Des investisseurs qataris auraient entamé des discussions avec les dirigeants de l'Aviron Bayonnais. Une bonne chose pour le rugby ?
Le 12 avril dernier, le10sport.com révélait que des discussions entre les dirigeants de l'Aviron Bayonnais et des investisseurs qataris avaient débuté. On sait que le président Alain Afflelou dispose de bonnes connexions de part son activité professionnelle. Après l'arrivée des qataris dans le football, et notamment au Paris Saint-Germain en début de saison, c'est du côté du rugby que regardent les rois du pétrole. Midi Olympique avait d'ailleurs révélé que la nouvelle chaîne BeIn Sport avait obtenu les droits de diffusions d'un magazine hebdomadaire de rugby. Une information qui n'a pas été confirmée (ni démentie), mais qui semble correspondre à la volonté des Qataris (qui détiennent la chaîne sportive) d'investir massivement dans le sport, et donc le rugby.
Boudjellal : « Ce serait une bonne chose»
A cette époque, l'Aviron Bayonnais était dans une situation sportive délicate puisque le club basque luttait pour éviter la relégation en Pro D2. A une journée du terme de la phase régulière du Top 14, Bayonne est sauvé. L'opération séduction vers les investisseurs qataris peut donc reprendre... Mais l'arrivée des Qataris serait-elle une bonne chose pour le rugby ? « Pourquoi pas glisse Max Guazzini, l'ancien président emblématique du Stade Français (1992-2011). Dans la mesure où le Salary Cap est bien défini et un peu plus large qu'il ne l'est aujourd'hui (8,7 millions d'euros), dans ces conditions, il y a de la place pour tout le monde. Le rugby a besoin de moyens. » Même son de cloche chez Mourad Boudjellal, le président de Toulon : « Ce n’est pas plus choquant que le soutien de grands groupes industriels à des clubs qui ne seraient jamais à ce niveau. Il y a bien des villes moyennes qui ont des moyens qui ne correspondent pas à leur économie grâce à des mécènes. Alors l’arrivée des qataris ou autre ça ne me dérange pas. Certains ont déjà les moyens se développer en très peu de temps, mais ils ne le veulent pas.Ce serait une bonne chose. » Un sentiment partagé par Thomas Lombard : « Je vois ça d'un bon oeil. Car pour que le Top 14 devienne pérenne, il faut que les clubs soient concentrés dans des grandes villes avec des bassins économiques forts ou que des mécènes qataris, chinois ou peu importe investissent dans des clubs. »
Guazzini : « Le rugby a besoin de moyens »
Mais ne risque-t-on pas de tomber dans les dérives du football ? L'ancien centre international n'y croit pas : « Ce n'est pas la même culture qu'au football. Il y a des règles comme le Salary Cap ou le JIFF. Sans oublier que les Français sont attachés à leurs clubs. Tu ne construis pas une équipe compétitive en signant trois chèques et en alignant sept Australiens, cinq Néo-zélandais et trois rosbeef ! » Le président de Toulon abonde dans ce sens : « Le rugby n’est pas dans leur culture. En revanche, ils savent qu’il y a un engouement particulier, donc ils s’y intéressent. Et ils apprennent très vite. Et contrairement à ce qu’on croit, ils ne sont pas là uniquement pour mettre des billets de banque. Ils sont là pour montrer et créer quelque chose. » Et c’est notamment en terme d’infrastructures que le Top 14 pourrait y gagner. Max Guazzini explique : « En France, il y a aussi un gros problème, c'est celui des stades. A Paris, nous allons avoir un nouveau stade, mais il y a des clubs où le stade n'est pas attrayant. Si on arrive avec des moyens dans le rugby, ce serait bien pour tout le monde. » On se souvient d’ailleurs qu’à Bayonne, Bernard Laporte avait été missionné pour s’occuper du dossier du nouveau stade (25 000 places). Si en football, l’arrivée des Qataris a fait grimacer certains, en rugby, tout le monde semble se réjouir d’une telle hypothèse.