Courtisé par les plus grands clubs européens, encensé par Zidane et Dugarry, le jeune prodige lillois est en avance sur un autre phénomène, Hatem Ben Arfa.
On avait découvert Eden Hazard la saison dernière, il explose littéralement cette année. Pas étonnant donc que le jeune attaquant belge de 19 ans attise la convoitise des plus grands clubs européens : Arsenal, la Juventus, le Bayern Munich, le FC Séville et dernièrement le Real Madrid. Arsène Wenger en a d'ailleurs fait sa priorité pour la saison prochaine et serait prêt à débourser 20 millions d'euros pour s'attacher ses services. Dans un long entretien accordé à Marca, hier, Zinédine Zidane, l'influent conseiller du président Perez, n'a pas manqué lui aussi de dire tout le bien qu'il pensait du phénomène lillois : « Hazard est un futur crack. Il est très fort et va le devenir encore plus. Je le ferai signer au Real Madrid les yeux fermés ». Coïncidence ou pas, un jour avant la sortie médiatique de Zizou, son grand pote Christophe Dugarry se fendait lui aussi d'une comparaison entre Hazard et Ben Arfa dans L'Equipe : « Eden Hazard est plus fort. Il fait bien plus la différence sur une saison. Mais l’OM est beaucoup plus médiatisé que Lille. Si Ben Arfa ne faisait que le quart de ce que réussit Hazard avec le LOSC, on en parlerait tous les jours et sans arrêt ». Le 10 Sport a lui aussi décidé de pousser la comparaison entre deux futurs grands du football mondial.
Efficacité 10 buts marqués, 6 passes décisives, cette saison, pour Hazard. 5 buts, 5 passes décisives pour Ben Arfa. Même si la différence n'est pas énorme et que le Lillois a disputé plus de matchs que le Marseillais, cette saison, il est, au vu de ces chiffres, plus décisif. Et si on se réfère à l'ensemble de leur carrière, en six saisons (182 matchs), Ben Arfa a inscrit 26 buts et délivré 14 passes décisives, alors qu'Hazard a déjà marqué 16 buts et offert 9 passes décisives en trois saisons (94 matchs). Mais lors de sa première année en Ligue 1, le Belge est entré seulement quatre fois en jeu, disputant 36 minutes en tout et pour tout. Au delà de ses éléments statistiques, Hazard est presque systématiquement à l'origine des buts ou des occasions de buts du LOSC.
Stabilité A Lille, depuis deux saisons, l'attaquant belge est, à tout juste 19 ans, un titulaire indiscutable et indéboulonnable. Ben Arfa, lui, squatte les terrains de L1 depuis six ans et passe plus de temps sur le banc que sur le terrain, même si l'année 2010 semble avoir changé cette donne. Hazard apparaît également comme un joueur au caractère moins trempé que son pendant marseillais et donc bien plus facile à gérer dans un effectif. Le Lillois a su attendre son heure, en travaillant patiemment pour au final s'offrir une place de titulaire. Le Marseillais dont le talent est évident, semble par contre, se reposer un peu trop dessus. On se souvient aussi de son refus d'entrer en jeu contre Paris au Vélodrome, l'an dernier. Une petite crise qui l'avait condamné par la suite à cirer davantage encore le banc de touche. A sa décharge, Lille est un endroit plus propice pour s'épanouir et éclore tranquillement, qu'à Lyon ou l'OM où la concurrence et la pression sont accrues et les résultats obligatoires.
Expérience Ben Arfa est indéniablement devant sur ce point là. Cela fait six saisons qu'il joue au plus haut niveau alors qu'Hazard va réellement finir sa deuxième saison parmi l'élite (lors de sa première saison, il n'a même pas disputé une mi-temps au total). Le Marseillais a dans les jambes 88 matchs de plus. Problème : l'expérience dont dispose Ben Arfa ne lui a pas vraiment servi jusque là. Il n'a jamais su tirer les conclusions de ces échecs passés. Même si là encore le visage qu'il montre depuis le début de l'année commence à enfin contredire cette tendance.
Profil de jeu Ce sont deux joueurs aux profils similaires. Vifs, explosifs, intuitifs, doté d'une technique hors normes. Déroutants par leur coup de rein, leur faculté à accélérer et à éliminer l'adversaire ou souvent, les adversaires. Des Messi ou des Cristiano Ronaldo en devenir. Hazard semble cependant supérieur collectivement. Dans sa capacité à faire les bons choix, la bonne passe au bon moment. Ben Arfa a encore trop tendance à faire le dribble de trop, à jouer parfois à contre-temps. Contrairement à Hazard, il cherche en première intention à faire la différence individuellement pour ensuite passer par le collectif quand il est bloqué. Tactiquement, le Belge a également une longueur d'avance sur le Français. Il respecte les consignes de Rudy Garcia à la lettre. Son replacement défensif est constant, ses appels de balles, systématiquement dans les intervalles et les espaces, facilitent grandement les transmissions de balles de ses partenaires.
Progression Le déclic est sûrement arrivé en début d'année pour Ben Arfa. Au mercato hivernal, Deschamps lui avait donné quatre matchs pour prouver qu'il avait sa place à l'OM. Le coup de pied aux fesses a visiblement eu les effets escomptés, mais que ce fut long ! A Lyon, Houllier et Perrin n'ont jamais réussi à exploiter la pleine mesure de son talent. A Marseille, la frustration s'est reportée sur Gerets. Après cinq bonnes années de stagnation, Ben Arfa semble enfin prendre son envol. Les spécialistes avaient donc sûrement raison : Ben Arfa arrivera à maturité vers 25 ans, laissons lui le temps. A l'inverse la progression d'Eden Hazard a été fulgurante, s'imposant comme un titulaire dès sa première vraie saison parmi l'élite. Une chose est certaine : à 19 ans et 23 ans, ces deux là ont tout l'avenir devant eux.
Médiatisation La pression médiatique, Ben Arfa la connaît depuis qu'il a 16 ans et la diffusion du documentaire « A la Clairefontaine » où la France entière a découvert un petit génie du ballon rond et attend depuis l'heure son eclosion au plus haut niveau. Ben Arfa n'a jamais eu le droit à l'erreur. Tous ses matchs, ses gestes, sont décortiqués. Car Ben Arfa fait vendre. Car Ben Arfa est le messi du football français. Dur héritage, qui a indéniablement freiné sa progression. Et pour parachever le tout, Ben Arfa a évolué dans les clubs hexagonaux les plus médiatiques : l'OL, à l'époque où il dominait de la tête et des épaules le championnat de France et l'OM, club le plus populaire en France où la pression atteint son paroxysme. A Lille, on laisse tranquille Hazard. Loin des caméras, dans l'ombre, le Belge peut se concentrer sur l'essentiel : son jeu, le football. Et c'est certainement ce qui fait l'une de ses forces par rapport à Ben Arfa.
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