S'il y a des tarlouzes à l'AJA, elles ne sont pas en défense ! Troisièmes de Ligue 1, les Bourguignons impressionnent. Surtout derrière, où ils ne laissent rien passer... Mais comment la mécanique ordinaire de la saison passée a-t-elle pu se transformer en machine à gagner?
En Bourgogne, on se croirait presque revenu en 1996... A cette époque, l'AJ Auxerre disputait le titre de champion de France et, encore plus fort, avait même fini par le remporter. Cette saison, un remake est possible : la formation ajaiste tourne à un rythme de champion (2,17 points par match en 2010) et occupe la 3e place de la Ligue 1, à seulement un point du leader Bordeaux. Mais comment cette équipe, habituée au ventre mou du championnat (classée entre la 8e et la 15e place depuis trois ans) peut-elle aujourd'hui battre Marseille, Bordeaux et Lille sur leur propre pelouse? Derrière, Auxerre gère La solidité défensive semble être le grand point fort du bataillon auxerrois: 2e arrière-garde la plus imperméable de Ligue 1 derrière Bordeaux, l'AJA peut compter sur un gardien qui réalise une des meilleures saison de sa carrière : Olivier Sorin. Mais il faut dire qu'il commence à avoir ses repères avec une défense quasiment inchangée depuis deux ans : l'expérimenté Coulibaly et le solide Mignot dans l'axe, l'offensif Hengbart a droite et le sobre Grichting à gauche. « On ne prend presque plus de buts sur coup de pieds arrêtés, on a corrigé nos erreurs d'inattention », explique Cédric Hengbart. « C'est la résultante d'un travail de fond collectif au fil des saisons », confirme Dominique Cuperly, ex-adjoint historique de Guy Roux à l'AJA. Ndinga, le costaud qui manquait Une défense qui a moins de travail que les saisons passées. « L'équipe entière défend très bien dès la perte du ballon, continue Cuperly. Ça donne plus d'assurance aux défenseurs. » L'AJA s'est également trouvé un vrai milieu récupérateur physique en la personne de N'Dinga, la révélation de la saison sur le plan individuel, qui a pris la place de Dudka. « Un rôle obscur, très utile, selon Cuperly. « Il arrive aussi bien à défendre qu'à attaquer », enchaine Hengbart. Un avènement qui sert également la rampe de lancement Benoit Pedretti, délesté de certaines tâches défensives et qui peut se concentrer sur l'animation du jeu auxerrois. « On avait besoin d'un numéro six qui récupère beaucoup de ballons », explique Hengbart. Un équilibre atteint grâce à un schéma tactique remanié : rappelons que le milieu offensif axial Kamel Chafni a longtemps occupé le poste de latéral droit dans un 3-5-2 parfois instable. Le 4-4-2 mis en place par Jean Fernandez permet une meilleure organisation. Et l'équipe peut « aussi bien faire du jeu que jouer le contre », explique Cuperly. « On récupère souvent le ballon très haut, ça permet d'exploiter les espaces à l'extérieur », analyse Hengbart. Niculae, de buteur muet à passeur décisif Les joueurs offensifs aussi ont su se transformer : Niculae a enfin trouvé sa vraie place : lui qui ne marquait jamais en pointe est maintenant le meilleur passeur auxerrois, positionné légèrement en retrait de Jelen, l'indispensable buteur maison « Il lui fallait un déclic, il a eu des problèmes personnels », explique Hengbart. Et que dire de l'ailier Denis Oliech, qui réitère de plus en plus souvent les matches monstrueux dont il est capable ? « Les bonnes performances font qu'il y a plus d'enthousiasme dans le jeu, les attaquants se libèrent plus », analyse Cuperly. De quoi viser l'Europe, surtout que l'AJA a été sortie par le PSG en Coupe de France mardi. « Si on ne se qualifie pas , certains joueurs partiront », selon Hengbart. Ce serait dommage... Auxerre parviendra t-il à imiter l'équipe de 1996?