Mentalité, méthodes de travail et entourage : tout oppose José Anigo, directeur sportif et Didier Deschamps, entraîneur de l'OM. Autopsie d'un couple qui ne s'aime pas. Et qui va bientôt divorcer.
DEUX RESEAUXPrincipale argument d’opposition entre José Anigo et Didier Deschamps : leur entourage. Marqué au fer rouge par le sceau olympien, José Anigo est viscéralement opposé à ce qui touche, de près ou de loin, à Jean-Pierre Bernès, l’agent de Didier Deschamps. « Bernès n’a pas fait que du bien à l’OM, avance un agent préférant garder l’anonymat. Il a pas mal d’ennemis à Marseille. Des gens que connait et fréquente José. » Une haine par procuration ? Pas seulement. « Juste avant que Deschamps ne signe à l’OM, Bernès s’est positionné pour reprendre les rênes du sportif. En clair, il voulait faire sauter Anigo pour redevenir le taulier qu’il était, aux côtés de Tapis, dans les années 90. » A l’époque, en juin 2009, José Anigo avait même menacé de partir si Jean-Pierre Bernès venait à prendre des fonctions à l’OM. Jean-Claude Dassier, fraîchement nommé président du club, avait alors dû s’employer pour rassurer son directeur sportif. Et finalement renoncer à activer l’option Bernès au sein de son organigramme. D’entrée de jeu, les dés étaient pipés pour qu’une saine relation ne s’installe entre Anigo et Deschamps.
DEUX METHODESJosé Anigo est un homme près de ses joueurs. Après les avoir bichonné à leur arrivée, il les materne jusqu’à éclosion. Certains de ses chouchous le considèrent même comme un second père (Nasri). Didier Deschamps a lui aussi un volet de proximité important, mais avec les anciens. « Il est très proche de certains joueurs, explique l’une de nos sources. Des gars qui ont de l’expérience et qui deviennent ses cadres. Quand il est arrivé, il les a de suite imposés. Edouard Cissé en fait partie. Mais vous n’imposez pas un type qui vient d’arriver dans un club comme Marseille. D’habitude, le temps s’en charge. Et ce temps, José l’a pour lui. Il est légitime. Deschamps a voulu remettre en place ce qui a fonctionné à Monaco. Mais à l’OM, c’est risqué d’imposer des choses. » Selon nos informations, le comportement des deux hommes, au départ simplement différent, est devenu caricatural au sein du club. Et ce qui agacerait le plus Deschamps, entre autres points, c’est de constater les « faveurs » accordées à Anigo. Dédé, jaloux ?
DEUX VISIONSLeur terrain de jeu préféré pour se disputer est bien évidemment le marché des transferts. Le dernier été a même été un modèle du genre. Quand Deschamps voulait un joueur, Anigo disait non. Et inversement. A tel point qu’à la fin de l’été, l’OM a bien failli se retrouver sans attaquant de pointe (même si Gignac préfère désormais évoluer à gauche). « Deschamps voulait absolument Luis Fabiano, raconte l’agent d’un joueur marseillais. Mais José n’était pas chaud du tout. L’année d’avant, le cas était le même avec Morientes. Au final, un salaire énorme pour un rendement quasi nul. Avec Luis Fabiano, les caractéristiques avaient beau être différentes, notamment au niveau de l’âge, José ne voulait pas d’un deuxième échec. » La coulisse marseillaise a été remplie d’incohérences de ce genre. « Je me souviens avoir eu deux réponses différentes le même jour pour un même joueur, plaisante un agent travaillant en Espagne pour le compte de clubs français. Le problème, c’est que Deschamps est venu pour faire des coups, gagner des trophées, et qu’Anigo est là pour durer. Donc ça ne peut pas marcher. » Mais que les deux hommes se rassurent, après 24 mois de cohabitation, leur calvaire a de grandes chances de prendre fin. Si un club sollicite Deschamps cet été, l’entraîneur marseillais sautera sur l’occasion.
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