Depuis que l'ancien coureur et directeur d'équipe Jérôme Pineau, aujourd'hui consultant pour RMC, a lancé l'idée de rendre payant pour le public l'accès à des endroits mythiques ou stratégiques des grandes courses, comme les 5 derniers kilomètres de l'Alpe d'Huez, afin de trouver des sources de financement pour les équipes en dehors des sponsors, le débat fait rage. Thomas Voeckler a été interrogé par cyclismactu.net sur le sujet...
Il y a quelque temps, à l'occasion du podcast Grand Plateau sur RMC, Jérôme Pineau, ancien coureur et directeur d'équipe aujourd'hui consultant pour la radio, a lancé l'idée de rendre payant au public l'accès à des endroits stratégiques ou mythiques des grandes courses, à l'image des cinq derniers kilomètres de l'Alpe d'Huez au Tour de France, pour trouver des sources de financement pour les équipes et les rendre moins dépendantes du sponsoring : « Je vais en choquer certains, mais ils ont créé une étape qui va monter deux fois l’Alpe d’Huez. Privatisons donc les cinq derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez. Faisons payer l’entrée, ayons des VIP, créons quelque chose pour gagner de l’argent ! Historiquement, le cyclisme est un sport populaire, un sport libre. Mais un sport libre où il n’y a plus de coureurs sur la route parce qu’il n’y a que deux équipes, Bahreïn et les Émirats arabes unis, est moins amusant, n’est-ce pas ? Les spectateurs viennent regarder la course pour voir vos coureurs, mais vos coureurs n’ont rien sur la feuille de revenus. C’est ce qui n’est pas juste. Des zones d’accueil sont organisées sur le Tour et dans d’autres grandes courses, mais c’est l’organisateur qui prend l’argent, pas les gens qui font le spectacle ».
« Je pense qu’il faut préserver la gratuité du vélo : c’est un symbole fort »
Depuis le débat fait rage sur le sujet, car il est sensible. Il est vrai qu'il apparaît urgent de viabiliser l'économie des équipes professionnelles en dehors du sponsoring, et qu'en ce sens, il est nécessaire de chercher des financements. Mais est-ce auprès du public sur le bord de la route qu'il faut le faire ? Est-ce une réelle solution ?
« On peut imaginer quelques zones premium très limitées, pour attirer des partenaires et créer du business »
A l'occasion d'un entretien accordé à cyclismactu.net, Thomas Voeckler a livré son avis sur le sujet, et surtout sur sa faisabilité... Le sélectionneur de l'équipe de France a ainsi déclaré : « Je pense qu’il faut préserver la gratuité du vélo : c’est un symbole fort. Mais on peut imaginer quelques zones premium très limitées, pour attirer des partenaires ou des décideurs et créer du business. Et puis je pense que si vous parlez à Christian Prudhomme de faire payer les 5 derniers kilomètres de l'Alpe d'Huez, vous ne ferez pas longtemps dans son bureau. Sur les droits TV, il faut savoir que beaucoup de courses paient pour être diffusées. Les grands organisateurs gagnent de l’argent sur certaines épreuves, mais en perdent sur beaucoup d’autres. Une redistribution pourrait aider, mais cela ne rééquilibrera pas le rapport de forces entre une équipe comme UAE et une formation plus modeste ».