Par la voix de son président, la Licra, Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, explique qu'une minorité de policiers sont «complaisants» avec des supporters du PSG. Une grave accusation qui explique ce malaise récurrent. Pour Alain Jackobowicz, président de la Licra, il n’y a pas de doute possible : «Nous considérons qu'il y a des signes de complaisance de la part d'une minorité au sein des services de police qui n'agissent pas quand des choses inacceptables se produisent», a-t-il fait savoir lors d’une conférence de presse relayée par Infosport. «Nous dénonçons qu'on refuse de voir la racine du mal», a-t-il poursuivi en rappelant les violences qui ont marqué le match PSG-OM le 28 février aux abords du Parc des Princes. Un supporteur de 38 ans, grièvement blessé à la tête, avait été hospitalisé à l'hôpital Beaujon à Clichy. Les mots de Jackobowicz vont dans le sens du dossier du 10 Sport Hebdo paru vendredi dernier. En voici les grandes lignes.
«Il ne respectent pas le flic» Le respect, voilà une notion inexistante vis-à-vis des forces de l'ordre. Aujourd'hui, une troupe de hooligans bien décidée peut, avec l'effet de surprise, mettre à mal toute une compagnie de CRS, souvent trop peu nombreux. «Certains hools les chambrent, jusqu'à ce qu'il y a en ait un qui réponde. Après c'est la baston», raconte Rodolphe. Une violence qui effraie les CRS. «Maintenant, ils sont plus gentils, ils se contentent de filmer».Lors de PSG-Marseille, ils sont devenus les cibles des hooligans de Boulogne après que les supporters d'Auteuil soient rentrés dans le stade, et ont dû riposter à coup de bombes lacrymogènes. «Certains hools n'ont peur de rien, il n'en ont rien à foutre d'aller en prison. Ils ne respectent pas le flic», affirme Eric. Pourtant, les leaders sont connus des Renseignements Généraux, présents dans les tribunes du Parc. «On ne va pas fracasser la tête d'un RG, explique Stéphane. Ce ne sont pas eux qui te passent les menottes. » Résultat, les 20-30 meneurs parviennent souvent à entrainer du monde derrière eux.
Le temps des caillassages de voitures révolu «Ils restent derrière leurs grillages, et ne discutent plus. Mais ils ont raison d'avoir peur, ils risquent de prendre des coups sur la gueule. Et avec Internet, c'est facile de retrouver l'adresse d'un joueur», explique Rodolphe, indépendant abonné en tribune J. Le ton est donné. Et les supporters ne font pas tout pour amener de la sérénité au groupe. Les altercations avec les joueurs, et notamment Sammy Traoré, suite au match face à Vesoul début février, sont restées dans les mémoires : «Ces descentes sont souvent faites sous le coup de la colère, précise Rodolphe. C'est juste le meilleur moyen de voir les joueurs de près». Mais tous ne sont pas là pour dire leurs quatre vérités aux joueurs : «Certains sont cagoulés, ils viennent juste pour foutre la merde», poursuit Rodolphe. Des expéditions où l’on retrouve une frange de supporters cartés (appartenant à une association) et des indépendants. «Il y a quelques années, c'était plus les noyaux durs de groupes qui y allaient», détaille Stéphane, ex-Boulogne Boys et abonné depuis 18 ans dans le virage. Mais les possibilités de débordement sont moindres: «Le Camp des Loges est plus protégé», continue t-il. Le temps des caillassages de voitures semble donc révolu. «Mais les joueurs évitent les supporters dans les moments de tension, ils ont peur de se faire cracher dessus».
Menaces de mort sur les dirigeants Des mesures de sécurité renforcée décrétées par le club, qui vient d'ailleurs d'interdire les déplacements de ses supporters, et qui montrent à quel point le PSG craint ses fans les plus virulents. Il faut dire que les moyens utilisés par ceux-ci pour faire pression font froid dans le dos. La semaine dernière, certains ont envoyé des fumigènes sur le siège parisien de Colony Capital, le propriétaire du club. Du temps de Francis Graille, les menaces de morts étaient monnaie courante et les dirigeants, que certains pseudo-ultras venaient menacer jusque dans leur bureau, devaient se déplacer accompagnés de gardes du corps. C'est d'ailleurs les supporters qui avaient fait pression à l'été 2005 pour obtenir la tête de l'ex-directeur de la sécurité Jean-Pierre Larrue. A l'époque, ceux-ci exigeaient aussi des places gratuites au Parc. «Certains présidents d'assocs' se prennent plus pour des dirigeants que des supporters», explique un membre influent d'une association de supporters parisiens, que nous appellerons Eric. Preuve du sentiment de peur qui règne chez les décideurs franciliens, le PSG, qui craint également que l'image renvoyée par les supporters nuise à celle du club, se focalise sur une politique de répression et a coupé le dialogue. «Il n'y plus de réunions avec les supporters, déplore Eric. Et les accords signés entre les deux parties, par exemple sur les fumigènes, ne sont pas respectés».