Entraîneur du PSG entre décembre 2005 et janvier 2007, Guy Lacombe revient sur ces deux années, les plus médiatisées de sa carrière. Avec beaucoup de franchise.
Il a soulevé la coupe de France, à la fin de la saison 2005-2006. Mais ce n’est pas l’image du coach gagnant qui reste dans la mémoire des supporters parisiens, mais celle d’un technicien colérique, qui entretenait des relations compliquées avec ses joueurs. Aujourd’hui, Guy Lacombe s’exprime dans les colonnes de l’Equipe. Et il utilise le quotidien sportif pour donner sa vérité.
Le cas Dhorasoo « Vikash est revenu très démotivé de la Coupe du monde 2006 qu’il croyait jouer. Ce n’était plus Vikash, celui qui sortait d’une finale de Coupe de France extraordinaire. Il était en train de lâcher. J’aurais dû plus l’entourer. Je l’envoie en CFA. Le docteur me dit qu’il est sorti, blessé au mollet. Je le mets donc en réhabilitation. Il se lève dans le vestiaire et dit : « Je ne suis pas blessé. » Je me trompe ? Possible. En fait, je n’en sais rien. J’ai décidé en fonction des données tangibles fournies par le médecin. J’arrive à l’entraînement, et qu’est-ce que je vois ? Les dix-huit joueurs, plus Vikash ! Tu fais quoi là, face à ce rapport de forces qui s’installe ? Je me suis retiré. Pauleta est venu me voir dans mon bureau et Vikash est parti. Alors qu’il s’était engagé à se taire jusqu’au match du samedi, il a parlé dans la presse. Le président Cayzac l’a alors écarté. Ce n’est pas Guy Lacombe qui l’a viré. C’est une décision présidentielle. Et il n’y a que moi qui l’ai pris dans la gueule ! »
Un vestiaire en ébullition « Il y a eu un avant et un après Paris pour moi. J’ai traversé la tornade parisienne et, après, on m’a collé une étiquette. Un vestiaire, c’est une famille. Mais celui du Paris SG était miné par les clans et des joueurs démotivés. Rothen refusait de serrer la main de Pancrate. Un entraîneur n’est rien sans courroie de transmission. Or, Déhu, Heinze et Sorin partis, il n’y avait plus de leader. On a quand même pu trouver un objectif ponctuel : la Coupe de France. Alors qu’il fallait changer 60 % de l’effectif, c’est le président qui a changé, et le budget a baissé de 20 %. Je suis aveyronnais. Pour moi, un sou est un sou. Ce qui m’étonne, c’est d’avoir la réputation de ne pas être facile alors que je tiens compte du plus important dans un club : le financier. Qu’est-ce que je me suis fait n… dans ma carrière à cause de l’argent ! Paul Le Guen a raison quand il dit que le Paris-SG a besoin d’être économiquement supérieur à tout autre club pour réussir. Aujourd’hui, le club est dans le vrai ».
Son regard sur Nenê « À Monaco, j’avais une armée mexicaine de quarante-deux joueurs et j’ai insisté pour reprendre Nenê à son retour de prêt à l’Espanyol Barcelone (en 2009). On le jugeait ingérable, alors qu’il était en quête de reconnaissance. J’en ai vu, des bons joueurs. Mais des gauchers comme lui... Nenê, c’est un joueur, dans le sens pur de son étymologie. J’ai d’ailleurs été le roi des cons de ne pas avoir tapé du poing sur la table pour le faire resigner en novembre 2009. Et vous savez pourquoi ? Mieux vaut un joueur qui a du caractère qu’un mouton. Car c’est la premier qui va devenir un grand joueur et te faire gagner ».