Clermont-Racing : un choc aux antipodes
La rédaction

Dans un Top 14 toujours plus disputé, l’ASM Clermont reste le club que l’on cite en premier (avec Toulouse) au moment de désigner un favori pour le bouclier de Brennus. Un modèle de club, tant par sa gestion que par ses résultats.

Loin de la ferveur des villes du sud, fuyant le rugby bling bling parisien, Clermont vit dans le calme du Puy de Dôme. Un club fondé en 1925 par Marcel Michelin, club ouvrier qui n’a jamais renié son ADN, sans s’éloigner du succès sportif.

La culture de l’esprit Jaunard

A Clermont, on s’efforce de construire, en prenant le temps et surtout en ayant des fondations saines et stables. Cela passe tout d’abord par une continuité sur le banc. Vern Cotter, le technicien Néo-Zélandais, est aux manettes depuis 2006. Responsable du secteur sportif, il a patiemment bâti cette équipe qui aujourd’hui fait peur à tout le monde. Cerise sur le gâteau, il a apporté le premier titre du club, en 2010, au bout de la onzième finale. Et pas question pour la direction de limoger à tout va son staff au bout de 2 saisons sans titre. On fait confiance à celui qui a mis le club très haut dans la hiérarchie nationale et européenne.

Autre particularité de l’ASM, la stabilité de l’effectif. 17 joueurs sont présents au club depuis au moins 5 ans, et évoluent au sein du groupe professionnel. A chaque intersaison, on effectue des retouches, des améliorations, mais pas de chamboulement. Ce n’est pas l’esprit maison. Symbole de cette politique, Aurélien Rougerie, international aux 76 sélections et plus de 200 matches avec le club qui l’a formé. Rares sont les stars confirmées qui sont engagées pour faire du tapage, à peine Clermont est-il allé chercher Morgan Parra, étoile montante du Bourgoin de l’époque (2009). La seule entorse à cette politique faite d’efficacité a été la signature de Sivivatu, ailier star des All Blacks, auteur de 7 essais en 17 matches. Efficace, on vous avez dit.

Clermont – Racing : choc des extrêmes

L’ASM reçoit ce soir un autre historique du rugby français. Un Racing Métro 92 plus porté vers le clinquant, bien que sa création (1882) soit antérieure à celle de l’ASM. Ainsi, 17 joueurs sont arrivées au club aux intersaisons 2011 et 2012, beaucoup plus si l’on remonte à 2010. Malmené par ses joueurs, Pierre Berbizier, entraîneur-manager depuis 2007, a été écarté du terrain. Ne gardant que sa deuxième casquette. 5 fois champion de France, mais avec une armoire à trophées poussiéreuse (dernier titre en 1990), la politique de l’argent et des stars du président Jacky Lorezetti coûte bien plus cher qu’elle ne rapporte. Ce soir, dans un stade Marcel Michelin inviolé depuis novembre 2009 en Top 14, les Jaunards auront l’occasion de mettre les Franciliens en difficulté en bout de 4 matches. Patricio Noriega a déjà décidé de faire souffler les cadres, histoire peut être d’éviter une crise en cas de défaite.

Coté auvergnat, l’infirmerie est pleine, mais l’équipe alignée sera bardée d’internationaux et de talents. Un effectif pléthorique pour le deuxième budget de Top 14 (24 millions), devant son adversaire du jour (22 millions d’Euros). Mais la performance est le fruit de l’argent mis au service d’une politique à long terme, avec une formation soignée. Deux visions opposée du rugby qui s’affrontent, avec un net avantage pour l’ASM Clermont, sur le papier comme sur le terrain.

Ryad Ouslimani