José Anigo, dans l’ombre de Didier Deschamps la saison dernière, est ressorti de son anonymat pour construire une équipe de l’OM efficace. Et si c’était finalement lui la clé de la réussite phocéenne ?
On parle beaucoup du rôle fédérateur d’Elie Baup, de la politique de rigueur salvatrice de Vincent Labrune ou de l’efficacité glaçante d’André-Pierre Gignac. Tous ces paramètres sont, évidemment, autant de pierres solides amenées à l’érection du nouvel édifice OM. Dans ce concert d’éloges, il ne faudrait toutefois pas oublier la partition de José Anigo. Sur plusieurs points, le directeur sportif a amené son expérience au service de la performance. Décryptage en trois points bien précis :
Retour aux vraies valeurs du club Après les recrues aux salaires de diva estampillées Deschamps (Lucho, Mbia, Diarra), Anigo a ramené des valeurs de simplicité au club olympien. Le coup d’éclat est triple : Margarita Louis-Dreyfus respire à pleins poumons, Vincent Labrune soupire un peu moins et Elie Baup aspire à plus de sérénité. Le cas Kassim Abdallah résume à lui seul sa nouvelle politique : faire des coups à bas prix. « Abdallah possède une mentalité exemplaire car il connaît le goût de la sueur, confirmait-il récemment. J'aime ce genre de joueurs. Ils emmènent d'autres valeurs, des trucs qu'on voit peu ou plus dans le foot. Le fric, il y en a beaucoup mais il y a aussi le sportif et l'humain. Et ça, ça devient prioritaire pour nous ». Par ricochet, Anigo, rapproche l’OM du Français lambda, qui ne se reconnaît pas dans la stratégie trop bling-bling du PSG.
Avec Baup, un binôme recomposé En affirmant qu’il avait écarté des tonnes de CV de techniciens réputés au profit d’Elie Baup, Vincent Labrune a défini le coach à la casquette comme tout sauf un entraîneur par défaut. José Anigo n’y est pas étranger. Si on se rappelle que le « Minot » peut travailler avec un coach à poigne (Eric Gerets), il préfère collaborer avec un homme qui lui laisse l’étendue de ses prérogatives. La présence de Baup a, du coup, adouci les relations en interne. La brouille du directeur sportif marseillais avec Deschamps avait glacé la situation du club et s’était indirectement propagé dans le groupe. « Avec Deschamps, cela avait créé une scission, nous explique Daniel Bravo. Avec Baup, on sent que ça travaille dans une meilleure ambiance, c’est un très bon point. Peut-être le plus important ».
Une parole redevenue acide Anigo, d’un accord commun avec Vincent Labrune, s’était décidé à ne plus faire de sorties tapageuses dans les medias après l’affaire Caliméro qui avait secoué Didier Deschamps fin 2011. Tout seul, le directeur sportif s’était mis à l’écart, loin de la lumière et n’effectuait même plus les déplacements avec l’équipe première. Depuis cet été, c’est l’inverse. Anigo allume les hommes comme il allumerait sa lampe de chevet. En une semaine d’intervalles : Mbia, J. Ayew et même Deschamps, à mots couverts, ont été flingués. Sans parler de l’histoire de la crête, arrivée très tôt en préambule de son nouveau discours musclé. Du coup, l’impression d’une autorité concrète est de retour au sein de la maison olympienne.