Cyclisme : Les droits TV au secours des équipes ? Il répond
Alexandre Higounet

La question de la fragilité des équipes, dont l'existence dépend aujourd'hui quasiment à 100% du sponsoring, est plus que jamais sur la table, alors que plusieurs sponsors arrêtent, comme Arkea-BB Hôtels, et que d'autres fusionnent pour poursuivre. Comme le10sport.com l'a indiqué, il devient nécessaire de chercher d'autres sources de financement pour viabiliser leur existence. Interrogé par cyclismactu.net, Vincent Lavenu, l'ancien patron de l'équipe AG2R La Mondiale, a livré son diagnostic.

Il y a quelque temps, à l'occasion du podcast Grand Plateau sur RMC, Jérôme Pineau, l'ancien coureur et directeur d'équipe, avait évoqué le problème du financement des équipes, aujourd'hui trop dépendantes du sponsoring, et lancé l'idée de faire payer le public sur certains passages clés ou mythiques des grandes courses pour trouver des revenus : « Je vais en choquer certains, mais ils ont créé une étape qui va monter deux fois l’Alpe d’Huez. Privatisons donc les cinq derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez. Faisons payer l’entrée, ayons des VIP, créons quelque chose pour gagner de l’argent ! Historiquement, le cyclisme est un sport populaire, un sport libre. Mais un sport libre où il n’y a plus de coureurs sur la route parce qu’il n’y a que deux équipes, Bahreïn et les Émirats arabes unis, est moins amusant, n’est-ce pas ? Les spectateurs viennent regarder la course pour voir vos coureurs, mais vos coureurs n’ont rien sur la feuille de revenus. C’est ce qui n’est pas juste. Des zones d’accueil sont organisées sur le Tour et dans d’autres grandes courses, mais c’est l’organisateur qui prend l’argent, pas les gens qui font le spectacle ».

« Notre modèle économique repose à 95 % sur le sponsoring, et il atteint ses limites »

Si l'idée de faire payer le public n'est pas forcément celle à retenir, d'autant qu'elle ne génèrerait probablement pas suffisamment de revenus, il est clair que l'économie des équipes apparaît aujourd'hui très fragile, car entièrement dépendante du sponsoring. Interrogé par cyclismactu.net, Vincent Lavenu, dirigeant historique de l'équipe Décathlon-AG2R La Mondiale pendant une vingtaine d'années, est forcément bien placé pour évoquer le sujet. Et pour Lavenu, outre un accès payant à certains endroits des grandes courses, la redistribution aux équipes d'une partie des droits TV ne constitue pas non plus une solution fiable : « Une redistribution d'une partie des droits TV en faveur des équipes ? C’est un vieux débat. Aujourd’hui, équipes et coureurs ne touchent rien. Mais même si les équipes recevaient 3 à 5 millions d’euros, je ne suis pas sûr que cela changerait la donne : les grandes équipes s’en serviraient pour recruter davantage. Notre modèle économique repose à 95 % sur le sponsoring, et il atteint ses limites. Il faut réfléchir à de nouvelles sources de financement ».

La mise en place d'un marché des transferts dans le cyclisme

Comme le10sport.com l'a évoqué récemment si la redistribution d'un pourcentage des droits télés peut s'inscrire dans un panel plus général de financement des équipes, seule la mise en place d'un véritable système de transferts dans le cyclisme, à l'image de ce qui se pratique dans le football, pourrait permettre de générer des revenus suffisamment conséquents pour les équipes pour pérenniser leur existence au-delà de l'arrêt éventuel d'un sponsor.

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