Armstrong : les quatre axes de défense de lUCI
La rédaction

En plus d’avoir confirmé des sanctions exemplaires à l’égard de Lance Armstrong, l’UCI a profité de l’occasion pour se justifier sur les accusations dont elle a pu faire l’objet. Avec une stratégie de défense rôdée.

Non, l’UCI n’a pas couvert Lance Armstrong. Non, l’UCI n’a pas été payée par Lance Armstrong pour fermer les yeux sur des années de dopage. Du côté de l’instance dirigeante du cyclisme, on a profité de cette annonce retentissante concernant Lance Armstrong pour tenter de mettre les choses au point. Avec une stratégie basée sur quatre points.

Argument n°1 : L’UCI a toujours tout fait contre le dopage
Aujourd’hui, l’UCI vient de confirmer elle-même que Lance Armstrong, et son système de dopage, avait réussi à berner tout le monde pendant de longues années. UCI comprise. Si l’UCI a été défaillante dans le résultat, elle se place comme une organisation qui a au moins mis les moyens de combattre le dopage et qui le fera toujours à l’avenir. « L’UCI a toujours été la première fédération sportive internationale à s’engager dans de nouvelles stratégies de lutte contre le dopage et elle regrette que l’infrastructure antidopage qui existe aujourd’hui n’était pas disponible à l’époque, de sorte à rendre une telle fraude impossible. »

Argument n°2 : L’UCI n’est pas la seule fautive
Certes, en reconnaissant le rapport de l’USADA dénonçant le système Armstrong, l’UCI confirme que Lance Armstrong a bénéficié de ses failles ou de son incompétence durant de longues années. Mais quitte à tomber, autant tomber à plusieurs. L’UCI n’a pas l’intention d’endosser seule les responsabilités et y inclut également les agences anti-dopages. « Ce processus va au-delà de l’UCI. Les agences antidopage, y compris l’AMA, l’USADA, l’AFLD et le CONI doivent y contribuer en examinant aussi le nombre de fois qu’elles ont contrôlé Lance Armstrong et en fournissant leur propre explication sur la raison pour laquelle il n’a jamais été contrôlé positif aux tests effectués par leurs soins. » L’instance rappelle d’ailleurs qu’elle « a contrôlé Lance Armstrong 218 fois. Si Lance Armstrong était en mesure de contourner le système, il incombait alors non seulement à l’UCI de s’attaquer à cela mais également à l’AMA et à toutes les autres agences antidopage qui ont accepté les résultats. » La stratégie du tort partagé.

Argument n°3 : Mettre le doute sur l’USADA
En plus d’avoir dévoilé le système Lance Armstrong, l’USADA a également jeté le trouble sur l’UCI en évoquant notamment des versements d’argent de Lance Armstrong envers l’UCI. Ce qui fait naître la suspicion sur le fait que l’UCI ait pu couvrir Armstrong. L’UCI, faute de se défendre sur le fond, le fait plutôt sur la forme. En s’en prenant directement à l’USADA qui, selon elle, n’était pas la mieux placée pour enquêter sur cette affaire. « Outre la prise en compte des questions de compétence, il aurait été préférable que les preuves rassemblées par l’USADA soient évaluées par un organe ou une personne neutre, qui ne soit pas impliqué dans la collecte des preuves et ni engagé dans des poursuites à l’encontre du défenseur. Ceci aurait permis d’éviter à la fois les critiques invoquant une « chasse aux sorcières » envers M. Armstrong, ainsi que celles invoquant un conflit d’intérêt pour l’UCI. En outre, le ton parfois animé et exagéré de la décision motivée, ainsi que des déclarations incorrectes et incomplètes faites en rapport à l’UCI, reflètent l'implication intense de l’USADA dans la poursuite, qui ne permet pas toujours d’atteindre le degré de détachement attendu d’une décision disciplinaire. » D’ailleurs, pour tenter de contredire une éventuelle « couverture » de Lance Armstrong, l’UCI n’hésite pas à affirmer que si l’USADA, qui aurait selon elle travaillé dans son coin, lui avait fourni les éléments du dossier, les conséquences auraient été les mêmes. « Outre cette explication technique et avant tout, il est essentiel de considérer qu’il ne doit subsister aucun doute sur le fait que si l’USADA avait fourni le dossier de l’affaire à l’UCI (ce que l’USADA a refusé de faire) à des fins de gestion des résultats, l’UCI aurait conclu que M. Armstrong devait effectivement répondre aux accusations à son encontre et l’UCI aurait demandé à USA Cycling d’engager une procédure disciplinaire à l’encontre de M. Armstrong. »

Argument n°4 : L’UCI ne se sent pas attaquée directement, et ne répondra donc pas
Au vu du peu de crédibilité qu’accorde l’UCI à l’USADA, pourquoi suit-elle son rapport pour sanctionner Armstrong et, surtout, pourquoi ne pas contester les accusations dont elle fait l’objet ? Encore une fois, question de forme plus que de fond. Puisqu’Armstrong n’a pas contesté ce rapport, l’UCI se trouverait presque obligé de le prendre comme acquis. Quant aux accusations directes contre elle, l’UCI esquive tant bien que mal. En résumé, l’UCI n’est pas le sujet du débat, donc inutile de perdre du temps pour répondre aux accusations. Un peu facile ? C’est en tout cas l’argument de l’UCI. « L’UCI est consciente que certains témoins ont prononcé des déclarations qui portent préjudice à l’UCI, ainsi que du fait que l’USADA critique l’UCI à plusieurs reprises dans sa décision motivée. Même si l’UCI ne cautionne pas ces déclarations et critiques, étant donné que la décision de l’USADA n’est pas dirigée à l’encontre de l’UCI, mais de M. Armstrong, l’UCI ne juge pas nécessaire de faire appel auprès du TAS sur ces motifs. »