d’une saison avant de s’y réadapter avec Monaco en 2001. Résultat, sa première saison sur le Rocher avait failli se solder sur une relégation malgré un effectif de qualité.
- Il semble lassé du monde du football : Le manque de considération de la FFF à son égard, quand la question d’un successeur à Domenech s’était ouverte après l’Euro 2008, semblait avoir fini de le dégoûter d’un milieu dont il s’était déjà éloigné. Après son passage tumultueux à Fulham, Tigana avait coupé pendant un an et demi. Ses relations tout aussi houleuses avec les dirigeants du Besiktas l’avaient conduit à annoncer sa retraite en mai 2007.