Après avoir géré la crise puis digéré les clashs Anigo et Gignac, Didier Deschamps a remis l’OM dans le bon sens. Autopsie d’une révolution potentiellement décisive dans cette saison 2011-2012.
À défaut de s’écrire, il est parfois des légendes qui s’estompent. Nourries de rumeurs et d’informations peu tangibles, elles disparaissent sous l’effet de victoires inattendues. Marseille n’échappe (surtout) pas à la règle et les récents succès phocéens ont comme par enchantement renvoyé le licenciement de Didier Deschamps à l’état de bidonnage caractérisé. Souvenez-vous, pourtant, de ce samedi 22 octobre 2011 et de cette tonitruante sortie du directeur sportif, José Anigo, comparant Deschamps à Calimero. Trois jours plus tôt, au terme d’une défaite contre Arsenal, les premiers Gerets avaient même fusé des entraves du Vel’, témoignage assez clair d’un ras-le-bol de l’OM envers sa Dèche. DD allait partir, c’était écrit. « Le coup d’éclat d’Anigo marque au contraire le grand retour de Deschamps, témoigne un habitué de la commanderie sous couvert d’anonymat. L’idée d’un départ était à des années lumière de ce qui se passait en interne. Cette affaire lui a permis deux choses : de clarifier sa situation vis-à-vis d’Anigo auprès de Labrune qui a pris fait et cause pour lui en sanctionnant financièrement Anigo. Dans un second temps, choqués par l’ambiance en interne, certains joueurs ont pris fait et cause pour leur entraîneur. Une dynamique s’est crée. » La résurrection du soldat Deschamps, au lendemain même du match face à Arsenal (0-1), est notamment due à l’interventionnisme de l’un et à la participation des autres.
Le vestiaire surpris par ces changements L’un, c’est son président Vincent Labrune, qui avec l’accord de DD, réunit tous l’effectif, leur rappelle leurs devoirs et leur fixe un challenge (sportif et financier) à respecter avant la trêve. Les autres, ce sont les joueurs. Parmi les relais prioritaires de l’entraîneur : André Ayew, son frère Jordan et le gardien Steve Mandanda. D’autres, Stéphane M’Bia et Alou Diarra, demeurent également des pro-Deschamps. Un dernier élément, enfin, joue un rôle essentiel : Souleymane Diawara, conscient qu’il doit pour beaucoup à Deschamps sa prolongation de deux ans de contrat (18 novembre). Ces six joueurs ne « retournent » pas leurs partenaires afin de les convaincre du système Deschamps. Mais, et c’est déjà beaucoup, participent à une « remise en cause collective ». « C’est aussi ça la force de Deschamps, analyse Régis Rebufat, membre du conseil d’administration de l’OM. Même dans la tempête, il n’a jamais perdu la confiance des siens. Et au moment de les mettre face à leurs responsabilités, il est tombé sur des types d’expérience, capables de comprendre leurs erreurs. » On ne sait si les joueurs déterminent le changement d’attitude de DD, mais le vestiaire est surpris par sa soudaine proximité. Avant le Clasico, Deschamps se métamorphose. Laurent Blanchard, spécialiste de l’OM au quotidien La Provence : « Nous avions droit jusque-là à un entraîneur à l’italienne, assez sûr de lui, pas nécessairement distant, mais pas toujours très proche de ses joueurs. Peu à peu, Deschamps a évolué, n’hésitant pas à plaisanter avec eux. Je ne sais si ceci explique cela, mais il a modifié son attitude au cours des dernières semaines. »
« Personne n’a douté de ses compétences » Pas idéal en vue de préparer un Clasico, le clash avec Gignac finit de cimenter une partie du groupe. Les joueurs alignés ce soir-là (Lucho, Rémy et les frères Ayew) lui rendent sa confiance. Ceux avec qui il nourrit de moins bons rapports (Valbuena, Cheyrou) demeurent sur le banc. Convaincu de ses choix, humains et tactiques, DD poursuit son œuvre avant le match de Caen. Rien d’exceptionnel, et notamment dans le jeu, mais des choix tactiques clairs, des hommes confirmés dans leurs rôles et une soif de vaincre ressentie. « Pour avoir effectué le voyage à Dortmund, reprend Rebufat, je peux vous garantir que son professionnalisme et sa sérénité impressionnent. Les défaites d’hier comme les victoires d’aujourd’hui ne l’ont pas changé. Deschamps a sans doute évolué, mais, pour être honnête, personne n’a un seul instant douté de ses compétences. » Quand on vous dit que l’idée même de son renvoi était un bidonnage caractérisé…
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