Un an après la déroute face aux All Blacks en quart de finale de la Coupe du monde, le XV de France, désormais guidé par Guy Novès, aborde la tournée de novembre avec en point de mire une revanche contre les champions du monde le 26 novembre.
Broyés, déchiquetés, humiliés et surtout éliminés… Il y a un an, le 17 octobre 2015, la belle soirée de Cardiff s’est transformée en déroute et l’espoir en cauchemar… Les Blacks ont assommé des Bleus bien loin des exploits de 1999 et 2007. Ce soir-là, le groupe de Philippe Saint-André a étalé ses lacunes, criantes depuis quatre ans : bataille des airs perdus en touche et sous les chandelles, approximations, ballons perdus, plaquages manqués…. Score final 62 à 13 ! « Il y a un an, devant notre télé, on était pétrifié par ce qui était en train de se passer, confie David Gérard, ancien deuxième-ligne international du Stade Toulousain. Les Blacks ont mis en lumière les limites du rugby français. On est redevenu une nation lambda ».
Toujours en « format laboratoire » ?
Et depuis, qu’est qui a changé ? Les Blacks sont toujours aussi forts, invaincus depuis 18 matchs. Les Bleus, eux, se cherchent encore. « C’est le vrai test, poursuit David Gérard. Un an après, avec un nouveau staff, est-ce qu’on est encore dans un format de laboratoire ou est-ce qu’on a une vraie équipe ? On va le savoir. On va voir ce qu’on a dans le ventre ». « Les Blacks dominent le monde du rugby mais ils ne sont pas imbattables, annonce l’ancien international Aubin Hueber. Certaines équipes ont réussi à les bousculer ». Référence aux Australiens dernièrement ou aux Argentins qui ont failli faire tomber les champions du monde cet été. « Atteindre le niveau des Blacks, ce n’est pas possible, répond avec honnêteté Guy Novès au micro de Sud Radio. Mais on est capable d’embêter tout le monde ». Le sélectionneur n’est pas très serein avant de jouer la Nouvelle-Zélande.
L’hémisphère sud en pleine bourre !
Les Bleus défieront aussi les îles Samoa et l’Australie. « Pour la tournée, deux victoires sur trois, je signe », confie-t-il. Les Blacks font peur. « D’habitude, à l’automne, les équipes de l’hémisphère sud sont un peu émoussées après le Four Nations et on arrive à les dominer, explique David Gérard. Mais cette année, je les trouve en pleine bourre. Cela ne va pas être évident ». Ancien ouvreur du XV de France, Benjamin Boyet fait part de son inquiétude : « On n’est même pas en haut de l’affiche au niveau européen, alors comment peut-on rivaliser face aux Blacks ? On n’arrive pas à déceler les failles de cette équipe. Ils ont même progressé depuis la Coupe du monde. Eux changent de génération et se bonifient. Nous quand on change de génération, il nous faut deux ans de transition ».
Le staff tricolore a trouvé une faille…
Alors peut-on battre les Blacks, comme les Irlandais viennent de le faire ? « Je n’imagine pas une nouvelle déroute, pense Aubin Hueber. Les Bleus ont une volonté féroce de ne pas se faire humilier une nouvelle fois. Ils ont une obligation d’investissement total ». Le staff a peut-être trouvé une faille. « Le match des Argentins contre les Blacks restent une référence. Ils les ont fait douter terriblement. On va se servir de ça », explique Guy Novès. Reste que le niveau du XV de France est encore incertain. En 2016, les sept matchs des Bleus se sont conclus sur 3 victoires et 4 défaites. Mais la dernière sortie en Argentine est encourageante avec un succès 27-0 à Tucuman. « Le groupe a progressé dans le projet de jeu et dans la prise de conscience », explique Guy Novès.
« A long terme, j’ai beaucoup d’espoir »
Son ancien élève à Toulouse semble confiant sur la réussite du nouveau staff. « Guy Novès de fera pas de miracles. Mais il y a des nouveaux joueurs et une nouvelle philosophie, analyse David Gérard. On sent que le jeu est plus tourné vers l’offensive et que les garçons prennent du plaisir à porter le maillot ». Aubin Hueber note aussi un changement positif : « les joueurs montrent de belles valeurs. Il y a une prise d’initiative et une prise de risque plus élevé, et assumé ». Benjamin Boyet semble plus réservé. « Des résultats ? Non. Un jeu plus attractif ? Pas vraiment. Mais quand je sais le travail effectué par Guy Novès au Stade Toulousain, je suis optimiste. A long terme, j’ai beaucoup d’espoir », explique l’ancien ouvreur de Bourgoin et de Bayonne. « Cette tournée, c’est vraiment un bon test » précise Aubin Hueber. « C’est le crash test », conclut David Gérard. Le calendrier des Bleus 12 nov : France – Samoa (Stadium de Toulouse) 19 nov : France – Australie (Stade de France) 26 nov : France – Nouvelle-Zélande (Stade de France)