Les blessures successives de Michael Essien, milieu de terrain de Chelsea, racontées par celui qui l'a longtemps soigné, le chirurgien Pierre Hamon. Des révélations instructives mais surtout inquiétantes?
L’information n’a guère défrayé la chronique. Au mieux quelques lignes, dans les journaux et sur Internet, afin d’annoncer l’opération récemment subie par Michael Essien, le milieu de terrain de Chelsea. Rupture des ligaments antérieurs et du ménisque du genou droit, intervention chirurgicale effectuée en Espagne, absence estimée à 6 mois, jusque-là, rien d’anormal. Sauf que l’histoire n’est pas des plus banales et qu’elle stigmatise, si besoin était, les dérives modernes du ballon rond et de ses footballeurs, désormais assimilés à de vulgaires marchandises.
Sollicité par l'agent d'Essien Flash-back : septembre 2008. Pierre Hamon, chirurgien orthopédiste renommé dans l’univers du football (il a débuté en 1995 avec le professeur Jaeger), est contacté par Fabien Piveteau, l’agent du milieu de terrain de Chelsea Michael Essien. « A la suite de deux chocs, Michael souffrait d’une rupture complète du ligament du genou gauche. Il fallait l’opérer. Fabien Piveteau, son agent, me recommande alors à Chelsea pour que j’effectue l’opération. Michael insiste également. Il faut savoir que dans certains clubs, et notamment à l’étranger, les clubs imposent aux joueurs leur propre équipe médicale. Il y a des clauses qui le spécifient et si le joueur refuse, il prend le risque de ne pas pouvoir signer. Le médical n’est pas un sujet annexe dans le contrat du footballeur, bien au contraire. » A la suite de cette première intervention, Pierre Hamon demeure en contacts réguliers avec le directeur du service médical des Blues, Bryan English. Echange de mails parfois difficile, notamment sur les délais de reprise du joueur, coups de téléphone, les relations sont correctes, en dépit d’un hématome post opératoire d’Essien, « fréquent chez tous les sportifs à la musculature importante », précise Hamon.
A la CAN avec des ischios bousillés Changement radical d’attitude le 7 février 2009. Pierre Hamon est alors convoqué au siège du club, à Londres, et de manière officielle afin de donner son opinion sur l’évaluation de la blessure d’Essien. Chelsea, et notamment son nouvel entraîneur, Guus Hiddink, souhaite refaire jouer Essien le plus vite possible. Au contraire d’Hamon qui, lui, estime « 6 semaines de reprise supplémentaire avant de rejoindre l’équipe première ». 15 jours après, Essien rejoue avec les Blues. Et marque du …pied gauche ! Nouvel épisode en septembre 2009, un an après la première opération. Michael Essien se blesse aux ischios-jambiers de la jambe droite, sans que Pierre Hamon soit averti. « J’apprends par la suite que cette douleur commençait à l’inquiéter quant à sa participation à la Coupe d’Afrique des Nations qui allait se dérouler en Angola. Michael est du coup parti à la CAN avec des ischio bousillés. » Les rapports avec English se compliquent : pas de menaces, non, mais beaucoup de sous-entendus, des mails virulents, des questions sur chaque décision et une incompréhension qui s’installe. A tel point qu’au début de l’année 2010, Essien retourne voir Pierre Hamon afin d’effectuer une arthroscopie en raison d’une lésion au ménisque interne. « Je précise à Chelsea et à English que Michael a besoin de 6 semaines avant de reprendre. Pourtant, lorsque Michael débarque à Londres, le lendemain, Bryan English lui ordonne d’en faire une autre. Sans me prévenir, et juste pour vérifier ce qui avait été fait. Résultat, Michael a le genou qui gonfle et English décide d’effectuer une synovectomie (destinée à réséquer partiellement ou totalement la membrane synoviale de l'articulation. C'est une intervention qui peut se pratiquer soit en ouvrant l'articulation soit par arthroscopie), puis de le plâtrer. C’est n’importe quoi et je le dis à Bryan English. »
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