Les supporters ont la tete pleine
La rédaction

Que les gros durs se ravisent : la philosophie a désormais sa place sur un terrain de football, plus précisément en tribunes. Ce sont les supporters de Bordeaux qui ont inauguré un concept très culturel.

On savait la pensée de Nietzsche en bonne place sur la table de chevet d'Hatem Ben Arfa. Le penchant philosophique du disciple de Zarathoustra se répand désormais dans les travées du Stade Chaban-Delmas. Bordeaux, ville élitiste et bourgeoise, trouve donc un prolongement culturel à sa réputation et réussit l'exploit de faire passer ses supporters pour des rats de bibliothèque. Qui l'eût cru ? La scène se passe le dimanche 27 septembre, lors du choc Bordeaux-Rennes, remporté par le champion de France sur un but de Wendel (1-0). Les supporters ultras du virage sud déploient deux banderoles bien ciblées : «La vérité est toujours révolutionnaire» et «Ne vous laissez pas consoler».

«La vérité est toujours révolutionnaire» Leurs écharpes portent les noms célèbres de Rimbaud, Camus ou Zola. Et c'est pour une cause juste, l'Evento, manifestation d'art contemporain dont la première édition se déroule en ce moment sur les bords de la Gironde. «On dit que les ultras sont les plus fanatiques, les plus beaufs, or il y en a qui réfléchissent. On a saisi une opportunité de s'exprimer et de participer à un projet décalé. C'est un pied de nez à tous ceux qui nous prennent pour des cons», explique Laurent Perpigna, responsable des Ultramarines dans les colonnes de Sud Ouest. La classe, la grande, la vraie. D'autant que les phrases s'empilent comme des briques. «Les idoles n'existent pas», signée Friedrich Nietzsche. «La vérité est toujours révolutionnaire», de Léon Trotski. Sans parler de la mythique «Ne vous laissez pas consoler», édictée par Bertolt Brecht. La démarche littéraire, encore isolée, a un autre mérite : celui d'être un excellent argument pour faire pencher les chaînes de TV en faveur du champion de France.