Il était l’emblème du PSG. Le gamin du coin, adoré par les virages. Puis les Qataris sont arrivés et avec eux, Carlo Ancelotti. Le technicien a fait des choix, fatals à Sakho, dès la saison dernière. L’arrivée de Thiago Silva, officialisée hier, n’arrange rien.
« Si un défenseur arrive, je ferai tout pour partir parce que je dois penser à mon avenir. Mon objectif cette saison, c’est de jouer, d’être titulaire en club ». Ces propos sont ceux de Mamadou Sakho, le 4 juillet dernier, après avoir retrouvé le chemin de l’entraînement. L’officialisation du transfert de Thiago Silva, intervenue hier, a donc des airs de clap de fin pour le défenseur français. Aujourd’hui, l’effectif du Paris Saint-Germain, en défense central, est plus bouché que le périph à la sortie du boulot. Avec Lugano, Alex, Camara, Bisevac, Thiago Silva et donc Sakho (sans prendre en compte la polyvalence d’Armand), la formation parisienne compte six joueurs, pour deux petits postes. La saison passée, aucune charnière ne s’est vraiment dégagée, après l’arrivée d’Ancelotti. Seul le Brésilien Alex a enchaîné les rencontres. Mamadou Sakho, lui, était englué dans le reste de la troupe.
A Lille, il s’écroule
29 avril 2012. Le PSG affronte Lille, au Stadium Nord. Un déplacement aux allures de dernière chance pour les hommes d’Ancelotti, s’ils veulent encore dépasser Montpellier. On joue la 69e minute, Paris mène et Sakho, rentré juste avant la pause pour pallier la blessure de Bisevac, se distingue. Lui, qui n’a plus été titularisé depuis plus d’un mois traverse sa première période de doute, dans son club. Et quand Nolan Roux démarre, Mamadou, pris de vitesse, fait une faute grossière. Carton rouge, penalty. Tête baissée, le défenseur rejoint les vestiaires, et Paris finit par s’incliner deux buts à un. Si ce soir là, Ancelotti tempère, « Sakho ? Il peut faire une erreur. C'est une erreur importante. Comme toute l'équipe, Mamadou doit réagir immédiatement », l’ancien capitaine a sans doute perdu la confiance de l’Italien. Par la même occasion, il perd celle du sélectionneur, Laurent Blanc, qui ne l’emmène pas avec lui pour l’Euro ukraino-polonais. Sakho comprend alors que sans temps de jeu en club, sa carrière tourne mal.
« Là, on ne parle plus de concurrence »
Alors oui, pour la première fois depuis ses débuts en pro, Sakho se pose la question. Lui qui avait refusé les avances de grands clubs européens quand il tenait la baraque d'un PSG médiocre, a besoin de jouer. Avec la nomination de Deschamps, toutes les cartes sont redistribuées en équipe de France. C’est donc le moment, pour Mamadou, de prendre une grande décision. Deux solutions s’offrent à lui. Rester au PSG, malgré la défiance d’Ancelotti et tenter, sur le terrain, de lui monter sa réelle valeur. Ou partir pour une autre formation, à l’étranger ou en Ligue 1 (l’intéressé ne l’a pas exclu) pour retrouver une confiance évaporée. La première, toujours dans l’Equipe du 4 juillet dernier, ne le tentait pas trop : « Le discours de Carlo Ancelotti ne m’a pas rassuré. Il m’a dit qu’il fallait accepter la concurrence. O.K, j’accepte la concurrence mais si vous achetez un grand nom, expérimenté, et que vous payer 30 ou 40 millions d’euros pour l’avoir, c’est pour qu’il joue. Je ne suis pas dupe. Là, on ne parle plus de concurrence ».
Associé avec Thiago Silva ?
Et comme les dirigeants viennent de débourser 42 millions, Sakho n’est plus du tout rassuré. Et il a peut-être tord. Ancelotti, hier, confiait : « Thiago Silva et Alex, c’est une bonne charnière centrale. Mais je choisirai les meilleurs joueurs pour être titulaires. Si Sakho demande à partir, le club devra prendre une décision. La décision aujourd’hui, c’est qu’il reste ici ». Si à première vue, ce changement de dimension a fragilisé son rôle sur le terrain, il peut aussi être bénéfique pour lui. Alex est bon et bien gentil, mais pas éternel. Bisevac est très bon, mais pas indéboulonnable. Imaginez donc une paire Thiago Silva - Mamadou Sakho, avec un défenseur tricolore qui a retrouvé toutes ses qualités. Une défense de costaud, une défense jeune, une défense d’avenir. Et surtout, c’est important pour Paris et ses supporters, un joueur issu du cru dans le onze titulaire. A Sakho, désormais de décider, dans les tous prochains jours, pour quelle option il optera.