Le meneur de jeu de l’équipe de France, Samir Nasri, n’a jamais été autant critiqué. Son jeu déplait, comme son comportement. A ses coéquipiers, comme aux supporters des Bleus.
Encore gamin, il fait l’objet d’un reportage sur Canal+. On le voit, sans poil aux pattes, rêver d’un avenir professionnel à l’OM. C’est un peu ça, la carrière footballistique de Samir Nasri. Toujours très attendu. En équipe de France, c’est pareil. A vingt ans, le meneur de jeu éclabousse de son talent la Ligue 1. Raymond Domenech l’appelle. En quelques minutes, le Marseillais se met le Stade de France dans la poche. Il joue au ballon, provoque ses adversaires, et se montre même décisif. Pour beaucoup, la France tient son nouveau Zizou, avec ce minot de la cité phocéenne, d’origine algérienne. Cinq ans après sa première sélection, Samir Nasri n’a pas pris l’autoroute qu’on lui prédestinait, et emprunte les chemins de traverse. En 2008, Raymond Domenech le prend pour l’Euro, mais le Citizen joue peu, et s’embrouille même avec quelques cadres de l’équipe. Pour la Coupe du monde sud-africaine, le numéro onze des Bleus est prié de rester chez lui. Aujourd’hui, Samir Nasri a vingt-quatre ans. A l’image de ses coéquipiers de la génération 1987, Laurent Blanc lui fait pleinement confiance. Le président lui a même refilé les clés du jeu tricolore. Après les trois premiers matchs de l’Euro, pourtant, Samir déçoit. Quand il gratte trop la balle, ou avec son casque sur les oreilles...
Influence minime sur le jeu
Après le match contre la Suède, tout le monde lui est tombé dessus. Il ne faut pourtant pas tout oublier. Lors de la première demi-heure de jeu, l’ancien élève de Wenger joue très simple, combine avec ses coéquipiers. Il finit par s’effacer, englué dans la terne prestation française et pas aidé par les présences conjuguées de Diarra et M’Vila pour le soutenir. Mais voilà, on attend plus d’un milieu de terrain récent champion d’Angleterre comme Silva, son coéquipier à City qui rayonne avec la Roja. On aimerait voir Samir Nasri prendre le jeu à son compte. On aimerait le voir réclamer le cuir dans les intervalles, multiplier les dédoublements, et se montrer décisif dans la zone de vérité. Au lieu de ça, l’ancien marseillais semble en garder toujours sous la semelle. Et ses trop nombreuses touches de balle, pour un meneur de jeu, ralentissent la progression des Bleus sur le terrain. Le pire dans tout ça, c’est que Samir Nasri a les qualités physiques, techniques et intellectuelles pour rayonner dans le dispositif français, entre un Cabaye altruiste et un Benzema joueur. Et si le problème était affectif ? Et si, dans cette équipe de France, Nasri ne se sentait pas bien...
Le vilain petit canard ?
Les murs du vestiaire tricolore ont tremblé, mardi soir. Et à défaut d’être dans les bons coups sur le terrain, Samir Nasri a endossé le premier rôle pour ce grand déballage. L’Equipe d’hier rapportait un échange houleux avec Hatem Ben Arfa, et une prise de becs avec le grand Diarra. Aujourd’hui, elle fait part d’une possible mésentente entre Nasri et Benzema. Le Parisien va encore plus loin dans son édition du jour. Le quotidien annonce que le joueur de City ne serait pas apprécié par une partie du vestiaire. L’exemple de sa blessure contre les Suédois est troublant. Nasri souffre, mais personne ne vient le réconforter (notre photo). La raison ? Son implication sur le terrain, et ses façons de faire en dehors. Certains lui reprochent ses petites manipulations. Il lui arriverait, par exemple, de dire à l’un des remplaçants qu’il ne comprend pas son sort. On est loin, très loin de l’image du garçon (trop ') souriant que renvoie Nasri. Demain, la France joue sa qualification pour les demi-finales face à la meilleure équipe du Monde. Le moment idéal pour le meneur de jeu des Bleus de prouver à cette France qui le déteste qu’il a les épaules assez larges pour mener le navire français. Et oui Samir, tu es encore et toujours attendu...