XV de France : PSA a déjà fait le plus dur
La rédaction

Si les tests de novembre sont parfois sujets à caution (blessures, essais de formules et de joueurs…), ceux de 2012 seront quoi qu’il arrive samedi face aux Samoa, sources de certitudes pour Philippe Saint-André.

Le XV de France a régalé le spectateur face à l’Australie et l’Argentine, ses deux bêtes noires depuis 10 ans. Du jeu, de la confiance et aussi de l’efficacité et de la solidité dans la conquête. Un travaille à mettre au crédit du staff, qui se retrouve à ce jour avec des assurances bien venues, à quelques mois du Tournoi des VI Nations.

Du 4 au 8, tout va bien merci

On savait que Thierry Dusautoir était l’un des meilleures troisièmes lignes au monde (voir le meilleur), et Imanol Harinordoquy était un excellent complément du « Black Destroyer ». En l’absence des deux tauliers, PSA a choisi d’aligner Louis Picamoles, Fulgence Ouedraogo et Yannick Nyanga. Essai transformé. Picamoles a été splendide, perforateur balle en main, roi du ruck et injouable en défense, il a été probablement le meilleur français sur les deux matchs. On attendait beaucoup de ce joueur, et sa régularité au Stade Toulousain est enfin transposée en Bleu. Un monstre. A coté de lui, Ouedraogo est cette force tranquille qui vient colmater les brèches et rassurer tout le monde. Enfin, Nyanga, revenu après avoir été « tricard » cinq ans, a effectué deux belles sorties ponctuées par son essai de char d’assaut face aux Argentins. La troisième ligne, une assurance tout risque.

En deuxième ligne, le capitaine Papé et le colosse (plutôt golgoth) Maestri, ont effectué un bon match face aux Pumas. Suta, qui a fait la paire avec son capitaine face aux Wallabies, a montré que le réservoir était fourni en talents. Le pack du XV de France a donc montré sa solidité lors des sorties de cet automne. Si le poste de talonneur n’est pas encore hyper sécurisé, Szarzewski ou Kayzer sont assez expérimentés pour éviter une faillite. Une réelle satisfaction chez les avants, et un soulagement pour la France étant donné l’obligation d’une conquête forte, pour assumer l’ambition du french flair dans le jeu de trois-quarts.

Le retour des envolées françaises

Ne pas voir une sortie de regroupement du XV de France se transformer en attaque au large fait toujours mal au cœur. Culturellement, le jeu des Bleus est fait de relance, de passes sautées, de cadrages, de débordements. Bref, ça bouge, ça vit, ça pétille. Après quelques années de relative tristesse dans la qualité de jeu, les deux matchs de ce mois de novembre ont redonné le sourire aux puristes. A qui en revient le mérite ? Aux joueurs, toujours, mais aussi aux choix des hommes effectué par Saint-André et Patrice Lagisquet, et tout d’abord le risque pris en charnière. En effet, bien qu’il soit référencé, donner les clés à Frédéric Michalak en 10 n’était pas vraiment dans l’air du temps. Trinh-Duc tenait la corde dans l’opinion et Morgan Parra n’avait pas été ridicule à l’ouverture. Mais si PSA a fait ce choix, c’est par souci de complémentarité. Car l’autre surprise est d’avoir intronisé Maxime Machenaud en 9. Le néo-Racingman est arrivé avec son insouciance est son physique de déménageur pour s'installé dans son rôle de booster, dynamiseur de jeu. Sorties rapide et propres, un physique de tank capable de résister et de partir au ras, pour un rythme de jeu élevé qui permet de profiter du l’instinct de Michalak et de la qualité exceptionnelle des trois-quarts.

Clerc, Fritz, Mermoz, Fofana. Le carré magique du XV de France. Vitesse, puissance, explosivité, qualité défensive. On ne voit pas qui pourrait bousculer ce quatuor à moyen terme. La grosse impression est laissée par Florian Fritz, pourtant « blacklisté » pendant des années. Le centre de Toulouse a été proprement coruscant. Plaqueur, perforateur, créateur et loin d'avoir un coup de pied de « fillette », il est la valeur étalon de cette ligne qui voit Mermoz être très propre et Clerc toujours aussi incisif. Fofana, décalé à l’aile en sélection, se montre très à l’aise et apporte puissance et explosivité. Quatre garçons dans le vent, soutenus par un impeccable Dulin à l’arrière, dont la place pourrait être contestée à terme par Médard, de retour de blessure. Un problème de riche et des certitudes que le sélectionneur voudrait voir validés ce samedi au Stade de France (18h), face à des Samoans surpuissants dans les rucks et le combat.

Par Ryad Ouslimani