La saison de Top 14 est idéale. Des stars toujours à foison, pas de Coupe du Monde donc une préparation optimale pour les clubs et une multitude de prétendants. Mais ne va-t-on pas voir ce soir le futur champion ?
Deux clubs surarmés et préparés pour gagner
Toulouse, c’est le club que l’on ne présente plus. Le Stade Toulousain a une renommée nationale, voir européenne et il doit cette notoriété à une chose, sa faculté à gagner quasiment chaque année. Depuis 1994, les Rouge et Noir ont remporté 13 trophées, auxquels il faut rajouter quatre finales européennes ou nationales. Guy Novés est l’entraîneur le plus titré du rugby mondial, et du sport français. Un club glouton de titres qui cultive une culture du beau jeu et de la formation tout autant que la culture de la victoire. Cette saison n’échappe pas à la règle et avec 23 joueurs internationaux dans des sélections majeures, Toulouse est candidat au triplé en Top 14.
Son rival principal pourrait être Toulon. Invaincues à ce jour en championnat, les troupes de Bernard Laporte arrivent en situation confortable et mettront au repos 13 joueurs cette semaine. Mais avec par exemple une charnière Durand / Michalak, deux Bleus, le squad toulonnais peut rivaliser. Le RCT n’a certes rien gagné depuis 1992, mais a en son sein des joueursbourrés d’expérience. Michalak, Wilkinson, Sheridan, Botha ou encore Van Niekerk sont des poids lourds du rugby mondial. D’authentiques matches winners. Drivée par Bernard Laporte, cette équipe a appris à gagner quitte à pratiquer le Winning ugly (gagner de manière moche). Au diable le french flair, en attendant de rôder son collectif, Toulon amasse les victoires et avance.
Ces deux équipes donc, finalistes du dernier championnat (un match sans spectacle), se sont étoffées et ont gagné encore en maturité –ce qui vaut surtout pour Toulon- au point de devenir les épouvantails du Top 14 à ce jour.
Le Top 14 est un long fleuve piégeux
Alors certes, en septembre et après 6 matches on peut juger du potentiel d’un groupe et d’une équipe mais rarement préjuger d’un vainqueur de juin. Si Toulon et Toulouse montrent des gages de réussite finale, ils ne sont pas les seuls. Le plus gros adversaire sera comme d’habitude l’AS Montferrand. Toujours placée, rarement vainqueur (1 titre), l’ASM va sans doute adorer l’éloignement des projecteurs. Groupe stable, deuxième budget du Top 14, talents multiples, entraîneur qui a emmené le club au titre en 2010, la recette est parfaite. Il ne manque que ce petit quelque chose qui relèverait le repas au rang de festin. Avec une seule défaite en 6 matches, les Jaunards sont encore bien placés et pourraient prendre l’une des deux places qualificatives directement en demi-finale. Ce qui obligerait forcément Toulon ou Toulouse à jouer un barrage, et dans ce cas, attention au danger.
Si le champion était désigné au terme d’un championnat, le titre ne pourrait échapper à l’un des trois mastodontes. Mais avec des matches couperets, sur 80 minutes, tout peut se jouer. Castres, Biarritz, le Racing ou Montpellier sont à l’affût d’un exploit dans la douceur du printemps. Toulon était arrivé en finale la saison passée après avoir battu Montferrand, pourtant deuxième et promis à un choc face à Toulouse. L’un des outsiders de cette année peut en faire autant et bousculer la hiérarchie. Vive la glorieuse incertitude du sport.
Ryad Ouslimani