PSG : L’enfer du milieu
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

Le match nul arraché contre Naples (2-2) a mis en lumière les lacunes du PSG. Des lacunes sportives déjà connues depuis longtemps et qui poussent à la réflexion sur la gestion globale du club de la capitale. Analyse.

Comme la douloureuse impression de voir les mêmes matches tous les ans. Contre Naples, la seule surprise a finalement été de voir l'égalisation d'Angel Di Maria dans les arrêts de jeu. Avant cela, si le PSG a réussi par séquences à bousculer les Italiens, sur le long terme, cela n'a pas tenu. Et pourtant, les problèmes sont identifiés et connus depuis longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. Comme contre Liverpool ou le Real Madrid la saison dernière, voire contre l'OL à certains moments, c'est le milieu de terrain parisien qui a affiché ses limites. Si individuellement Adrien Rabiot et Marco Verratti ont la capacité d'être au niveau, ils sont trop esseulés. Une situation loin d'être inédite au PSG et qui pose des questions qui dépassent largement le simple aspect sportif.

Le mercato coûte cher aujourd’hui

Et c'est bien le problème. Les défaillances du PSG au milieu de terrain étaient bien trop prévisibles et ne sont même pas une surprise. La saison dernière, on reprochait à Unai Emery de bricoler en alignant Giovani Lo Celso en sentinelle. Mais comment pouvait-il faire autrement ? Quoi qu'il en soit, le problème était identifié et pour aller plus loin en Ligue des Champions, il paraissait évident de recruter dans l'entrejeu. Et naïvement, on a pensé que la direction rectifierait le problème lors du mercato. Après tout, tout le monde voyait le secteur de jeu qu'il fallait renforcer. Mais c'est mal connaître le PSG qui n'a recruté absolument aucun joueur au milieu de terrain. Et pourtant, en un an, les Parisiens ont laissé filer Matuidi, Krychowiak, Pastore, Lo Celso et Thiago Motta. En contre partie, seul Lassana Diarra est arrivé en janvier dernier, pour le résultat que l'on connait. Un recrutement qui intrigue encore d'un point de vue sportif. L'argument du fair-play financier est utilisé à toutes les sauces pour expliquer la situation, mais en aucun cas il justifie le recrutement estival. Investir 37M€ sur Thilo Kehrer, aussi bon soit-il, n'était pas la priorité. Attirer un quatrième défenseur central, pourquoi pas, mais il fallait avant tout un milieu de terrain. Une gestion incompréhensible, et il serait d'ailleurs trop facile de tout mettre sur le dos d'Antero Henrique, trop régulièrement cité comme le responsable de tous les maux du PSG. Certes, sa farouche volonté d'attirer N'Golo Kanté peut intriguer compte tenu des finances parisiennes, mais le départ de Lo Celso était voulu par Tuchel qui ne comptait pas sur lui. Le recrutement de Kehrer qui a englouti quasiment tout le budget estival ? C'est encore Tuchel, tout comme le refus d'Axel Witsel, aujourd'hui titulaire dans le cœur du jeu d’un Borussia Dortmund qui marche sur l’eau. Par conséquent, ce serait trop facile de ne taper que sur le directeur sportif qui a ses torts bien évidemment, mais il est loin d’être le seul responsable.

Verratti-Rabiot, un duo laissé à l’abandon

D'un point de vue tactique, le PSG souffre donc d'une gestion calamiteuse. Le mal est fait, et Thomas Tuchel devra fait avec son effectif actuel au moins jusqu'au mois de janvier. Et c'est bien là le problème. Marco Verratti et Adrien Rabiot sont laissés à l'abandon et l'équipe se retrouve coupée en deux trop rapidement, les quatre joueurs offensifs ne faisant pas les efforts défensifs. Rabiot est énormément critiqué après le match à Naples, à juste titre sur certaines actions, mais il était parfois seul au pressing et doit abattre un travail énorme à la récupération. Ce qui fonctionne à merveille sur 90 minutes en Ligue 1, tient au mieux 30 minutes en Ligue des Champions contre une équipe aussi solide que le Napoli. Autrement dit, le 4-2-3-1 avec le quatuor offensif n'est pas tenable en C1. À la mi-temps, Thomas Tuchel est passé à une défense à trois centraux dans une espèce de 3-4-2-1 avec Neymar et Kylian Mbappé plus proches de l'axe. Une tactique qui a porté ses fruits durant les 20 premières minutes de la seconde période, mais qui ressemble plus à une option temporaire. Avec le milieu de terrain actuel, le PSG n'a aucun avenir européen. Il faut trouver des solutions internes, qui semblent rares. Di Maria peut-il encore briller dans l'entrejeu comme il l'avait fait au Real Madrid ? Lassana Diarra est-il en mesure de rivaliser avec des adversaires de niveau Ligue des Champions ? Les interrogations sont nombreuses, et le temps presse...

Le PSG le plus faible collectivement de l’ère QSI

La situation est donc préoccupante puisque le PSG n'a plus le droit à l'erreur en Ligue des Champions avant un déplacement à Naples et la réception de Liverpool. Thomas Tuchel se voit offrir un défi à la fois excitant et terriblement dangereux. Il va devoir éviter la plus grande déconvenue de l'histoire du PSG version QSI, à savoir une élimination dès les phases de groupe de la C1. Ce serait une catastrophe sportive et financière. Et ce défi, il va devoir le relever avec une équipe qui présente l'animation collective la plus faible depuis l'arrivée des Qataris. Le temps où le trio Motta-Matuidi-Verratti faisait peur à l'Europe semble bien loin. Imaginez simplement si ce trio était aligné en même temps que la MCN. Ce serait probablement incroyable. Mais on ne le verra pas, car le club de la capitale régresse à tout point de vue. On l'a vu sportivement avec cette saison l'un des PSG les plus faibles collectivement sur la scène européenne, bien qu'il soit probablement le plus talentueux. Et c'est d'ailleurs peut-être le reflet de l'évolution d'un projet parti sur les chapeaux de roue avec le duo Leonardo-Ancelotti qui avait magnifiquement lancé le PSG avec notamment de belles performances en Ligue des Champions et un recrutement intelligent. Là encore, cette période paraît très lointaine. Et lorsque l'on voit Manchester City, c'est tout l'inverse. Très peu organisés au début, les Citizens se sont structurés petit à petit et sont aujourd'hui en avance sur le club parisien qui se retrouve face au risque de la plus grande catastrophe de son histoire récente. Un retour de bâton terrible pour la direction du PSG qui a peut-être fait preuve d'un peu trop de prétention sur le mercato cet été en refusant plusieurs joueurs pour se concentrer sur des milieux de terrain hors d'atteinte. Les Parisiens devaient avoir dans l'idée de recruter un joueur dans l'entrejeu cet hiver pour les grands rendez-vous européens du printemps en pensant qu'atteindre les huitièmes de finale de la Ligue des Champions serait une formalité. Mais cette saison, le PSG pourrait bien ne pas s’inviter à ces grands rendez-vous, et le club ne pourra s'en prendre qu'à lui-même. @Arthur_Montagne

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