OM - Shurik’n : « Il est temps de partir pour Deschamps »
La rédaction

Shurik’n vient de sortir son deuxième album solo : « Tous m’appellent Shu ». Le membre du groupe IAM, fada de l’OM, analyse la saison compliquée de son club de cœur.

Tu sors « Tous m’appellent Shu », quatorze ans après ton premier album solo « Où je vis ». Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Je n’ai pas attendu, c’est juste que je n’avais pas envie. Quand j’ai fait le premier, je ne voulais pas me lancer dans une carrière solo, c’était plus une aire d’autoroute qu’un itinéraire bis. Ça m’enlevait beaucoup de pression. Et finalement, en passant beaucoup de temps en tournée avec IAM, j’ai commencé à réécrire sur la route. C’est comme ça qu’est né le morceau « Tranche de vie »… Et la suite en a découlé.

Si on compare IAM à une équipe. En admettant qu’Akhenaton est le meneur de jeu, tu occuperais quel poste ?

Je serais 6 ou 8. Je suis le plus physique du groupe. Le seul qui court autant et qui peut faire l’essuie-glace (rires). C’est un poste que j’aime bien, qui me correspond. Je suis quelqu’un qui n’aime pas trop la lumière. Sur le terrain, je suis plus un besogneux, un travailleur de l’ombre.

Le titre de l’album c’est « Tous m’appellent Shu ». Qui t’appelle Shu à l’OM ?

Des joueurs, on en a côtoyés quelques uns. Par exemple, Benoît Cheyrou nous aime beaucoup. Il a acheté un album collector de « Revoir un printemps » lors d’une vente caritative. Puis nous on est supporter, toujours à fond derrière eux !

Même après cette saison très compliquée…

Seuls les rats quittent le navire. Même si on râle, si des fois on leur gueule dessus, si on n’est pas toujours d’accord avec les choix du coach, on sera quand même là la saison prochaine. On est tous des supers attaquants et des supers entraîneurs à Marseille (sourire).

Est-ce que Didier Deschamps sera encore sur le banc en août prochain ?

Je ne sais pas… Mais je pense que pour lui il est temps de partir. Quand il commence à y avoir des clans, c’est compliqué d’évoluer. Si j’étais lui, je m’ne irais. Je dirais aux dirigeants « Démerdez-vous avec vos histoires, je me casse, je vais faire du ballon ».

Il manque qui à l’OM ? Un patron qui tape du poing sur la table ? Oui. Mais aussi un rassembleur. Un bon général est celui qui obtient le maximum de ses hommes sans avoir à le demander ou l’imposer. Bizarrement, ce sont toujours les mêmes luttes internes et ce sont toujours les mêmes qui s’en vont… Et toujours les mêmes qui restent. Ce n’est qu’un constat…

Il y a un joueur qui a du mal à se faire accepter par les supporters, c’est André-Pierre Gignac. C’est le syndrome des Marseillais qui jouent à l’OM ?

Non. Il est mal accepté parce qu’il n’a jamais eu le rendement prévu. Il a été encensé avant même les faits d’armes. À Toulouse, l’équipe tournait autour de lui. Ici, il doit se faire une place. C’est aussi un état d’esprit. Je pense qu’il aurait pu exploser ailleurs mais force est de constater qu’à l’OM, il n’y arrive pas.

Mais les supporters n’attendent-ils pas toujours plus d’un natif de la région ?

Nul n’est prophète en son pays. Mais regarde, Di Meco n’a jamais eu ce problème. Alors est-ce que ce n’est pas aussi une question d’attitude qui gêne les supporters ? Il y a plein de Marseillais au très fort caractère qui n’ont jamais eu de problèmes pour jouer à l’OM. À Marseille, on préfère un gars qui mouille le maillot et qui brille moyennement plutôt qu’un joueur qui est plein de flash et qui ne montre pas un amour inconditionnel au club et qui ne perd pas 10 kilos sur le terrain pour le maillot. On est comme ça !

Est-ce que tu jalouses tes collègues parisiens qui ont des moyens illimités pour recruter ?

Oui. Mais ils n’ont toujours pas les titres. Voilà, tout est dit ! Comme quoi ce n’est pas suffisant. C’est vraiment un sport d’équipe ! Si tu n’as pas la cohésion et l’osmose entre tous les joueurs, ça ne peut pas fonctionner.

A l’OM, il va maintenant falloir miser sur la formation…

Oui et on a vu que ça avait plutôt bien réussi à Montpellier. Nous, on n’a jamais eu cette politique de centre de formation. Maintenant, il va falloir attendre cinq ou six ans pour miser sur nos jeunes. Il y a eu trop de mercenaires à l’OM, trop de changements. Il est temps que ça change.