Bisevac Ca aurait pu etre la mort du foot serbe
La rédaction

Alors que sa fédération à jusqu'à demain pour faire appel des sanctions prises par l'UEFA, Milan Bisevac, scandalisé par les incidents provoqués par les supporters serbes en Italie, livre un constat sans concession sur le malaise qui gangrène le football de son pays.

La Fédération serbe de football a jusqu’à demain (mercredi) pour faire appel de la décision de l’UEFA d’accroder le match gagné sur tapis vert (3-0) par l’Italie face à la Serbie suite aux débordements provoqués par les supporters serbes lors du match comptant pour les éliminatoires à l’Euro 2012, le 13 janvier dernier. L’occasion pour le défenseur serbe de Valenciennes, Milan Bisevac, de donner son point de vue sur ce triste évènement mais également de nous parler de ses ambitions personnelles avec la sélection serbe.

Milan, que pensez-vous des sanctions* prises par l’UEFA à l’encontre de la Serbie ? C’est un moindre mal parce qu’on parlait de match gagné par l’Italie 3-0 sur tapis vert mais aussi éventuellement d’une disqualifiaction de la Serbie des éliminatoires à l’Euro 2012, de cinq matchs à huis clos à Belgrade et d’une disqualification des coupes européennes pour tous les clubs serbes. Déjà que le football serbe est dans une situation difficile, ça aurait pu être la mort du football serbe.

Comment jugez-vous l’attitude des supporters serbes à Gênes, lors de la rencontre Italie-Serbie ? C’est un scandale ! Ca donne une très mauvaise image des Serbes. Je ne comprends pas ce qu’ils ont dans leur tête. Ce ne sont que 30-40 supporters qui sont concernés et la Serbie, ce n’est pas ça ! Ca me blesse énormément, ça me touche, ça m’énerve. J’étais très déçu. Mais c’était très chaud ce jour là. Avant le match, une dizaine de supporters sont même montés dans le bus de la sélection. Ils voulaient s’en prendre à Stojkovic (NDLR : le gardien de la Serbie et du Partizan Belgrade). Ils lui en veulent parce qu’il a signé au Partizan alors qu’il a joué par le passé à l’Etoile Rouge. Ce sont les deux clubs rivaux de Belgrade et pour eux, c’est un affront. Finalement, c’est le capitaine, Dejan Stankovic, qui a été obligé d’intervenir pour les calmer.

Pour poursuivre sur la sélection, il paraît que vous avez été très affecté de ne pas faire partie des 23 joueurs serbes retenus pour la Coupe du monde... Je ne comprends toujours pas pourquoi. J’essaye de faire des bons matchs, d’être régulier et performant tous les week-end. D’autant que le championnat de France, c’est un championnat très relevé. Après, je ne sais pas ce que je peux faire de plus. Je me suis posé beaucoup de questions. Mais pour l’ancien sélectionneur (NDLR : Radomir Antic), il fallait évoluer dans un grand club pour être sélectionné. Que tu joues ou que tu ne joues pas ! Les autres, il ne les regardait pas. Il tout respecter mais si j’avais été vraiment mauvais j’aurai compris. Je l’ai vécu comme une injustice. Justement avec l’intronisation de Vladimir Petrovic à la tête de la sélection, espérez-vous être rappelé ? Oui, surtout que j’ai déjà travaillé avec lui quand il était sélectionneur des Espoirs de la Serbie-Monténégro. J’avais disputé tous les matchs de l’Euro espoirs (finaliste en 2004) et des Jeux Olympiques d’Athènes (2004). En plus, il a déjà parlé de moi à la télévision serbe. Il a répondu qu’il ne fallait pas m’oublier quand on parlait des défenseurs serbes. Ca m’a fait plaisir et forcément ça me donne encore plus de motivation pour revenir.

On sent que votre plus grande ambition c’est de reporter le maillot de la Serbie un jour... Chaque jour je rêve de rejouer avec la sélection. C’est mon rêve de footballeur. C’est une fierté de porter ce maillot-là et j’espère que je vais pouvoir le faire. Quand tu joues pour ton pays, c’est le top. C’est indescriptible.

Pour vous, malgré le fait que ce soit un concurrent direct en sélection, Nemanja Vidic est-il le meilleur défenseur central au monde ? Oui, et ce n’est pas parce qu’il est serbe que je dis ça. Il est régulier, performant et il a déjà tout gagner. C’est un joueur complet. Quand tu es étranger et que tu arrives à être capitaine à Manchester United, ça veut dire quelque chose. Je suis admiratif car c’est très dur de rester au plus haut niveau et d’être toujours aussi régulier. 

Les tennismen et tenniswomen serbes (Djokovic, Ivanovic, Jankovic...) affirment souvent que la guerre en Yougoslavie leur a forgé un mental d’acier. Est-ce également votre cas ? Vous savez, eux en Serbie, il n’avaient pas de terrains pour s’entraîner. Il n’y en a pas. Alors, ils le faisaient dans des piscines vides. Forcément, ça marque. Mais la force mentale fait partie de la culture serbe. C’est dans notre nature, on ne lâche jamais.

*Match perdu sur tapis vert (3-0) contre l’Italie, deux matchs à huis-clos (dont un avec sursis), 120 000 euros d’amende et l’interdiction d’organiser des déplacements de supporteurs jusqu’à la fin des éliminatoires à l’Euro 2012. Tomislav Karadzic, le président de la Fédération serbe de football, a annoncé qu'il allait faire appel de cette décision auprès de l'UEFA.