Auteurs d'une première période de très haut niveau, les Bleus ont connu un énorme trou d'air dans la suivante mais se sont imposés à Cardiff face aux Gallois (26-20). C'est la 1ère fois sous l'ère Lièvremont que la France enchaîne trois succès d'affilée.
Le pack tricolore a-t-il encore été dominateur ? Affaiblis par les blessures des talonneurs Matthew Rees (adducteurs), Gareth Williams (genou) et du pilier Gethin Jenkins (mollet), les Gallois ont souffert le martyre. Tout comme les Ecossais et les Irlandais avec eux. La première mêlée est révélatrice de leur appréhension puisqu’ils se sont faits pénaliser, le n°9 Rees refusant d’introduire. Il y a aussi choix curieux de demander une mêlée juste avant la pause au lieu de taper une pénalité facile…
Globalement, la première ligne composée de Mas-Servat-Domingo a été solide, généreuse et studieuse, même en phase offensive, à l’image de Mas (15e et 24e). Grâce à une défense française imperméable, les Dragons ont seulement débloqué leur compteur à la… 45e minute sur une pénalité de Stephen Jones ! Après l’heure de jeu, la suite a été plus laborieuse, la faute à un déchaînement des Diables Rouges.
Combien de fois la France avait-elle raté le «coup du chapeau» ? Les Français l’ont raté à cinq reprises face à l'Angleterre, lors des tournois 2008 et 2009, l'Australie, en novembre 2008, et la Nouvelle-Zélande en juin et novembre 2009. «On en a énormément parlé cette semaine et dès la fin du match contre l'Irlande. Les joueurs en ont parlé beaucoup entre eux aussi. Il n'y a pas un syndrome, un blocage psychologique, une peur de gagner le troisième match», avouait cette semaine Marc Lièvremont. Pour l’anecdote, le sélectionneur a fait venir à Marcoussis une sorte de psychologue déguisé, François Peltier, titulaire d'un diplôme de philosophie et d'un DESS de sport et management.
Quel est le gros point noir du match ? Comment se faire peur après avoir atteint la pause avec un 20-0 dans l’escarcelle ? C’est la question à laquelle va devoir répondre le staff tricolore. Bien en place et sereins, les Bleus ont été laminés en seconde période par le réveil des Gallois. Espaces entre les lignes, manque d’efficacité dans les plaquages, plus aucune cohésion n’était visible dans les rangs français. La vitesse et le jeu des Dragons ont donné toute leur mesure mais trop tard. Heureusement pour le XV de France, qui s’est donné de l’air sur une pénalité magistrale de Fred Michalak fraîchement entré en jeu.
Comment a été pris Shane Williams ? L’ailier des Ospreys n’aime pas jouer face aux Bleus. Avant ce match, il n'a vaiten effet réussi qu'une fois à leur marquer un essai en huit confrontations. C'était en 2008 (29-12) pour son 41e essai. En face de lui, Julien Malzieu a assuré comme un chef le lutin a fait un festival en toute fin de match pour marquer son 50e essai international après avoir été à l’origine… du deuxième essai français ! Toujours désireux de venir jouer à Toulon, il savait que sa prestation serait scrutée par toute la France et voulait sans doute finir sur une bonne note.
Du mieux dans le secteur de la touche ? C’est peut-être le secteur le moins serein du XV de France depuis le début du Tournoi. Mais il a bien tenu le choc face à alignement gallois déficient. La première touche, déviée par Harinordoquy, a rassuré tout le monde. La touche tricolore a bien moissonné par la suite avec des prises de Pierre, des contres de Bonnaire et des Gallois vraiment à la dérive malgré le raccourcissement de leur alignement.
Palisson a-t-il pesé sur son aile ? Arrière et buteur à Brive, Alexis Palisson est encore utilisé à l’aile gauche. Face à l’Irlande, il n’avait pu s’exprimer en raison d’une charge précoce de Flannery. Son premier ballon, où il a été bien lancé par Bastareaud, a été gâché par un petit coup de pied au-dessus du rideau gallois. Le deuxième est une superbe inspiration. Choisissant une défense inversée, il est ainsi venu couper l’extérieur et a intercepté une passe sautée de James Hook pour inscrire son deuxième essai sous le maillot bleu. Moins sollicité en phase offensive, il a payé des choix au pied profonds, hasardeux et s’est éteint en seconde période, à l’image de tous ses coéquipiers.
Parra a-t-il encore été efficace face aux buts ? Morgan Parra, avec un pourcentage de réussite proche des 80% depuis l’ouverture du Tournoi, n’a pas fait mentir sa toute nouvelle réputation en réalisant un autre festival eavec un 5/5 (3 pénalités et 2 transformations). Gros point noir : il a écopé d’un carton jaune à l’heure de jeu, ce qui a engendré la sortie de Trinh-Duc et le glissement de Jauzion à l’ouverture.
Quel est le geste du match ? Les deux essais français ont été inscrits sur des interceptions. Après celui de Palisson, Trinh-Duc a réalisé un drôle de numéro d’acrobate en coupant une liaison de Shane Williams et filant en terre promise.